À l’issue de la 96e assemblée générale qui s’est tenue les 12 et 13 mai à la Maison du handball à Créteil, le président de la FFHandball a partagé ses sentiments et insisté sur la force et la capacité des territoires à préparer le handball de demain.

Qu’as-tu, d’abord, envie de retenir de cette 96e assemblée générale ?
D’abord les valeurs, celles dont on parle lorsque l’on évoque le handball. Et puis cette capacité des 200 dirigeants présents, les patrons de notre discipline, d’être en synergie, en partage, en échange, en prospection avec ce besoin perpétuel de fabriquer l’avenir. Cette équipe de dirigeants est finalement à l’image des équipes de France, elle se prépare pour les Jeux Olympiques 2024, elle anticipe les modèles, tout ce qui va arriver en 2024 au-delà l’évènement : le club de demain, les règlements, les élections, la gouvernance, la lutte contre toutes les formes de violences, tous les thèmes qui font dire à Amélie Oudéa-Castéra que notre Fédération est une Fédération tête de pont.

Grâce, justement, à cette capacité à anticiper ?
Oui, il y a peut-être une médaille d’or à aller chercher dans cette espèce d’âge d’or du handball français, mais le témoignage de cette assemblée générale, c’est aussi la densité de la réflexion politique, stratégique, et puis bien sûr, la convivialité, la solidarité entre ses acteurs. On sent le post-Covid comme un moment où ceux qui font le handball, nos clubs et nos licenciés, nous demandent de venir près d’eux. Au lieu de chercher des modèles vus d’en-haut, on passe notre temps avec les gens. On va à leur rencontre, la rencontre de la vérité du terrain.

Les acteurs semblent tous conquis par le nouveau format, les tables rondes et les moments d’échange…
En fait, l’A.G. a gardé ses valeurs de base, mais elle s’est modernisée en faisant en sorte que ces deux journées soient des moments de réflexion stratégique, et pas juste des chambres d’enregistrement.

Il a souvent été question du club de demain, du handball de demain. Ce futur t’obsède-t-il ?
On observe, oui, de nombreuses projections vers le futur, mais ça n’a rien d’inédit. Là, nous avons convoqué des experts du monde du sport de demain pour débattre sur les formes, justement, du sport de demain, les pratiques, l’économie, le bénévolat et nous allons pouvoir mieux orienter nos stratégies.

Dans son allocution, la Ministre des sports et des Jeux olympiques et paralympiques a souligné les valeurs sociétales portées par la Fédération…
On nous connaît pour nos médailles, mais ce n’est pas notre vraie compétence, ce qui peut paraître paradoxal. La lutte contre toutes les formes de violence, ces nouvelles plateformes au service des licenciés, ce travail de signalement, le fait que l’on ait déjà passé le stade de l’anti-corruption, que l’on soit dans la diversification des pratiques, fait de nous une Fédération avant-gardiste sur ces fameuses valeurs sociétales qui sont les valeurs du handball.

Les JO 2024 étaient également dans toutes les têtes…
Il y a de la pression parce que 2001, 2007, 2017 et 2018 nous ont appris que ce qui se passe à la maison ressemble à un interrogatoire de police avec, oui, une pression permanente inhérente à la dimension de l’événement. Ce que nous visons en 2024, c’est ce que nous n’avons encore jamais fait et que peu de monde est en capacité de réaliser : gagner les Jeux Olympiques à domicile. En même temps, on prépare de la performance durable. Tout le monde va nous attendre, certes. In-fine les Jeux sont un moment d’évaluation, mais ils se trouvent sur un chemin qui va bien au-delà. On connaît déjà l’après 2024, on sait que l’on sera 600 000 licenciés, que nos équipes de France de Beach vont commencer à gagner, que notre développement va se poursuivre, que cette génération qui doit gagner en France continuera d’essayer de gagner ensuite sur tous les terrains. Ces Jeux ne sont pas une porte fermée mais un tremplin.

Dans une assemblée générale, il y a aussi le temps des hommages et celui rendu par Joël Delplanque à Jacky Bettenfeld a été salué par toute l’assistance.
Dans cette fonction de dirigeant, il y a comme un sacerdoce à endosser les costumes d’un engagement associatif extrêmement dur, lourd, mais dont on tire quand même un plaisir fou. Saluer cet engagement, se souvenir des plus anciens encore, comme d’André Amiel, est un devoir auquel nous nous prêtons naturellement et avec beaucoup de plaisir.
Cette A.G. ressemble, une fois encore, à l’équipe de France. Elle passe un moment à honorer ses anciens, mais tout de suite après, elle tourne ses regards vers l’avenir.

La Maison du handball portait bien son nom pendant ses deux journées. Chaque territoire, et d’abord les territoires ultramarins, se sentait comme à la maison… 
Cette Maison est faite pour ça. Elle est un centre de ressources, elle doit aussi être un centre de profits pour anticiper l’avenir, mais elle est un centre de rencontres, de croisements, de transmission d’énergie, un centre d’intelligence, un lieu de culture, un terreau formidable pour inventer le handball de demain.

La 97e Assemblée Générale se tiendra, elle, à Lille, quelques semaines avant le coup d’envoi du tournoi olympique.
Le 1er décembre 2020, nous sommes partis à Lille avec Jérôme Fernandez. À l’époque, nous pensions y passer quinze jours, et nous voulions avoir un bon aperçu de ce qui nous attendait. Franchement, nous y avons trouvé du cœur, l’ambiance de 2017. Nous connaissons tout le monde et nous avons senti l’amitié des gens. Nous sommes à Lille comme si nous étions chez nous. Nous avons rencontré des gens qui prenaient plaisir à nous accueillir. Ils pensaient que nous n’avions pas envie de venir, alors que tout le monde a envie d’y aller. Nous réunirons pendant ces Jeux un demi-million de spectateurs. C’est énorme.

Propos recueillis par Philippe Pailhoriès