Ton titre de MVP atténue-t-il la déception d?avoir perdu en finale ?
Je ne peux pas être complètement satisfait de ce week-end car forcément nous aurions aimé brandir cette coupe sur le podium. J?ai eu l?opportunité de bien préparer ce Final Four et cela me tenait à c?ur d?être prêt pour aider mon équipe. En ce sens je suis fier de cette distinction mais si j?avais marqué un seul but du week-end, celui de la victoire, j?aurais été beaucoup plus satisfait.
Ce Final Four de la Coupe EHF à Berlin avait-il un parfum de Champion?s League ?
C?est un peu organisé sur le même mode mais ce n?est pas comparable à la finale de la Champions League, cela se situe un ton en dessous. Il y avait un petit goût de Bundesliga avec une finale 100 % allemande mais je m?attendais à un match disputé à guichets fermés, ce qui n?était pas le cas malgré le soutien de nos fans.
Quel bilan tires-tu de cette saison avec le HSV Hambourg ?
Au regard de notre parcours en Bundesliga et des faits marquants au sein du club, c?est plutôt surprenant que nous ayons été en position de remporter une Coupe d?Europe. Je crois que nous sommes à peu près à notre place compte tenu de nos performances irrégulières. Il nous reste quatre matches pour accrocher la Coupe d?Europe. C?est une saison un peu mitigée qui me laisse un goût amer.
Quels étaient ou quels sont encore aujourd?hui tes modèles dans le handball ?
Je n?ai jamais eu d?idoles en particulier. En fait je regardais tous les joueurs, gauchers ou droitiers, dans leur façon d?être décisifs, de faire des choix. Je continue à beaucoup regarder et à m?inspirer des autres joueurs. En équipe de France, si nous n?avons pas le même gabarit et le même type de jeu, c?est Nikola Karabatic qui m?impressionne le plus.
En quoi ta double culture handballistique est-elle un atout ?
J?aime beaucoup plus la façon de jouer à la française. Depuis que j?évolue en équipe de France jeunes, j?y ai totalement adhéré. Également dans la préparation des matches qui est plus rigoureuse comparée à l?Allemagne où ce n?est pas assez précis. L?école française est la meilleure du monde, c?est aussi la raison pour laquelle on gagne en équipe de France. La culture allemande, très différente, est plus axée sur la cohésion, la notion de groupe et le combat.
Comment as-tu été accueilli à ton retour du Qatar et le titre de champion du monde ?
Tu pars un mois et au retour tu es champion du monde? Forcément, il y a désormais plus d?attente envers moi mais je n?ai jamais eu de problèmes à assumer un statut. Beaucoup m?ont félicité et parfois il y a un peu de jalousie.
Peux t-on espérer un jour te voir évoluer en LNH ?
J?ai encore un an de contrat avec Hambourg. Le niveau de jeu s?est sérieusement élevé et au niveau des moyens, pour les équipes de tête, c?est désormais équivalent à la Bundesliga. Le championnat allemand est très attractif : nous disputons 36 matches par saison et la remise question s?effectue tous les trois jours. L?engouement médiatique et populaire est supérieur mais je n?exclus pas la piste de revenir en France.
Quels types de rapports entretiens-tu avec ton agent, l?ex-international François-Xavier Houlet ?
Il me connaît depuis que je suis tout petit et j?ai toujours eu une excellente relation. C?est un ami de la famille de longue date et il est aussi le parrain de mon frère. Je conseillerai cet homme, cet ami, à beaucoup de jeunes talents qui aimeraient être épaulés. Depuis qu?il s?occupe de moi, je crois que les bons choix ont été faits. Il est toujours le premier à me féliciter et parfois il me dit des choses pas toujours faciles à entendre.
Que fais-tu en dehors du handball ?
J?aime bien profiter de la journée mais sans la planifier. Je vis un peu au jour le jour, je trouve que cela donne un parfum particulier à l?existence. Hambourg est une ville sympa et très agréable : il ne faut pas hésiter à aller à la rencontre du soleil. Sinon, j?aime bien la photo et je m?inspire des ouvrages photographiques. Avec ma copine, il nous arrive aussi d?aller voir des expositions d?art contemporain.
L?équipe de France est déjà qualifiée pour l?Euro 2016 : quelle sera votre motivation pour les deux matches face à la République tchèque et face à la Suisse ?
Ce sont des matches officiels qui ont peut-être moins d?enjeu mais lorsqu?on connaît la culture de la gagne en équipe de France? Ce sera l?occasion de faire tourner un peu avec les gars qui jouent moins d?habitude et l?opportunité de passer une bonne fin de saison avec les potes de l?équipe de France. La préparation pour les Jeux olympiques a débuté et je rêve de gagner le titre. Je veux mériter ma sélection et participer.
À bientôt 24 ans, tu fais tout de même partie des plus jeunes dans une équipe de France où le niveau de concurrence est très élevé?
J?ai eu l?opportunité de débuter assez tôt en Bundesliga et j?ai déjà derrière moi 5-6 saisons dans ce championnat. Je n?aime pas trop cette distinction entre jeunes et anciens ; je préfère parler des plus expérimentés ou des plus capés. Il faut travailler à l?entraînement, saisir sa chance puis acquérir de l?expérience. On te donne alors un peu plus de responsabilités. Le staff et surtout les joueurs portent alors un autre regard et tu dois prendre plus d?initiatives pour avoir le meilleur rendement possible.
L?interview s?achève sans que nous ayons évoqué ton père, Pascal?
Mais on peut parler de papa (rires). Je n?ai jamais ressenti de pression par rapport à mon père : en plus j?évolue dans un registre du jeu différent. Je crois même que cela m?a ouvert des portes. J?ai eu la chance de m?émanciper dès mes premières apparitions en Bundesliga.