Une première fois, déjà, il avait songé à mettre un terme à sa carrière pour exercer son nouveau métier de kinésithérapeute. Nantes l’a dévié de cette trajectoire. À 37 ans, Mickaël Robin a retrouvé la flamme et se régale aujourd’hui à Saint-Raphaël. D’autant plus qu’il sait de quoi demain sera fait.

« La première chose importante à retenir est que dès mon plus jeune âge, il n’était absolument pas concevable que j’arrête mes études, qu’elle que soit ma trajectoire sportive. Je voulais au moins un Bac +2 ou +3 afin de faciliter ma reconversion. Avoir un diplôme me semblait être le sésame nécessaire pour trouver du travail à la fin de ma carrière. Le handball me paraissait alors un petit milieu, et j’estimais important d’avoir cette autre ouverture d’esprit. Et puis j’avais envie de profiter de ces années étudiantes qui peuvent être une soupape intellectuelle nécessaire. En fait, je suis plutôt curieux, et je n’avais surtout pas envie de me fermer des portes et de me restreindre à une vie qui aurait pu s’avérer monotone.

A Sélestat, j’ai obtenu une licence professionnelle de commerce international. J’ai ensuite eu la chance de signer à Chambéry et à Montpellier où les choses sérieuses ont vraiment commencé. Il n’était plus, dès lors, envisageable de mener de front les carrières sportive et scolaire. J’étais surtout prêt à me consacrer à 200% au handball et à remiser à plus tard mes projets d’étude.

Puis j’ai commencé à pas mal me blesser à Montpellier. J’ai passé beaucoup de temps dans les cabinets de kiné. Ce monde m’a très vite captivé. J’ai commencé à m’intéresser à l’anatomie, à ce qui m’arrivait à moi. J’ai acheté des bouquins, j’ai essayé de comprendre, visualiser, décoder la biomécanique. Ça m’a vraiment plu. Mon frère est diplômé de kiné, et j’ai évidemment échangé avec lui. C’est très vite devenu pour moi une évidence, c’était le métier que je voulais exercer à la fin de ma carrière.

Le problème, c’est que j’étais relativement jeune. Cette réflexion, je l’ai eue à la fin de mes années à Montpellier, en 2014. J’avais 29 ans. Mais j’étais déterminé à privilégier ce choix d’études. J’ai effectué une démarche auprès de la Fédération qui m’a beaucoup aidé dans ce double projet. Elle m’a permis d’intégrer l’école de kiné de Rennes grâce à un système dérogatoire de concours. C’était pour moi une chance énorme. 

Michaël Robin évolue toujours en Liqui Moly Starligue, à Saint-Raphaël Var HB. (Photo FFHandball / Iconsport)

J’ai signé à Cesson-Rennes, un club qui jouait le bas de tableau. En venant de Montpellier et de Barcelone, ça pouvait paraître comme un grand écart, un manque d’ambition. Mais je ne l’ai absolument pas vécu comme ça, et j’ai même pris beaucoup de plaisir. Mais je ne peux nier que mon envie de devenir kiné a orienté mon choix sportif.

Après cet épisode, j’ai continue mon cursus d’étudiant. Après deux saisons à Cesson, Créteil m’a  proposé un contrat. J’ai signé et obtenue mon diplôme en 2019. J’étais soulagé dans mon esprit. Aujourd’hui, j’ai ce luxe de décider d’arrêter quand je veux. Je peux exercer un métier de profession libérale, je peux m’installer un peu partout, travailler beaucoup, ou moins, dans des structures hospitalières ou privées.

Il y a deux ans, j’avais décidé d’arrêter ma carrière parce que je ne prenais plus trop de plaisir sur le terrain. Sans doute aussi parce que ce métier là m’attendait, j’avais envie de le pratiquer. J’étais prêt. Mais quand le H m’a appelé pour un super projet sur un an, il m’était difficile à refuser. Ce fut une année très particulière. J’ai repris beaucoup de plaisir à jouer, et je me suis dit que, finalement, la reconversion pourrait attendre encore un peu. Ce passage à Nantes a ravivé la flamme, et m’a poussé à accepter le projet de Saint-Raphaël sur deux ans.

Ce qui est important de retenir, c’est que dès mon plus jeune âge, il n’était pas envisageable d’arrêter les études, de procrastiner. Je voulais un bagage, une assurance. Et puis cette vocation de kiné, parce que c’en est une, est apparue. Je suis très heureux d’avoir réussi ce double projet. J’ai fait ce qu’il fallait sur les choix de carrière. J’ai préféré privilégié ce parcours-là. »

Propos recueillis par Philippe Pailhoriès