Peux-tu nous raconter tes premiers pas dans le handball ?
J’ai suivi mes deux frères à la Stella Sports Saint-Maur et j’ai débuté en minimes. C’est notre professeur d’EPS dans un collège de Champigny-sur-Marne, Mr Allibert, qui nous a fait découvrir le handball. Jean-Louis Legrand, Christian Lelarge et Armand Ricard ont été mes premiers entraîneurs. J’ai joué dans ce club jusqu’à ma dernière année en junior puis j’ai disputé une saison en N3 à Neuilly-Plaisance. Je suis parti ensuite étudié à Grenoble en STAPS (avec option ski en 2e et 3e année) et j’ai joué alors deux saisons à Saint-Égrève (N2-N1) puis à Saint-Martin d’Hères, avec l’équipe 2. J’étais un gardien de but « bondissant » et j’ai achevé ma carrière en N1 à Ormesson, après une rupture du tendon d’Achille.
À quel moment as-tu envisagé de t’engager dans la voie de l’entraînement ?
Une fois mon diplôme STAPS en main, je suis devenu professeur d’EPS. Après les cours, comme d’autres enseignants, je pouvais ainsi exercer ma passion dans le handball. Mon frère aîné, René-Paul, entraînait à Noisy-Le-Grand et il avait la responsabilité des sélections jeunes de la PIFE (aujourd’hui Île-de-France Est : LIFE). Je suivais régulièrement les sélections de la Ligue et je me suis pris au jeu avec l’entraînement des garçons. Ensuite, j’ai été chargé de l’entraînement des juniors puis des espoirs du Kremlin-Bicêtre. À cette époque, un championnat espoir mettait aux prises les équipes espoirs des formations de l’élite.
Et tu as persévéré auprès des sélections jeunes…
Le handball me passionnait et j’ai souhaité poursuivre dans la voie de l’entraînement. J’ai obtenu le BE1 et le BE2. Après le Kremlin-Bicêtre, Thierry Anti, qui était l’adjoint de Sead Hasanafendic, m’a fait venir à Créteil afin que je m’occupe des espoirs. Parmi les joueurs que j’entraînais, il y avait Kamel Remili qui est aujourd’hui le manager du club cristolien. Je me souviens aussi de la grande star Mile Isakovic qui participait à des entraînements supplémentaires avec nous et il donnait parfois des conseils aux jeunes.
Comment s’est effectué ton retour à la LIFE, cette fois avec un poste de permanent ?
La formation du joueur m’intéressait totalement et suite au départ en retraite du CTS Jacques Carles, j’ai postulé à sa succession. À l’époque, il était aisé de basculer de l’Éducation Nationale vers le Ministère de la Jeunesse et des Sports. J’ai ainsi passé 27 années en tant que CTS de la LIFE en charge de la détection des sélections jeunes masculines et féminines. À deux reprises, j’ai eu l’opportunité d’accompagner Pierre Alba, l’entraîneur de l’équipe de France jeune garçons avec la génération (78-79) Sébastien Bosquet, Bertrand Gille et Yohann Ploquin puis dix ans plus tard avec la génération 87-88 avec entre autres, William Accambray, Xavier Barachet et Adrien Dipanda.
En 2010, tu intègres la maison fédérale, au sein de la DTN…
Suite au départ de Jean-Michel Germain, je suis devenu conseiller technique à la DTN avec des missions sur l’arbitrage et en particulier sur la commission nationale des jeunes arbitres avec des dispositifs sur les intercomités et les interligues qui ressemblent fort à la détection des jeunes. L’objectif est de permettre aux jeunes arbitres de progresser au contact du meilleur niveau. Nous permettons à des jeunes paires d’arbitrer les équipes de France jeunes, par exemple sur le tournoi Pierre Tiby. Nous essayons de faire passer l’idée que les arbitres doivent s’entraîner presque autant que les joueurs. L’univers de l’arbitrage demeure un monde amateur car on ne leur donne pas forcément les mêmes moyens que les joueurs. Par exemple le statut d’arbitre professionnel n’existe toujours pas dans la nomenclature des professions. Parallèlement, j’apporte une expertise technique sur le groupe G1, en tant qu’expert associé à la CCA présidée par François Garcia. Il s’agit d’observer tous les matches au niveau de la LNH et de séquencer, avec le logiciel Dartfish, les éléments pour faire progresser nos arbitres. En somme, appuyer le plus souvent là où ça fait mal.
