Elles étaient déjà trente-neuf pensionnaires de LFH à batailler sur les terrains serbes de Belgrade, Novi Sad, Nis et Zrenjanin lors du premier tour du championnat du Monde qui s’est achevé vendredi dernier. Trente-neuf internationales portant avec fierté les couleurs de dix nations différentes sur les vingt-quatre présentes au coup d’envoi de la 21e édition du bal planétaire.
La délégation du championnat hexagonal était alors la plus représentée en Serbie devant les ligues danoise et allemande. Ce sera encore le cas mercredi, à l’occasion des quarts de finale du tournoi. Sur les huit pays toujours en lice, cinq (Brésil, Pologne, France, Serbie et Norvège) comptent dans leur rang des joueuses évoluant au sein de la LFH pour un total de vingt et une athlètes contre dix-neuf pour le Danemark et la Hongrie et dix-sept pour l’Allemagne. Le signe de l’attractivité grandissante du championnat français.
« Je pense que c’est aujourd’hui le meilleur championnat en Europe« , assure Alexandra Lacrabère. La gauchère des Femmes de Défis sait de quoi elle parle. Elle qui a « visité » la Liga espagnole avant de s’exiler une saison en Russie lors de l’épisode 2012/2013. « En France, c’est la guerre tous les week-ends. Il y a une époque pas si lointaine où deux ou trois clubs dominaient. Désormais, quelle que soit l’équipe contre qui tu joues, tu sais que ça va être une vraie bagarre. »
« Je ne sais pas s?il est le meilleur du monde parce qu’il y a encore des championnats très forts et plus atypiques, comme en Hongrie et en Russie, mais ce qui est certain, c?est qu?il est en très forte progression« , pondère légèrement Sandor Rac, l’entraîneur messin. « Et j?ai pu m?en rendre compte facilement : lors de mon premier passage en tant qu?entraîneur à Metz, je pouvais me permettre de faire tourner l?effectif. Depuis que je suis de retour, ce n?est plus possible. Regardez le dernier match contre l’Union Mios Biganos-Bègles, qui n?est pourtant pas en haut du classement. J’ai dû mettre mon équipe type et on gagne ; mais d?un but seulement !«
« Des structures et des garanties »
Les moteurs de cette compétitivité et de cet intérêt porté par les joueuses pour la France ? « Je pense que la bonne santé du championnat de LFH vient avant tout des performances très régulières de l’équipe de France. Sa présence au plus haut niveau mondial est une vitrine de choix, analyse à son tour Nodjialem Myaro, championne du Monde en 2003 avec les Bleues et présidente de la Ligue Féminine de Handball. Ensuite, il est évident que les choses avancent depuis plusieurs années, En terme de structuration. Il y a des obligations à remplir, des garanties données et en ajoutant à cela aux difficultés de certains championnats comme l’Espagne ou la Roumanie, on comprend mieux que la LFH puisse séduire à ce point. » S’il n’est pas encore aisé pour les clubs de l’Hexagone de concurrencer les grosses machines européennes en Ligue des Champions, il ne fait aucun doute que les généreux efforts fournis par tous les acteurs du handball féminin ne sont pas étrangers aux belles évolutions constatées ces dernières années. « C’est vrai que la crise économique a eu des conséquences sur la bonne santé de certains championnats (Espagne, Roumanie?). Les salaires se sont quelque peu rééquilibrés, précise Nina Kanto, la pivot de Metz et des Bleues. Chez nous, financièrement, c’est plus homogène. Et les obligations que les clubs doivent remplir offrent aux joueuses une stabilité. Ca rassure. »
« J’aime la France »
Si la sélection française reste le plus important foyer de joueuses évoluant en LFH, les étrangères sont de plus en plus nombreuses à s’y installer. « Quand on voit la norvégienne Stine Oftedal signer à Issy Paris, ça prouve bien que le championnat hexagonal permet à des athlètes du haut contexte international de progresser ailleurs que chez elles. C’est un sacré gage de qualité« , reprend l’arrière de l’Union Mios Biganos-Bègles Alexandra Lacrabère. Elles sont également cinq Serbes à évoluer au fil de la saison aux quatre coins de l’Hexagone. Quelques minutes après leur qualification pour les quarts de finale du Mondial face à la Corée, deux d’entre-elles, la niçoise Bijlana Filipovic et la messine Svetlana Ognjenovic se sont confiées. « Cela fait cinq ans que je joue en France. J?ai dû trouver un club quand l’Arvor29 a été rétrogradé, mais j?ai voulu revenir dès que possible. Et me voilà désormais à Nice. Le championnat est d?un niveau très relevé et c’est un plaisir d’en faire partie« , raconte la première citée. Débarquée de Viborg à la suite d’une grave blessure, Ognjenovic, elle non plus, ne cache pas l’affection qu’elle porte à son pays d’adoption. « Non seulement le jeu est devenu de plus en plus compétitif mais j’aime ce pays. J’aime Metz et j’espère bien y passer le reste de ma vie ! » Séduisante, attractive, indécise? La Ligue française trace sa route avec intelligence et récolte déjà les premiers fruits de ses efforts. Il nous tarde désormais de savoir quel sera le nombre de joueuses de LFH à devenir dimanche, championnes du Monde !