Dans exactement 17 semaines, s’ouvriront les Jeux de Paris 2024 et l’entrée en lice des équipes de France championnes olympiques en titre. Avec les 50 nuances de Jeux, nous désirons vous faire revivre, chaque semaine, les épopées de l’équipe de France au travers de huit olympiades, de Barcelone 92 avec la première médaille décrochée par les Bronzés de Daniel Costantini, jusqu’à Tokyo où les deux collectifs se sont parés d’or. Des histoires singulières, des anecdotes, des portraits, des coups d’arrêts aussi où pendant trois éditions (1996, 2000 et 2004), le handball français rongeait son frein pour mieux briller à Pékin et à Tokyo, en passant par Londres et Rio. 34e épisode avec « Le revers de la médaille. »
ATHÈNES 2004 – FEMMES
Le revers de la médaille
Tout est oublié. La demi-finale. La blessure de Valérie Nicolas. La fatigue. Tout est oublié sauf l’enjeu. Une médaille de bronze, formidable lot de consolation, presqu’une absolution.
Il est 16h30 à Helliniko ce 28 août 2004 lorsque les arbitres slovènes Janko Pozeznik et Darko Repensek donnent le coup d’envoi. Les Ukrainiennes représentent un danger que les Françaises savent appréhender. Bien sûr, elles ont ferraillé quelques mois plus tôt à Zagreb, arraché leur billet pour la finale mondiale après-prolongation. Mais si elles sont en alerte, elles savent aussi qu’en sept confrontations face à la bande de l’irascible Leonid Ratner, elles n’ont jamais perdu et qu’elles possèdent donc un avantage psychologique au milieu de cette après-midi ensoleillée.
Dès les premiers échanges, Leila Lejeune montre le chemin. Elle est comme indomptable. Elle inscrit les cinq premiers buts des Bleues sans connaître le moindre échec. Son entrain doit être communicatif. Son sillage entraînant. Mais le jeu collectif des Ukrainiennes est rodé et Nataliya Borysenko un ultime rempart efficace. Très vite, chaque signe évoque une galère, peut-être un traquenard. Ils soulignent en tout cas une intense souffrance. Le prix de cette troisième place est élevé. L’affrontement est rude à défaut d’être esthétique. L’intensité des hostilités est par instants dramatique. Personne ne lâche. Personne ne s’échappe. Une dernière fois, Estelle Vogein offre un léger avantage (16-15, 45e), mais il ne garantit rien. Marina Vergelyuk et Ganna Siukalo l’effacent d’ailleurs dès la minute suivante.
L’angoisse se lit alors sur le visage des joueuses d’Olivier Krumbholz. Elles s’accrochent, résistent, mais ne maîtrisent pas grand-chose en vérité. Mélinda Szabo-Jacques souffre à neuf mètres. Raphaëlle Tervel est en échec. Leila Lejeune ne trouve plus la mire.
A 17-17 (49e) tout semble encore possible. « Mais on sentait bien que quelque chose s’était cassé, avoue Valérie Nicolas, que le coeur n’y était plus vraiment. » Marina Vergelyuk, encore une fois, puis Olena Radchenko en contre-attaque portent l’estocade (19-17, 54e). Le match se défile. Les cadres ukrainiens assument et assurent. « Physiquement, comme mentalement, nous étions fatiguées, plaide Joanne Dudziak. Nous avons manqué de peps, nous étions toutes un peu vides. Moi, j’étais en retard sur les ballons, alors que j’avais en face de moi des tireuses qui ne me posaient pas plus de problèmes que ça d’ordinaire. Mais tout au long de cette partie, j’ai couru après cette demi-seconde qui fait la différence. »Nataliya Borysenko avait cette demi-seconde face aux tireuses tricolores. Ses 47% d’arrêts racontent l’issue de ce rendez-vous manqué. Ce rendez-vous gâché.