En quoi les finalités ultra-marines sont aussi une opportunité pour les jeunes arbitres de ces Territoires ?
Auparavant au Palais des Sports de Coubertin et désormais à la Halle Carpentier, la PIFO organise les finalités ultra-marines, une occasion de sensibiliser les dirigeants à faire venir aussi des jeunes arbitres. Je le rappelle ici, le jeu et l’arbitrage ne vont pas l’un sans l’autre, ils forment un ensemble indispensable. Nous avons fait venir de la Réunion un binôme d’arbitres âgés de 20 ans sur les Interpôles féminins à Dijon en février. Auparavant, seuls les joueurs effectuaient le déplacement. C’est une façon de les motiver, de les valoriser et de les faire progresser. Ces 2 jeunes reviendront en juin sur les finalités des interligues.
Justement, les Interligues te sont particulièrement chers…
C’est en effet ma grande passion comme la formation du joueur est une passion. Cette épreuve permet d’évaluer et d’accélérer la formation du jeune joueur.
Lorsque j’ai débuté comme CTS, je trouvais que les interligues alors organisés au CRJS de Chartres, n’étaient pas suffisamment valorisés. Je crois que le transfert à Bonneuil-sur-Marne, depuis maintenant 18 ans, a permis d’en faire une compétition plus ambitieuse. Longtemps la finale des interligues était organisée lors du tournoi des Capitales à Bercy. Aujourd’hui, Créteil prête son Palais des Sports pour offrir aussi un bel écrin aux finalistes.
Quelle est ton implication dans le programme « Handball at school » lancé par l’IHF ?
Lors du Championnat du monde jeunes 2010 en Argentine, j’étais délégué technique en charge du suivi des arbitres. Désormais, je me consacre au programme de développement « Handball at School », dans les pays en voie de développement, tels que le Rwanda, les Comores, Djibouti, le Maroc et Haïti dans quelques mois. Pendant une quinzaine de jours chaque année, nous essayons de créer des dynamiques en nous appuyant sur les Directions Techniques et les élus locaux. Le plus souvent, les animations s’effectuent auprès des écoles de quartier et dans la brousse. Par exemple aux Comores, il faut imaginer qu’il n’y a pas une seule salle couverte et que les gamins jouent pieds nus. Certains sont passionnés de Handball et ont des qualités physiques et de détente impressionnantes. Ce programme s’inscrit aussi dans la perspective de l’IHF Challenge Trophy afin d’inciter ces pays à participer à une compétition internationale.
Tu as la responsabilité d’organiser le prochain Trophée de la Méditerranée. Quelles sont les grandes lignes de cette compétition ?
Lors du Championnat du monde féminin 2007 en France, nous avions organisé le Mondialito avec beaucoup de plaisir. L’opération sera rééditée pendant le Mondial 2017 avec cette fois le 14e Trophée de la Méditerranée. La compétition sera organisée à Pontault-Combault et au Plessis-Trévise du 15 au 22 janvier, pendant la première semaine du Mondial 2017 avec 10 équipes issues de la confédération européenne et 2 équipes invitées. L’ensemble des participants et les officiels (entre 250 et 300 personnes) seront logés au château de la Grande Romaine à Lésigny. Victorieuse du Trophée méditerranéen en 2015, l’équipe de France cadet garçons, dirigée par Pascal Person, sera naturellement présente. La petite finale et la finale seront disputées en lever de rideau avant le premier huitième de finale qui se disputera à l’AccorHotel Arena de Paris. Cette organisation est menée de concert avec Alain Koubi, le vice-président de la Confédération Méditerranéenne.