Dans exactement 12 semaines, s’ouvriront les Jeux de Paris 2024 et l’entrée en lice des équipes de France championnes olympiques en titre. Avec les 50 nuances de Jeux, nous désirons vous faire revivre, chaque semaine, les épopées de l’équipe de France au travers de huit olympiades, de Barcelone 92 avec la première médaille décrochée par les Bronzés de Daniel Costantini, jusqu’à Tokyo où les deux collectifs se sont parés d’or. Des histoires singulières, des anecdotes, des portraits, des coups d’arrêts aussi où pendant trois éditions (1996, 2000 et 2004), le handball français rongeait son frein pour mieux briller à Pékin et à Tokyo, en passant par Londres et Rio. 39e épisode avec « Nuit de Chine. »
PÉKIN 2008 – FEMMES
Nuit de Chine
C’est la goutte d’eau qui fait déborder le Yongding. Dimanche 17 août 2008. 15h45. Patraques, les Françaises sont bien sûr, d’ores et déjà, qualifiées à l’instant de défier l’hôte de ce tournoi. Les succès face à l’Angola puis le Kazakhstan leurs offrent ce privilège. Une troisième victoire face à la Chine les guiderait alors sur la route de la Corée du Sud en quart de finale. Un revers, sur celle des championnes du monde d’Ievgueni Trefilov.
L’essentiel est ailleurs. Les demoiselles d’Olivier Krumbholz ne sont pas dans leur assiette à Pékin. Hésitantes. Un peu gauches. De toutes les équipes qualifiées, la France est la moins prolixe. La plus maladroite dans l’exercice du tir. L’une des plus gaspilleuses avec 18 ballons égarés en moyenne à chaque rencontre. Elle a explosé contre la Roumanie et la Norvège. Sué à grosses gouttes face au Kazakhstan qui ne comptait qu’un minuscule but de retard à la 50e minute avant que Paule Baudouin ne sonne la révolte.
On la croit donc avertie. Remontée. Elle mène 10-9 à la pause. Elle est là. Valérie Nicolas est immense. 25 arrêts à 54% au final. Et puis le trou noir. 11-11 à la 33e. 11-17 à la 44e. Un 0-6 fatal. Du grand n’importe quoi, un festival de sottises, de naïveté. 24 balles perdues au cours de ce duel indigent.
Sophie Herbrecht et Mariama Signate ne concrétisent que trois de leurs treize tentatives. Sur son aile, Maakan Tounkara est en grande souffrance. Les trois pivots n’inscrivent qu’un but minuscule. « C’était catastrophique, soupire Olivier Krumbholz, même si le niveau des Chinoises était alors bien au-dessus de celui d’aujourd’hui. Nous ne jouions déjà pas très bien, puis nous nous sommes figées. »
Une dernière fois, on les imagine renaître, ranimer la flamme. Elles se rapprochent à trois buts, trois minutes avant l’extinction des feux, mais Wang Min, la petite ailière de Shanghaï, profite d’une énième largesse. 18-21. Le débat est maintenant clos. Les Bleues toutes pâles. Toutes fragiles. Médusées. Cette défaite est la plus déconcertante de toutes celles concédées aux Jeux olympiques. « Notre plus mauvais match, sans doute, oui, concède Olivier Krumbholz, avec celui de 2000 face à la Corée du Sud. Il y a eu d’autres désillusions, mais en terme de jeu, c’était vraiment terrible. Je me souviens avoir croisé Claude Onesta dans la foulée de cette rencontre. Il m’avait dit : parfois, il y a des matches qu’il ne vaut mieux pas debriefer. C’est ce que j’ai fait. Ça aurait eu un impact trop négatif. »
Six jours plus tard, elles prendront une revanche anecdotique (31-23) et une cinquième place au goût d’inachevé. L’espace de quatre-vingts minutes et de ce fameux quart de finale face à la Russie, elles avaient eu l’opportunité d’expier leurs fautes. Mais les sœurs Liu les ont privées de cette réhabilitation.