Pour Béatrice Edwige et ses coéquipières messines, la première partie de la saison vient de s’achever du côté de Thuringer avec la qualification pour le tour principal de la Ligue des Champions. Béatrice Edwige s’envolera ce mercredi en direction de la Norvège pour disputer la Golden League. Une 2e étape qui servira de support à la préparation au championnat d’Europe en Suède du 4 au 18 décembre.

Après ton départ de Nice, comment s’est passée ton arrivée dans ton nouveau club à Metz ?
Le projet avait changé à Nice et je suis partie en étant détachée. En fait je n’ai pas trop eu le temps de penser à la transition car je suis arrivée à Metz immédiatement après les J.O. Tout s’est enchaîné et le fait de connaître Laura Glauser et Grace Zaadi, a largement contribué à faciliter mon intégration.

Apprécies-tu de jouer aux Arènes ?
Lorsque j’ai commencé à jouer au Hand, je n’imaginais pas évoluer un jour dans un tel club, qu’il pourrait s’intéresser à mon profil. Il y a encore trois ans, je ne pense pas que c’était dans leur optique. C’est finalement arrivé et franchement, cela me plait. Je suis contente.

Tu as 28 ans et pourtant tu es perçue comme une jeune joueuse…
Cela fait deux ans que je suis convoquée en continue en équipe de France et cela ne me choque pas qu’on me considère ainsi. En revanche en club, je ne me considère pas comme une jeune joueuse car cela fait huit ans que j’évolue en LFH.

La fonction de défenseuse a pris le pas sur ton rôle de pivot…
Toutes les joueuses ne sont pas des défenseuses ou des joueuses complètes. En club ou en équipe nationale, il y a de plus en plus de changements entre l’attaque et la défense. Lors des J.O., nous faisions jusqu’à deux changements. Je ne dis pas qu’il faut en former mais… le poste de défenseur est devenu un poste à part entière. J’ai plus de capacités à mieux défendre qu’à attaquer et cela me plait énormément. En fait j’ai eu le déclic lorsque les Brésiliennes sont devenues championnes du monde en 2013. J’avais beaucoup apprécié leur façon de défendre, notamment le rôle d’Amorim et de son alter-ego sur les postes 3. Il y avait une super alchimie entre elles, c’était millimétré. J’apprécie aussi beaucoup le travail sur le poste 2, notamment Heidi Loke qui est une référence. Même si c’est parfois difficile de passer d’un poste à l’autre, j’essaie de me rendre polyvalente.

Voici exactement trois mois que tu es médaillée olympique : as-tu pris le recul nécessaire pour apprécier cette performance ?
C’est magnifique car c’était un rêve. Si on m’avait dit cela il y a seulement six mois et quelle que soit la couleur du métal, j’aurais signé tout de suite. Cette médaille, on l’a méritée. Nous avons travaillé dans l’ombre car personne ne nous attendait. Je suis soulagée car j’ai obtenu cette récompense au terme de sacrifices. Je suis aussi heureuse pour ma famille, mon compagnon et tous ceux qui nous ont suivies.

Quels sacrifices ?
J’ai beaucoup travaillé, notamment physiquement. Pendant les mois qui ont précédé les J.O., je me réveillais à pas d’heure pour aller courir sur la piste. Mon copain me disait : « tu deviens folle. » Pour être en bonne forme physique, je faisais des entraînements spécifiques avant les séances en club. Toute ma vie a été chamboulée. Si j’étais rentrée du Brésil, sans médaille, pffff.

Mais n’est-ce pas un investissement indispensable pour une sportive de haut niveau ?
Cela fait partie de la routine des Scandinaves dès leur plus jeune âge mais nous ne sommes pas forcément habituées à cela. Au niveau de la rigueur, nous sommes un peu des rebelles : Olivier Krumbholz aime bien nous dire cela. À 28 ans, je me suis dit que c’était le moment et j’ai mis toutes les chances de mon côté.

Désormais tu connais la méthode. Avec la confiance consécutive aux J.O., on peut espérer un bon résultat à l’Euro…
J’espère ! Je croise les doigts. À l’occasion de l’étape de la Golden League au Danemark, le staff avait mis au repos certaines cadres qui avaient besoin de souffler. En Suède il y aura peut-être un peu de fatigue mais on devrait récupérer des joueuses plus fraîches d’autant que nous bénéficions de quelques jours off avant la 2e étape de la Golden League.

Concrètement, quel impact a eu cette médaille sur ta vie quotidienne ?
Honnêtement, je me sens mieux et je suis contente pour mes proches qui m’ont supporté la saison dernière. J’étais comment dire, « chiante ». Je me dis aussi qu’en dépit de mon parcours atypique, j’ai réussi à atteindre ce que je voulais, en travaillant beaucoup. Je n’ai pas fréquenté les sélections jeunes et on disait que je ne savais pas attraper les ballons. Il y a des gens qui ont crû en moi et avec persévérance, j’ai fini par apporter ma petite pierre à l’édifice. Maintenant je veux vivre encore de belles choses avec l’équipe de France et avec Metz.

Sébastien Gardillou est désormais l’adjoint d’Olivier Krumbholz. Il y a aussi Pierre Terzi en charge de la préparation physique. Quel type de relation as-tu avec ces entraîneurs.
Il faut ajouter Éric Baradat qui était notamment en charge du travail des pivots pendant la préparation aux J.O. J’ai aussi connu Pierre Terzi à Dijon. Les coaches ont tout fait pour m’amener au plus haut niveau : je bénéficie d’un collège d’entraîneurs bienveillants. Avec Sébastien, nous avons connu des moments un peu plus compliqués à Nice. Il m’avait dit qu’offensivement, il allait me faire progresser. Il ne m’a pas menti et on a trouvé des petits créneaux pour faire des exos spécifiques.

Tu évoques parfois les séances vidéo…
J’effectue beaucoup de travail sur la vidéo. Je ne me regarde pas : j’abserve les adversaires. Je veux connaître parfaitement les connaître car je pense qu’une joueuse a beaucoup d’automatismes et que dans les moments clefs, elle revient toujours à ses habitudes. Ce travail vidéo pointilleux, je l’ai appris à Nice avec Sébastien.