Membre du conseil d’administration depuis 2010 et vice-présidente de la FFHandball depuis 2017, Sylvie Pascal-Lagarrigue a brillamment œuvré à la réussite de l’EHF EURO 2018 féminin en France en tant que présidente du comité d’organisation. Elle a été aussi capitaine de l’équipe de France avec 167 sélections au compteur.
Quelles sont les actions mises en place afin de poursuivre le développement de la pratique féminine ?
Les principales actions concernent la place des dirigeantes au sein des instances. Le projet de loi qui est actuellement débattu sur la place des femmes dirigeantes dans les instances du sport (au moins 40 %) va dans le bon sens et il démontre que la FFHandball est en avance sur ce point. Nous menons également un gros travail pour faciliter la reconversion de nos athlètes dans le cadre du programme « réussir au féminin. »
Il existe aussi une commission féminine de l’arbitrage avec de plus en plus de jeunes filles qui s’investissent. Cela reste difficile de faire tomber des barrières et le regard des hommes lorsqu’ils sont arbitrés par des femmes.
Tous les projets liés à « Hand pour elles », permettent aux clubs de bénéficier d’actions de formation. Il faut persévérer à motiver les clubs à réfléchir et à déposer des projets en direction des femmes et des jeunes filles à tous les niveaux de l’encadrement. Il est essentiel d’inciter les présidents de clubs à prendre en compte cette dimension féminine afin de les convaincre sur la nécessité de la mixité au sein de leur structure.
En quoi, selon toi, l’EHF EURO 2018, a fait bouger les lignes médiatiques de l’équipe de France féminine ?
Cette compétition a marqué un virage important : cet Euro a eu un impact énorme et il a été un véritable déclencheur sur les audiences et le nombre de spectateurs dans les salles. Nous avions beaucoup investi sur la communication, en particulier sur le digital avec une forte mobilisation de tous les acteurs du handball. La communication des athlètes elles-mêmes et des clubs, dans la dynamique de la LFH, a nettement progressé sur les réseaux sociaux et continuent à contribuer à la reconnaissance de notre discipline. Bien sûr, il y a encore beaucoup de travail mais j’ai le sentiment que les gens râlent moins car les matchs sont de plus en plus régulièrement diffusés en clair, à commencer par notre partenaire Sport en France.
Et si tu compares la médiatisation avec l’époque, dans les années 80, où tu étais capitaine de l’équipe de France… As-tu des anecdotes pour démontrer l’évolution ?
On ne se préoccupait pas de cela. Nous étions focus uniquement sur le handball, pas sur l’environnement autour des matchs. Un journaliste de l’Équipe, André-Arnaud Fourny, nous suivait régulièrement et si nous étions contentes d’avoir quelques lignes, on ne se jetait pas sur le journal. Les zones mixtes, les conférences de presse, tout cela n’existait pas pour nous.
Quel est ton plus beau souvenir de handball féminin ou même de sport féminin au niveau médiatique ?
L’EHF EURO 2018 ! C’est un tout : depuis Nancy le 29 novembre 2018, en passant par Nantes, jusqu’à la finale à Paris. J’ai aussi vécu intensément la finale des Bleues lors du Mondial 2017, à Hambourg, face à la Norvège. Au-delà du handball, j’ai le souvenir des grandes performances des judokates que je fréquentais à l’Insep : notamment de Jocelyne Triadou, de Cathy Fleury et de Brigitte Deydier. Je pense aussi au basket, en particulier à la Soviétique Ouliana Semenova qui était impressionnante.
Propos recueillis par Hubert Guériau