Ce week-end ont eu lieu la 8e édition des Rencontres Nationales du Handensemble. L’occasion pour nous de partir à la rencontre de cinq personnes fortement impliqués dans la réussite de cet évènement hors du commun

Jean-Luc Bodin : « cela permet de pratiquer une activité ensemble. »

Vice-président club de Saint-Marcellin, Jean-Luc Bodin participe pour la première fois aux Nationales du Handensemble. Licencié dans le club isérois depuis 33 ans, il a découvert le Handensemble dès 2010 en feuilletant le bulletin de la Ligue Dauphiné – Savoie. « Huit jours après, une formation était organisée à Bourges. J’ai joué au handfauteuil et j’ai immédiatement retrouvé les sensations du jeu. » À son retour, il lance l’activité au sein de ce club qui compte 250 licenciés. « Mon fils Vincent (aujourd’hui 18 ans) est porteur de handicap et il pratique les deux activités : le handadapté et le handfauteuil. Comme je ne peux plus courir, cela nous permet de pratiquer une activité sportive commune. Nathan et Romain, deux frères licenciés dans notre club, jouent aussi ensemble alors que l’un deux est porteur de handicap. » Car depuis 18 mois Saint-Marcellin est équipé de 12 fauteuils (grâce à des subventions le coût total est de 12 000 euros pour le club) et a pu aligner ainsi pour la 1e fois une équipe de hand fauteuil (11 joueurs + 1 bénévole) mais pas encore en hand adapté. « Nous avons développé une section handadapté il y a 6 ans mais ce sont pour la plupart des jeunes de petites tailles et il y a encore des réticences à les faire jouer face à des adultes. » Yann Fillon, qui a réalisé son service-civique au sein du club il y a 4 ans, continue à s’impliquer avec la section Handensemble. Chaque samedi, il anime un créneau de 02h30 réparti à part égale entre le hand adapté et le hand fauteuil. « Lors de ces Rencontres Nationales, Yann observe particulièrement les matches de hand adapté afin d’imaginer les conditions de la venue de nos joueurs sur les prochaines éditions, rapporte Jean-Luc Bodin qui est surpris par le niveau développé dans les gymnases du Kremlin-Bicêtre. Je ne m’attendais pas à ça : des équipes se débrouillent très bien. Certains joueurs valides ont un vrai avantage, il faudrait peut-être adapter les règles. Jean-Luc Bodin entend bien développer le Handensemble sur le Territoire Dauphiné-Savoie : régulièrement nous organisons des démonstrations dans les autres clubs pour montrer la pratique du Handensemble car Saint-Marcellin est le seul club à proposer l’activité. »

Philippe Girard : « 90 bénévoles mobilisés »

Président du CSAKB Handball depuis 14 ans, Philippe Girard est à la tête d’une équipe de 90 bénévoles mobilisés sur cette 8e édition des Rencontres Nationales du Handensemble. Le club créé par le grand arbitre international Jean Lelong, a évolué dans les années 80 en N1B avec notamment son arrière gauche Philippe Girard. Aujourd’hui l’équipe phare du CSAKB, occupe la 2e place de sa poule de N3. Présent tout le week-end et totalement impliqué alors que l’équipe féminine du club dispute à la Celles-sur-Belle la finale de zone de la Coupe de France régionale, le président apprécie : « les Rencontres Nationales du Handball offrent une belle image pour le club et pour la ville. Pour nos 300 licenciés, en particulier pour nos plus jeunes, qui sont souvent en train de demander toujours plus, cet événement a un caractère initiatique, estime Philippe Girard. Les plus jeunes sont confrontés à des gens en difficulté et forcément un changement d’attitude s’opère, dans la bonne humeur. » Les installations sportives de la Ville du Kremlin-Bicêtre, partenaire de la manifestation, sont investies deux jours durant avec trois sites dédiés : le Stade des Esselières, le Gymnase Jacques Ducasse
et le Cosec Elisabeth-Purkart. Le président du CSAKB Handball vit intensément les Rencontres Nationales du Handball depuis 2014, lors de la première édition organisée au Kremlin-Bicêtre. Et si le CSAKB Handball n’a pas encore développé l’activité Handensemble, l’implication du club, pour la 3e année consécutive, est incontestable et précieuse. Philippe Girard regrette toutefois « les difficultés à trouver de nouveaux créneaux pour développer le Handensemble d’autant que notre implication est forte. C’est un sujet qui revient dans chacune de nos réunions. » Au Kremlin-Bicêtre, les Rencontres Nationales du Handensemble ont trouvé des installations adaptées et des bénévoles impliqués qui véhiculent parfaitement l’esprit convivial de la manifestation.

