Le tatouage est dit-on une carapace fabriquée à même le corps. Une expression illusoire. En aucun cas un aveu. On ne se raconte pas en images. Le bras gauche de ?bagnard? de Samuel Honrubia donnera peut-être des indices sur ses inclinations artistiques mais ce sont bien les gestes, les regards et encore les mots, qui définiront l’homme. Un poing levé, un peu plus rageur qu’avant peut-être. Un face à face avec la presse, assumé. Dans ce Mondial espagnol, l’ailier gauche de l’équipe de France ne se dérobe pas. « Mon changement de statut en club m’a fait grandir, explique t-il. A Montpellier je serais resté dans mon cocon. Le sport, c’est beaucoup de psychologie avant le match, quand on est sur le banc… Aujourd’hui, je suis plus concentré sur le hand, sur ce que je peux concrètement faire sur le terrain. »
Aujourd’hui, chez les Bleus, il partage avec Michaël Guigou le temps de jeu, le statut et la confiance du coach. Un rôle à part égale, joué en parfaite harmonie « parce qu’avoir un statut n’a pas d’importance. Ce qui l’est c’est d’être le meilleur possible quand on est sur le terrain. » Et depuis le début de la compétition, il fait le job avec beaucoup de détermination. Sans fioriture. Ce n’est pas son école. « Greg (Anquetil) a été précurseur de ce genre de jeu. Et je suis un de ses enfants, sourit le petit Samy. L’efficacité, c’est ce qu’on demande aux ailiers. Je l’ai appris à Montpellier ». Dans le sillage du père spirituel. « C’est lui qui m’a donné envie de faire du hand. »
« Ce qui compte à mes yeux, c’est que l’on continue d’avancer »
De ce modèle ? plutôt judicieux ? il a fait sa marque de fabrique pour se positionner, avant le quart de finale, comme le meilleur marqueur des Bleus. Avec des statistiques stratosphériques ! Un savoureux 28 buts sur 32 tirs, soit 88% de réussite ; 7 sur 8 aux pénalties et 12 sur 12 en contre-attaque. Efficient. Pour les roucoulettes, il faudra peut-être patienter… « Je ne sais pas vraiment comment les faire… » ?Alors il décoiffe les portiers, fait briller les lucarnes, s’offre l’élection du meilleur joueur du huitième de finale face à l’Islande. « Une distinction honorifique, anecdotique. Ce qui compte à mes yeux, c’est que l’on continue d’avancer », glisse Honrubia, déjà tourné ver le quart face à la Croatie, une équipe qui cultive également une sacrée belle école d’ailiers. Il faut donc s’attendre à des tête-à-tête excentrés et prometteurs. De quoi tutoyer les sommets avec une marque française qui, depuis Londres, amorce « beaucoup de mouvements où les ailiers contribuent au jeu ». Une responsabilité parfaitement assumée. « Aux JO, ça m’a sauté aux yeux ». A Londres, comme en Espagne, il était déjà question de donner le meilleur une fois sur le terrain.