Championne du monde en 2003, Véronique PECQUEUX-ROLLAND est un témoin privilégié au moment où la France a été désignée pour organiser l?Euro 2018. Conseillère du Président Joël DELPLANQUE, l?ancienne pivot est aujourd?hui directrice de centres commerciaux pour le groupe Casino? et a trouvé le temps d?aller porter la candidature de son pays à l?Euro lors du Congrès de l?EHF qui s?est tenu le week-end passé à Dublin.


Véro, comment as-tu accueilli l?attribution de l?Euro 2018 ?

C?est un grand moment pour la France car cela remettra au grand jour le handball féminin. Il y aura une formidable émulation sur cet événement. En 2007, ce fut une vraie émotion. C?est à la fois exceptionnel et très compliqué de jouer dans son pays, de sentir que tout le monde est derrière l?équipe. Disputer une telle compétition à domicile donne une envie de se dépasser au delà de tout. C?est une très belle récompense pour les filles de disputer une compétition à la maison.

Pourquoi avoir choisi de t?investir avec l?équipe dirigeante de la Fédération ?

C?est un juste retour des choses. J?ai porté le maillot de l?équipe de France pendant quelques années et j?ai vécu de grands moments. Pour moi le handball est une famille et c?est naturel de m?investir. J?avais aussi porté, avec Daniel COSTANTINI et André AMIEL, la candidature pour le Mondial 2007.

Et c?est la première fois que la France se voit confier l?organisation d?un Championnat d?Europe. Pourquoi l?EHF a t-elle choisi notre pays ?

Ce sera en effet une grande première. Les Mondiaux de 2001 et de 2007 ont été une belle réussite. Je crois que notre savoir-faire en matière d?organisation est reconnu. Confier cette organisation à la France ne constitue pas un danger, bien au contraire. Nous savons accueillir et nous avons de belles salles qui seront certainement remplies?

La Présidente de la LFH est une certaine Nodjialem MYARO. Est-ce un atout de mener des dossiers avec une ex-coéquipière ?

Nous avons perdu Patricia SAURINA dans des circonstances douloureuses. Elle était dévouée au handball féminin et s?est beaucoup battue. Lorsque Nodji a été investie présidente, honnêtement, j?ai trouvé que c?était une super idée. Elle possède une vraie légitimité et il y a un respect réciproque avec les clubs. Nous avons un passé commun de joueuses et nous en connaissons les difficultés pour être aussi passées par des chemins sinueux. Voilà, je suis heureuse de travailler et de m?investir avec Nodji.

Quelle est aujourd?hui ta mission professionnelle ?

Au moment de mettre fin à ma carrière, en 2009, j?ai eu l?opportunité de devenir une collaboratrice du groupe Casino qui recherchait des sportifs de haut niveau pour leur confier la mission de directeur de centre commercial. M?ont rejoint dans l?aventure d?autres sportifs : Christophe JUILLET (rugby), Marc DJELLOUL et Patrick ROLLAND (Hockey sur glace). Aujourd?hui je m?occupe de plusieurs centres commerciaux Casino dont celui de Chenôve et de Fontaine-Lès-Dijon, en Bourgogne.

En quoi ton parcours de championne et tes qualités de battante influencent-t-elles ton quotidien professionnel ?

J?ai du caractère? C?est un peu ma marque de fabrique, non ? Relever des défis, je le fais depuis mon plus jeune âge. Cette opportunité était un nouveau défi pour moi? Alors pas question de ne pas relever celui là ! Je prends les missions professionnelles à bras le corps comme lorsque j?étais sur le terrain. Avec mes collaborateurs, les commerçants, nous formons une véritable équipe ! Certaines personnes s?interrogent quand elles me voient dans le centre commercial et me demandent ce que je fais là ! Et bien je bosse ! Au début certains de mes collaborateurs étaient impressionnés mais je les ai mis vite à l?aise.

De nombreux anciens internationaux masculins sont aujourd?hui entraîneurs. Est-ce une option d?avenir pour toi ?

Pas du tout. Je n?ai pas hésité à m?investir avec la Fédération et le club de Dijon mais je n?ai jamais eu envie d?entraîner. Ce n?est pas du tout mon truc : je ne me sens pas entraîneur dans l?âme.

Cinq après avoir quitté le terrain, quel est ton regard sur l?évolution du jeu ?

Le jeu est devenu plus rugueux. Je constate aussi une évolution technique et un jeu plus physique. C?est une évolution normale dès lors où les joueuses s?entraînent plus. Concernant la LFH, l?arrivée de très bonnes joueuses étrangères, le retour de quelques internationales et l?émergence des jeunes françaises montrent que nous sommes sur la bonne voie.

Comment vis-tu les matches de l?équipe de France féminine ?

Lorsque je suis les matches devant ma télé, c?est mon moment. Je les vis à fond. J?apporte mon soutien entier à l?équipe. Je suis à la disposition des filles si elles me sollicitent mais je ne suis pas une donneuse de leçons. C?est tellement compliqué.

Penses-tu souvent à ce titre de championne du monde remporté en 2003 ?

J?y pense très souvent. Depuis que tu es gamine tu joues pour atteindre ce niveau avec l?impression que c?est inaccessible. Ce titre représente beaucoup de travail et je suis allée au delà de mon rêve. Ce titre a été remporté avec une équipe de nanas complètement folles. Nous n?étions pas les meilleures du monde au niveau du handball mais nous possédions avec un mental d?acier. Avec les filles et le coach, nous avons vécu une aventure exceptionnelle. Depuis 2003, plus rien n?a jamais été comme avant. Ce titre a bougé les lignes et m?a ouvert des portes, notamment à titre professionnel, ce n?est pas rien. J?ai aussi été distinguée, Chevallier de la Légion d?honneur? Cela représente beaucoup de reconnaissance pour ma famille et ma grand-mère qui est surnommée « Mamie championne du monde. »