Membre du bureau directeur en charge du ParaHand et du pole intégrité, Paula Barata se réjouit de la mise en lumière de certaines pratiques à l’occasion du week-end de Coupe de France. L’élue détaille aussi les actions mises en place à l’occasion de la journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie.
Comment vis-tu le fait d’assister dans le cadre prestigieux de Bercy aux finales de Coupe de France HandFauteuil et HandSourd ?
C’était déjà un réel bonheur d’assister l’an passé à la finale HandSourd à l’Accor Arena et HandFauteuil à l’adidas Arena, ça l’est d’autant plus avec ce week-end formidable et toutes ces finales regroupées sur un seul et même site. Parvenir à cette forme d’inclusion me réjouit forcément, et c’est, je crois, un très grand honneur pour tous les participants, ceux qui se sont qualifiés comme les autres d’ailleurs, d’être à l’affiche de ces finales. Marie-Amélie Le Fur, la présidente du Comité Paralympique et Sportif Français pourra assister à de très belles rencontres.
Toi qui es issue de la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes, tu vas forcément supporter l’AS des sourds de Lyon…
Je suis présidente du Comité de Savoie, mais je n’ai plus de mandat à la Ligue, et ma position à la FFHandball fait que je supporterai toutes les équipes, bien évidemment. Cela dit, cette finale entre Lyon et Pontault-Combault a une saveur particulière puisque j’ai aussi vécu 12 années en Seine-et-Marne.
Tu auras en revanche un regard particulier sur d’autres finales…
Deux équipes savoyardes se sont effectivement qualifiées. Le HC Bourgetain en finale départementale masculine, et La Motte Servolex HB en finale fédérale féminine. Le HC Bourgetain évolue traditionnellement dans un gymnase qui ne fait pas 40×20 mais quelque chose comme 36×18, bien différent de Bercy…
La mise en lumière du ParaHand passe par ce type d’événements ?
Sans aucun doute. J’avais assisté à la finale HandSourd à Lyon qui se déroulait sur une journée mais qui n’avait pas le même éclat. Maintenant, j’aimerais aussi qu’il y ait plus de mixité dans cette pratique, que la partie féminine se développe elle-aussi. Julien Goy, le responsable national se penche sur la question.
L’engouement dans les territoires pour le ParaHand ne se dément pas. Pour quelles raisons selon toi ? Parce qu’il porte cette politique d’ouverture, d’inclusion et de solidarité ?
Pour toutes ces raisons, bien sûr, mais pas seulement. La FFHandball propose désormais un Championnat, que gère Corinne Vermeil à la COC. Les Jeux paralympiques ont également changé le regard des gens. Ils se sont rendu compte que les pratiquants étaient de véritables athlètes, et que l’on n’excluait personne à cause d’un handicap. Aujourd’hui, le HandEnsemble a beaucoup d’attraits. Ce mardi à Chambéry, le club, en partenariat avec le Comité, propose d’ailleurs un gros tournoi qui va mobiliser de nombreuses énergies. Quand on arrive à se rapprocher des établissements qui gèrent du handicap et qu’on propose des pratiques adaptées, c’est véritablement un plus. De plus en plus d’enfants veulent tester certaines pratiques et notamment le HandFauteuil. Je m’en suis rendu compte sur plusieurs « incroyables tournées » auxquelles j’ai eu la chance de participer.
Le fait de proposer ces finales à Bercy peut-il encourager encore la pratique dans les territoires ?
Plus une pratique est visible, plus elle peut créer de l’attrait. La difficulté dans les territoires, c’est la logistique. Le HandFauteuil réclame des moyens, une organisation que tous les clubs ne sont pas en mesure d’assumer. Le HandiGuide des sports créé à l’initiative du ministère des Sports, est un annuaire interactif des structures sportives qui déclarent accueillir ou être en capacité d’accueillir des pratiquants sportifs en situation de handicap. C’est un outil formidable. Il permet de porter à la connaissance des personnes handicapées l’offre de pratique sportive qui leur est dédiée en fonction des possibilités d’accueil dans l’environnement sportif à proximité de leur lieu de résidence. Les établissements médicaux-sociaux disposent également de référents APS pour la coordination d’une pratique à minima physique. Il faut continuer de créer des passerelles et des liens pour plus de lisibilité.
Au mois de novembre, les équipes de France HandFauteuil et HandSourd vont disputer des compétitions internationales de premier plan. L’Euro en Lituanie, et les Deaflympics au Japon. Quelles sont leurs ambitions ?
