Voici déjà dix ans que Nicolas Tournat évolue sous le maillot tricolore. Le pivot sera le capitaine de l’équipe de France lors de la dernière semaine internationale de la saison. Une fierté, du haut de ses 116 sélections (263 buts).
Nicolas, ce stage marque la fin de saison, avec deux belles affiches. Comment abordes-tu cette semaine ?
Je n’ai pas forcément pensé à tout ça, mais c’est sûr que quand tu portes ce maillot, il faut gagner. C’est une période un peu spéciale, parce qu’on arrive dans la dernière ligne droite en club, avec toute la saison qui se joue sur les matchs à venir. On est forcément un peu fatigués, mais il faut switcher, enfiler le maillot bleu, et aborder cette semaine comme une vraie opportunité de bien bosser. Il y a eu du renouveau aussi, donc il faut expliquer aux nouveaux comment ça fonctionne ici. Le but, c’est de bien travailler et de finir la saison de la plus belle des manières.
Se profile la fin de cette double saison très longue marquée par l’Euro, les Jeux et le dernier Mondial. Ressens-tu le poids de ces derniers mois ?
Oui, clairement. Quand tu es dans une année olympique, tu enchaînes deux saisons sans vraie pause. Là, on arrive à un moment où la fatigue est normale, inévitable même.
En quoi les bons résultats avec ton club à Nantes t’aident à garder un bon état d’esprit, à faire abstraction de la fatigue ?
Parce que tu gagnes, tu coches les objectifs fixés en début de saison. Quand tu te qualifies pour le Final 4, même si tu n’ass encore rien gagné, t’es dedans, et ça donne de l’énergie. Ce sont des moments excitants à jouer avec deux matchs très intenses en 24 heures, dans une énorme salle avec 20 000 personnes. Il faut profiter de l’événement, le kiffer, parce que c’est une chance d’y être. Mais on n’y va pas pour faire de la figuration. À Cologne, tout peut arriver, donc il faut se préparer à fond pour n’avoir aucun regret.
En retrouvant Nantes, quelles étaient tes ambitions ?
Je suis revenu pour deux choses : retrouver la France, bien sûr, mais surtout parce que j’ai encore des ambitions. Le club m’a proposé un vrai projet, avec des objectifs clairs : aller le plus loin possible en Ligue des Champions et gagner le championnat. Malheureusement, on a commis quelques faux pas cette saison. Mais on reste performants, on a fait une grosse saison. Personnellement, je veux tout gagner. Je ne fais pas une saison pour ne pas aller chercher tous les titres en jeu. Et le club est très ambitieux, il met tout en œuvre pour ça.
Cela fait 10 ans que tu as connu ta première sélection avec l’équipe de France. Le temps passe vite, non ?
Oui, très vite. En 2015, je n’avais pas d’enfants. Aujourd’hui, j’en ai trois ! Ça va à une vitesse folle, mais c’est vrai que ça fait 10 ans, et c’est beau avec notamment les titres aux J.O. et à l’Euro.
Comment arrives-tu à concilier ta vie de famille avec les exigences du haut niveau ?
C’est sûr que ce n’est plus comme quand on est jeune. Avant, on pense qu’on n’a jamais le temps… alors qu’en fait, on en a énormément. En vieillissant, on en a de moins en moins, donc on apprend à l’optimiser. On se couche plus tôt, on se lève plus tôt, on emmène les enfants à l’école. Moi j’ai la chance d’avoir un bébé qui a fait ses nuits au bout de trois mois, c’était le plus long des trois ! Et surtout, la maman est très présente, elle fait un travail incroyable.
Dans ce métier, il faut une personne ultra disponible à la maison, parce qu’entre les matchs et les déplacements, c’est une vraie organisation. On essaie de rester présents autant que possible. Ce n’est pas simple, mais en respectant le rythme de vie des enfants, avec une bonne récupération, on s’en sort. J’ai trouvé mon équilibre, et ça me convient très bien.
Tu vas porter le brassard de capitaine cette semaine. Comment as-tu accueilli cette annonce ?
Le coach est venu me voir cet après-midi (lundi) pour me le proposer. J’ai accepté tout de suite. Même si c’est temporaire, c’est un immense honneur. Être capitaine de l’équipe de France, c’est une vraie fierté.
Tu as connu la transition entre les Experts et la génération actuelle. Tu succèdes à des grands noms, ça te touche ?
C’est vrai que je n’y pensais pas spécialement, mais par la force des choses je me retrouve là. Je le prends avec plaisir, sans pression. C’est un vrai honneur.
Ce rôle de capitaine, c’est aussi accompagner les nouveaux, leur transmettre les codes de l’équipe ?
Oui, bien sûr. On va discuter, mais franchement ça s’est toujours bien passé. On se connaît déjà via le championnat. Il n’y aura pas de souci, la communication sera naturelle.
Lors de la dernière période internationale de mars, vous avez enchaîné deux gros matchs face au Danemark. Comment expliques-tu ces performances malgré la fatigue ?
On a un groupe de compétiteurs. Même fatigués, on avait à cœur de montrer qu’on est toujours là, notamment face aux Danois. Ces victoires ne comptent peut-être pas sur le plan comptable, mais elles envoient un message fort. On voulait leur rappeler qu’on sera là sur les prochaines échéances.
Notre force, c’est qu’on veut gagner partout, tout le temps. C’est plus qu’un slogan, c’est notre ADN. À Lyon, puis au Danemark, on a su répondre présent. Le public français nous a boostés pour le premier match, et pour le deuxième, on voulait leur gâcher un peu la fête ! C’est ce genre de défi qui nous motive.
Tu vas devoir prendre la parole devant tes coéquipiers. Comptes-tu préparer ces interventions ?
Franchement, je vais y aller au feeling. J’ai déjà l’habitude de dire deux-trois mots dans certains moments clés, donc je ne vais pas non plus en faire trop. Mon but, ce sera surtout de motiver le groupe, de les emmener avec moi. Mais je vais rester simple. Ce n’est pas toujours évident de savoir quoi dire à des plus jeunes… même si Tom Pelayo, par exemple, n’est pas tout à fait un “petit jeune”, ça reste sa première sélection.
Et pour les plus jeunes ?
On les rassure, on les encourage. On leur dit surtout qu’ils vont kiffer. Porter ce maillot, c’est un honneur. C’est pour ça qu’on s’entraîne tous les jours, depuis tout petit. Alors le seul vrai message, c’est : donne tout, profite, et surtout, ne pars jamais avec des regrets. C’est ça l’essentiel.