Comment s’est concrétisée l’annonce de ton arrivée à l’Eurométropole Strasbourg Schiltigheim Alsace Handball ?
Je ne souhaitais pas repartir à l’étranger. J’ai postulé et il y avait plusieurs candidats. Le projet m’intéresse fortement et j’ai été choisi. Le club est sain avec des ambitions. C’est motivant pour un entraîneur. Il y a beaucoup de travail à effectuer. C’est une situation que j’ai connue avec Vernon puis avec Dijon. Sur cette terre de handball, il y a de la place pour un grand club capable de se hisser et de se maintenir dans l’élite. Sélestat a réalisé un gros travail mais manque peut-être de moyens supplémentaires pour se développer. C’est un point bloquant, comme à Dijon ou à Istres.
À quel moment prendras-tu en main les destinées de ta nouvelle équipe et avec quel programme ?
La reprise sera fixée fin juillet avec 6 à 7 semaines de préparation, en fonction du renouvellement du groupe. Pour l’instant, on travaille sur les partenaires afin de rassembler des moyens financiers pour le recrutement. Actuellement, l’effectif n’est pas riche en quantité d’autant qu’il y aura des départs. Il faudrait recruter autour de 6 joueurs, notamment un second pivot et un troisième gardien. Il faut se mettre au travail pour constituer une belle équipe.
Si le club l’Eurométropole Strasbourg Schiltigheim Alsace Handball évolue bien en Proligue la saison prochaine, quel sera l’objectif ?
Il est nécessaire de rester humble et de construire au fur et à mesure. Il faudra viser un maintien honorable puis, le plus rapidement possible, franchir une étape. Avec le potentiel humain et financier à Strasbourg, une grande métropole française, cela peut aller assez vite. Le potentiel existe avec notamment des jeunes du pôle de Strasbourg que l’on devra être capable de garder pour les incorporer. Le modèle, c’est Nantes qui dispose d’une population à peu près équivalente.
En quoi l’expérience en Tunisie a-t-elle enrichi ton parcours d’entraîneur ?
L’Espérance de Tunis fait partie des grosses cylindrées du continent africain. Il y a toujours plus de pression car il faut toujours gagner. Beaucoup de joueurs confirmés constituaient l’effectif et étaient capables de bien jouer. Nous avions effectué des matches de préparation avec Ivry, Chambéry et Toulouse et l’équipe n’avait pas été ridicule. J’ai essayé d’apporter mon expérience du handball français.
Et l’expérience humaine ?
La Tunisie, c’est un autre contexte, une autre culture. L’étranger, c’est toi et tu dois t’adapter. J’ai rencontré des gens passionnés et je suis toujours en contact avec des gens formidables. La situation politique est encore très instable et rend aussi compliqué l’environnement sportif. Il y a souvent des aléas dans les déplacements et dans les compétitions. Il faut s’adapter car tout n’est pas cadré mais c’est enrichissant. Les escortes de Police sont en revanche très efficaces : en Afrique, ils sont super pointus là-dessus.
De l’autre côté de la Méditerranée, quel regard portais-tu sur le handball français ?
C’est certain que cette expérience m’a permis d’observer le Handball français depuis l’extérieur. Le niveau est monté crescendo avec désormais des joueurs espagnols, danois, suédois et norvégiens. Une progression concrétisée par la présence de trois clubs français aux trois premières places de la Ligue des Champions. Ce n’était pas le cas auparavant mais aujourd’hui le handball français a évolué avec des équipes de France jeunes aussi performantes. La différence avec la Tunisie, c’est la qualité de la formation. Les joueurs présentaient là-bas de grosses carences.
Pendant quelques mois tu n’avais pas de club. La concurrence est rude, alors comment as-tu conservé le contact avec l’activité handball ?
Aujourd’hui nous avons la chance de voir de nombreux matches, de qualité, diffusés à la télévision. Bien sûr c’est plus facile depuis le canapé, mais j’essayais de rentrer dans le match et je me demandais quoi faire pour aider l’équipe. Modestement car sans pression et sans connaître le groupe. J’ai aussi regardé des matches sur Dartfish et j’ai suivi l’actualité assidûment pour ne pas me déconnecter.
Le terrain t’a-t-il manqué ?
Toute ma vie est marquée par le handball. Alors oui, j’ai ressenti un manque. Lorsque tu vieillis, tu dors moins et quand tu es réveillé tôt le matin, la journée est longue. Tu fais les courses puis la cuisine, ce que j’apprécie, mais cela ne te prend pas la journée. Il me manquait cette adrénaline que procure le terrain. Disposer de quelques mois pour souffler et voyager, c’est agréable mais il ne faut pas que cela dure. Ce n’est pas mon style de déprimer mais l’angoisse de ne pas retrouver peut exister. Avec 28 postes entre la Proligue et la LidlStar Ligue, je me demande s’il ne faudrait pas créer une troisième division car on forme des entraîneurs mais avec peu de perspectives.
Ta fille Joanna est désormais capitaine à Dijon. On imagine aisément ta fierté qu’elle soit aussi handballeuse professionnelle…
Elle a toujours voulu faire cela, avec beaucoup de motivation. C’est une bosseuse. Alors bien sûr, je suis fier de son parcours. À seulement 23 ans, c’est assez rare, elle est capitaine. Depuis toute petite, elle a traîné dans les salles, alors je ne suis pas surpris qu’elle y arrive. Elle était déjà leader dans les équipes jeunes. Nous échangeons régulièrement sur son ressenti, après les matches.
Le Handball a évolué avec l’engagement rapide et la possibilité de faire sortir le gardien. Quel est ton point de vue sur ces changements ?
Lorsque c’est bien joué, je suis favorable à l’engagement rapide car cela apporte de la vitesse. Sinon, c’est n’importe quoi. Je ne suis pas partisan de faire sortir le gardien car si en face il y a un garçon comme Yann Genty, qui dispose d’une relance extraordinaire, même si tu marques, tu es quasiment assuré de prendre un but derrière.