L’équipe de France HandSourd va se confronter pour la première fois au niveau mondial et il y a donc cette part d’inconnue. Le HandFauteuil, par contre, sait à quoi s’attendre en Lituanie. L’équipe de France a terminé première équipe européenne du dernier Championnat du monde en battant le Champion d’Europe en titre, le Portugal, en quart de finale. Mais beaucoup d’équipes émergent au niveau international et il faut évidemment être prudent.
Ces équipes de France sont-elles un autre levier pour le développement de ces disciplines ?
Bien sûr. Il y a une sélection. Qui dit sélection, dit candidats qui vont se donner les moyens de se rapprocher d’un club pour espérer porter un jour le maillot de l’équipe de France. C’est une vraie reconnaissance. Le handicap n’est pas vécu de la même manière dans tous les pays. Et puis le fait que l’EHF se soit alignée sur l’IHF en privilégiant le HandFauteuil à 4 change un peu la donne.
Mai est le mois réservé aux appels à projets du ParaHand. Qu’attends-tu de la part des clubs ?
Déjà, dans l’idéal, j’aimerais que tous les territoires, c’est à dire métropolitains comme ultramarins se sentent concernés par cette politique d’inclusion. J’imagine que la plupart des dossiers vont porter sur le HandAdapté. Beaucoup de clubs accueillent cette pratique même si la FFHandball ne possède pas la délégation. Ils se rapprochent des établissements et créent des événements avec, par exemple, le Comité Départemental de Sports Adaptés. Ils ne cherchent pas forcément le haut niveau, mais le partage, le simple fait d’être ensemble. Il y aura aussi quelques dossiers HandFauteuil. Ces Appels à Projets montrent le dynamisme des territoires en terme d’inclusion, et l’intégration de membres de la DTN directement en lien avec les territoires voulue par Pascal Bourgeais créé de l’incitation, de l’envie.
Tu es également en charge de l’intégrité à la FFHandball et ce week-end de coupes de France va permettre de mener diverses actions en faveur d’associations…
Il s’avère que le 17 mai est la journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, et que la FFHandball a été sollicitée afin de mener diverses actions à destination de certaines associations.
Quels types d’actions ?
Elles seront nombreuses et variées. Sur Handball TV, le logo « Tous Unis » sera inséré à l’occasion des finales et les référents des associations seront interviewés afin de promouvoir leur association. Il y aura aussi un badge « Tous Unis » distribué à l’occasion de l’Assemblée Générale de la FFHandball qui se tiendra en marge des finales, et les logos seront changés en arc-en-ciel sur les réseaux sociaux.
Les arbitres et les capitaines porteront-ils un brassard multicolore ?
Oui, et des photos seront également prises avec l’ensemble des représentants des associations et, bien sûr, toutes les équipes qualifiées en protocole d’avant-match derrière le panneau de campagne « Tous Unis ». Il y aura aussi un tifo et un stand de sensibilisation dans les coursives de l’Accor Arena.
Quelles sont les associations qui ont sollicité la FFHandball ?
Elles sont au nombre de quatre : Décalage Handball Paris qui a pour objectif de proposer un espace de pratique du handball loisir sans discrimination ouvert à tous les niveaux de jeu et majoritairement composée de personnes lesbiennes, transgenres et-ou non binaires ; Roucoulettes Handball, qui s’efforce de promouvoir la reconnaissance de l’identité et des libertés des personnes LGBTQI+ ; Outsiders, la première association multisports LGBTHI en France ; Cargo Lyon Sport, qui propose la pratique de 12 activités sportives et culturelles, en loisir ou en compétition dans un esprit d’inclusion et de non-discrimination, notamment pour les personnes LGBTQIA+.
La lutte contre les incivilités pour créer une ambiance plus sereine dans les lieux de pratique, et pour l’intégrité, en créant notamment des partenariats pour sensibiliser chacun des acteurs au sein d’espaces d’écoute dédiés semble te tenir particulièrement à cœur…
En effet, outre cette campagne « Tous Unis » lancée en mai 2023, nous travaillons avec l’ensemble des territoires qui se sont dotés de référents Intégrité (binôme 1 salarié(e) et 1 élu(e)). Nous essayons de les réunir en séminaire une fois par an. Actuellement la FFHandball a signé des conventions de partenariat avec des associations telles que Colosse aux Pieds d’Argile, qui lutte contre les violences sexuelles, le harcèlement et le bizutage en milieu sportif et éducatif, LOG.IN Prévention, qui sensibilise aux dangers du numérique surtout chez les jeunes, et L’Enfant Bleu qui lutte contre l’enfance maltraitée. De plus, un observatoire des comportements a été mis en place depuis deux saisons pour aider l’ensemble des acteurs à réfléchir aux actions à mener pour réduire les incivilités au sein des structures. Une première action a été mise en place en collaboration avec l’IFFE en créant un module de formation accessible à tous.