Samedi, la capitaine de Brest Bretagne Handball a été désignée capitaine de l’équipe de France. Avec seulement 28 sélections, l’ailière gauche formée au Paris 92 (alors Issy Paris Hand) endosse une sacrée responsabilité sur la route des Jeux olympiques.

Comment s’est opérée cette nomination ?
Quand Olivier est venu me voir lors du stage d’avril dernier à la Maison du handball, j’ai été agréablement surprise. J’ai accepté cette proposition avec plaisir.

Même si tu as été sélectionnée la première fois en octobre 2015, tu comptes aujourd’hui seulement 28 sélections. Imaginais-tu il y a encore quelques mois décrocher la médaille d’argent à l’Euro et devenir à présent capitaine des Bleues ?
Franchement, je ne m’y attendais pas du tout. Olivier m’a laissé le temps d’y réfléchir et de revenir sur cette proposition. Je dois dire que j’étais très contente mais je connais ce rôle en club. Alors j’ai pris le temps qu’il fallait, j’ai aussi préféré privilégier les échéances du club avant de pouvoir répondre.

À quoi as-tu pensé lorsque cette proposition est arrivée ?
Cela a été comme un remake de toute ma vie handballistique. Je me suis dit waouh… À aucun moment je n’avais pensé devenir capitaine. Être sélectionnée en équipe de France, c’était déjà énorme.

Prendre la suite de Siraba Dembélé-Pavlovic, c’est accepter une sacrée responsabilité sur la route des Jeux olympiques, non ?
C’est un honneur pour moi de succéder à Siraba car c’est une personne que je respecte énormément, c’est une femme incroyable et une personne emblématique dans cette équipe de France.

As-tu échangé avec elle ?
Oui je l’ai eu au téléphone et nous avons très bien discuté…

Quelle sera ta marque de fabrique en tant que capitaine des Bleues ?
Je vais me servir de mon expérience à Brest, où je suis très souvent à l’écoute, très positive, je vais être moi-même, tout simplement. Je suis une joueuse avant tout et je pense que je pourrais emporter l’équipe sur le terrain surtout. Je m’exprime beaucoup sur le terrain et j’aimerais leur transmettre toute cette énergie. C’est là où je dois montrer l’exemple et c’est ça le plus important.

Comptes-tu t’appuyer, et de quelle façon, sur les joueuses les plus capées de l’équipe de France ?
Il existe déjà des leaders, des filles qui ont plus d’expérience et de faciliter à s’exprimer, donc entre guillemets, je n’aurai pas à tout faire. Je ne suis pas une personne qui parle énormément. J’observe, je filtre et je récupère les informations les plus importantes.

Blessée dans la dernière ligne droite de la préparation aux Jeux olympiques de Rio, comment avais-tu rebondi derrière une telle déception ?
C’est vrai que cela avait été super difficile. J’avais mis pas mal de temps à m’en remettre. Il fallait bien avancer et ne pas garder cela en tête pendant toute une carrière. Heureusement, j’avais bénéficié de longues vacances derrière. Les premiers jours avaient été durs puis j’avais réussi à bien couper pour me rebooster avant la nouvelle saison. Je me projetais aussi sur l’envie de revenir en équipe de France et lorsque je voyais les bons résultats, cela me donnait encore plus envie de revenir.

Outre tes qualités d’ailière, ton rôle en défense est apprécié par Olivier Krumbholz. Quelle relation développes-tu avec le coach ?
Techniquement, on discute sur les progrès et sur les aspects que je dois le plus travailler. Je suis une combative, c’est inné chez moi, et je crois que c’est une qualité qu’Olivier apprécie. J’ai toujours envie de gagner et pour cela je me donne à fond. J’ai développé cet état d’esprit et je me bats sur chaque ballon qui traîne car j’ai la même obsession de marquer.

Comment se déroule la longue préparation. Est-ce une période que tu apprécies particulièrement ?
En fait c’est compliqué car avec le BBH, nous sortons d’une saison époustouflante et épuisante. Les trois dernières semaines, avec trois finales, ont été très intenses. J’ai puisé dans mes ressources et il a fallu repartir, après seulement 10 jours de coupure. Heureusement, nous avons la chance de nous trouver à Capbreton, au bord de l’océan où il fait très beau temps. La souffrance est moindre mais il y a un peu de stress même si les J.O. sont encore loin. Mon sentiment est donc mitigé.

Quels sont les axes particuliers sur lesquels le collectif travaille ?
Nous avons effectué un gros travail physique individualisé. Après avoir travaillé dur physiquement pour être en meilleure forme, nous travaillons sur la tactique, la défense, l’attaque. On prend le temps, étape par étape. On se concentre sur nous et on se penchera sur nos adversaires plus tard.

La liste sera réduite à 15 joueuses après les deux matches amicaux. Tu connais ce moment si intense et particulier. Te prépares-tu à jouer ce rôle de grande sœur, de capitaine auprès de tes coéquipières placées sous tension ?
Sincèrement je ne projette pas encore là-dessus. Je n’arrive pas à y penser, au regard de ce que j’ai déjà vécu. Je n’ai pas de certitude car je sais que du jour au lendemain tout peut s’arrêter.

Te désigner capitaine, c’est quasiment te garantir la sélection pour les Jeux alors que vous êtes trois concurrentes sur l’aile gauche pour certainement deux places. Comment gérer cela avec Manon Houette et Chloé Valentini ?
J’ai une très bonne relation avec les deux, on s’entend très bien. Il n’y a pas de souci là-dessus et on n’a pas parlé ensemble de mon capitanat. Maintenant, c’est certain qu’Olivier aura un choix à faire.

Propos recueillis par Hubert Guériau