Mourad Saadi : « cela joue de mieux en mieux »

S’il n’y a pas de classement, la formule sportive des Rencontres Nationales du Handensemble est réglée comme du papier à musique. Des temps de jeu calibrés, des arbitres, des rotations, de l’engagement, des combinaisons, des consignes des coaches… Mourad Saadi est le coordinateur sportif de l’événement et a imaginé la formule sportive la plus efficace afin que les 12 équipes de handfauteuil (2 poules de 6) et les 11 de handadapté (1 poule de 6 et 1 poule de 5) bénéficient d’un temps de jeu équivalent. « Nous disposons de 4 terrains de pratique et chaque équipe dispute le même nombre de rencontres, soit environ 03h de jeu sur le week-end. » Toutes les équipes jouent des parties de 25’ sauf les équipes de handadapté placées dans la poule de 5 et qui bénéficient de 2 x 18’. Mourad Saadi observe, arbitre, rappelle des consignes. « Cela joue de mieux en mieux, estime celui qui était déjà présent en 2010 à Compiègne lors de la 2e édition des RNH. Chaque année, on remarque une évolution du jeu avec des schémas tactiques, des relances des gardiens… » Si les équipes qui auront remporté le plus de rencontres voudront peut être se targuer du titre national, ce n’est pas l’esprit qui préside. Cependant des équipes militent pour des règles plus drastiques sur le handfauteuil, avec notamment une limitation des joueurs valides. « Nous sommes sur une pratique partagée et mixte mais il est vrai que le joueur handi peut être en difficulté avec ses abdominaux par exemple sur des positions de contournement. Nous réfléchissions, pour les éditions suivantes, à la mise en place d’un quota, même si je n’aime pas ce mot-là, rapporte Mourad Saadi qui officie aussi sur l’Été du Sand pour développer la pratique du Handensemble. « Le plaisir et le partage sont les maîtres mots de l’événement où la soirée festive est incontestablement un temps fort. » Des agapes qui ont réuni plus de 300 personnes samedi soir au Kremlin-Bicêtre et qui aura encore cette année marqué les esprits et rempli les cœurs.


Morad Bounouara : « un rôle d’éducateur et de guide »

Dans le cadre de son activité professionnelle, Morad Bounouara est éducateur spécialisé auprès de personnes atteintes de handicap, dans un établissement de la Charité-sur-Loire. « Joëlle Marteau connaît mon activité et par le biais de la CCA, elle m’a mis en contact avec l’équipe du développement, en particulier Daniel Gougeon et Nathalie Delord. » Depuis 2014, Morad Bounouara (arbitre Groupe G1 depuis 2008) a donc intégré le comité d’organisation des Rencontres Nationales du Handensemble dans un rôle de coordinateur de l’arbitrage. Sur chacune des éditions, il anime la réunion technique qui précède l’événement. « En plus des quelques arbitres fournis par la Ligue PIFO, nous demandons à chaque territoire de venir avec des arbitres. S’il y a bien un règlement, nous évoquons surtout la philosophie de ces Rencontres, explique celui qui officie en LNH avec son compère Richard Thobie. L’arbitre doit s’adapter et laisser la place au jeu. En somme, assurer un rôle d’éducateur et de guide. » Les Rencontres Nationales du Handensemble ont gagné en niveau de pratique mais la philosophie doit demeurer intacte, sans que l’aspect compétitif prenne le pas. « Le règlement évolue avec la pratique. Les écrans, les passages en force, les trois poussées du Fauteuil sinon c’est un marcher… On s’adapte en permanence. » À l’occasion du huitième de finale qui se tiendra à Bercy le dimanche 22 janvier, deux matches seront organisés avec deux équipes de hand adapté et deux équipes de hand fauteuil afin de présenter ces pratiques au public. Les équipes seront composées d’un joueur Phénoménal issu de chacun des Territoires. Et forcément des arbitres officieront sur ces deux matches avec tout l’attrait que cela représente. « Nous réfléchissons à la stratégie pour désigner les arbitres. Ce sera pour eux une expérience Phénoménale. »

Laetitia Harle : « un sentiment de fierté »

Le Territoire de la Normandie est assurément l’un des plus dynamiques pour la promotion et le développement du Handensemble. La Ligue organise des Rencontres Régionales : le Normhandensemble. « C’est un projet mis en place depuis trois ans qui connaît un développement constant », rapporte Laëtitia Harle, chargée du développement et de l’événementiel de La Ligue de Normandie. La jeune femme (25 ans) se projette déjà sur l’édition 2017 du Normhandensemble, une échéance particulière pour le Territoire normand et sa métropole Rouennaise. « Le Handensemble sera associé au Mondial 2017 et les matches organisés à la Kindaréna. » De quoi mobiliser les énergies et accélérer encore le développement du Handensemble. « Aujourd’hui nous recensons 9 clubs de handadapté et plus d’une dizaine de clubs ou de structures pour le handfauteuil. » La concurrence est donc rude pour participer aux Rencontres Nationales organisées au Kremlin-Bicêtre. « On n’effectue pas de sélection, coupe Laëtitia. Nos deux équipes sont constituées par la Commission de développement de la Ligue. Pour le handfauteuil, les joueurs sont issus de deux clubs (Caen et Vernon) et pour le handadapté, c’est le club de Bolbec qui participe à l’édition 2016. » Le principe étant que les clubs, à tour de rôle, représentent leur Ligue lors du rassemblement national afin que le plus nombre participe aux Rencontres Nationales du Handensemble, le graal pour tous ces nouveaux pratiquants. Ce week-end au Kremlin-Bicêtre, Laëtitia Harle a conduit une délégation de 20 personnes : une équipe handfauteuil (9 personnes) et de handadapté (10), ainsi qu’une arbitre. A l’instar de toutes les délégations, ce sont les sourires qui traduisent le plaisir et l’enthousiasme de la troupe normande. Laëtitia Harle apprécie l’ambiance intacte d’une édition à l’autre : « Nos joueurs ont vraiment un sentiment de fierté de représenter le Normandie, cela compte beaucoup. »