Sur les antennes de beIN SPORTS, il commente tous les matches de l’équipe de France au championnat d’Europe avec son comparse Thomas Villechaize. Manager, conseiller, journaliste, ex-international avec plus de 85 sélections… François-Xavier Houlet occupe aujourd’hui une position exposée dans le handball français.

Lundi passé, dans ce même Entretien du Lundi, Denis Lathoud faisait de l’Espagne sa favorite au titre européen. Qui vois-tu s’imposer dimanche à Cracovie ?

Avant d’arriver en Pologne, c’est aussi l’équipe d’Espagne qui me semblait la mieux armée pour décrocher un titre mais ce n’est plus la seule car le tournoi est très ouvert. Mais avec peut-être la France et le Danemark, par sa qualité de jeu, l’Espagne fait toujours figure de vainqueur potentiel.


À quand remonte ton affinité avec la télévision ?

En réalité je n’allume jamais la télévision autrement que pour regarder du sport et les infos. J’ai toujours apprécié le milieu des médias et j’ai fait des études dans ce secteur, en suivant la formation SportCom dispensée à l’Insep. J’ai aussi effectué des stages au Progrès de Lyon et au Parisien. Puis j’ai commenté France – CEI en 1992 un samedi après-midi sur France 2, au côté de Patrick Montel. Bien plus tard, j’ai été consultant des chaînes allemandes Eurosport, DSF et Sport Eins pour commenter la Bundesliga et les Coupes d’Europe.


Alors faut-il te situer comme journaliste ou consultant ?

Je raisonne plus en binôme avec Thomas Villechaize. Mais il y a évidemment un système à respecter afin que le spectateur s’y retrouve. J’ai appris le métier au contact de Frédéric Brindelle qui m’a donné ma chance. Je lui en suis reconnaissant d’autant que c’était en 2010 au moment où je venais de cesser mon activité avec Gummersbach.

Comment s’est opéré ton transfert vers beIN SPORTS qui diffuse toutes les compétitions majeures de handball ?

Au printemps 2012, alors que j’étais en contact avec Patrice Canayer qui souhaitait me confier un rôle dans le club de Montpellier, Charles Biétry m’a appelé pour me proposer de commenter les Ligue des Champions sur beIN SPORTS. J’avais déjà rencontré Thomas qui était auparavant sur Sport+ et j’appréciais son style d’animateur.

Te fixes-tu des limites dans tes commentaires ?

Non je n’ai pas la table des dix commandements devant moi mais j’ai une vraie passion pour le joueur, pour l’entraîneur, pour tous ceux qui interviennent dans le secteur technique. Je m’en tiens à expliquer ce que je sais de mon sport et à faire connaître les différents intervenants mais l’objectif n’est pas de me mettre en valeur en surjouant avec des adjectifs « extraordinaire » ou bien « c’est nul » qui ne reflètent pas ma personnalité. Les mots comptent et je ne suis pas adepte des jugements hâtifs.

Tu as des relations privilégiées avec des joueurs dont tu t’occupes des intérêts. Comment fait-tu la part des choses au micro ?

En réalité je suis plus exigeant envers ceux avec lesquels j’ai la chance de travailler. En fait, c‘est très rare que je critique. Il faut vraiment qu’il y ait un écart entre le discours d’un joueur ou d’un entraîneur et sa prestation. J’arrive à un âge (NDLR : 46 ans) où beaucoup de mes potes sont devenus entraineurs ou dirigeants, en France et en Europe, cela facilite le travail dans une atmosphère de confiance. Cela me permet aussi de mieux expliquer le jeu en connaissant les coulisses. Rien n’interdit de concilier le métier de conseiller avec d’autres missions, alors si je commente pour beIN, j’écris aussi depuis cinq années pour Handaction.

Si tu as la passion du jeu et des hommes qui le fabriquent, pourquoi n’as tu pas embrasser la carrière d’entraîneur ?

Je le suis de temps en temps tout seul dans mon coin, devant la TV ! J’ai assuré l’intérim deux fois à Gummersbach et je n’ai aucun regret de ne pas avoir poursuivi, même si cela m’intéresse énormément. En fait, à la fin de ma carrière, ma femme m’a demandé si je voulais devenir entraîneur. Nous avions déménagé onze fois en quinze ans et avec nos trois enfants nous avions besoin de nous poser. Car étonnamment je n’ai pas un caractère de nomade ! J’ai beaucoup de respect pour ceux qui font bien ce métier car cela demande beaucoup d’énergie et cela pèse beaucoup sur les nerfs.


Comment présenterais-tu le métier de manager général que tu as exercé cinq années durant à Gummersbach ?

Jean-Pierre Karaquillo, qui dirige le Master de Management du Sport à Limoges que j’ai obtenu, ne serait pas content que je dise cela mais je crois qu’il n’y a pas un type de manager général. Cela dépend du sport, du contexte, des dirigeants et de la forme juridique du club. C’est un métier qui a un côté « couteau suisse » dans lequel il faut savoir trouver sa place. Un travail extrêmement intéressant car chaque jour tu as l’impression de construire quelque chose.


Ta carrière en Allemagne n’a pas toujours reçue l’exposition qu’elle méritait mais cette expérience de Manager à Gummersbach t’a apporté de la reconnaissance des deux côtés du Rhin…

Pendant 15 ans, c’était l’adage « loin des yeux – loin du cœur » mais je suis revenu en équipe de France en 2002 en vue du Mondial 2003 où nous avons remporté le bronze. Claude Onesta m’a appelé et m’a dit : « Guillaume Gille est blessé et la vérité est que je ne te connais pas beaucoup mais je sais que tu marches bien en ce moment. » J’avais été nommé capitaine, une première pour un étranger en Allemagne, puis le club a vu en moi la possibilité de passer de l’autre côté. Je ne suis pas fier de tout dans ma carrière de joueur et cette expérience de manager général m’a révélé beaucoup de choses à moi-même.


Es-tu agacé si on résume le métier d’agent à un rôle d’intermédiaire financier ?

Lorsque j’étais manager général, il y avait huit interlocuteurs sur dix que je ne pouvais pas voir. Parmi les deux autres, il y avait Andrej Golic qui m’a mis le pied à l’étrier et avec qui j’ai collaboré. J’ai obtenu ma licence à Francfort devant les présidents de la Bundesliga. Je me suis lancé dans le métier avec Kentin Mahé que je connais depuis sa naissance. Des agents tournaient autour de lui et, comme je suis très proche de Pascal, son père, je lui ai proposé d’être à ses côtés. Je suis dans un rôle de conseiller et me suis fabriqué un réseau de spécialistes lorsque les joueurs sont demandeurs de conseils immobiliers, fiscaux… C’est un métier assez nouveau dans le sport, qui plus est dans le hand. Lorsque j’ai quitté Créteil pour rejoindre Niederwürzbach, c’est le célèbre Wolfang Gutschow qui avait opéré.

Outre les internationaux Thierry Omeyer, Valentin Porte et Kentin Mahé, combien de joueurs conseilles-tu aujourd’hui ?

Une bonne quinzaine de joueurs dont une bonne part en Allemagne. Je fonctionne un peu en électron libre et je ne suis pas à l’affût. Lorsque des joueurs me sollicitent, je ne dis jamais oui ou non. Je souhaite d’abord les rencontrer pour voir si on pourrait bien s’entendre. S’il y a de l’empathie c’est génial mais il faut surtout de la confiance.