Une vague blanche avait envahi le virage côté Seine. Une déferlante brestoise agitée sur ses côtés par des Cheerleaders made in Breizh. Plus de 1500 supporters brestois avaient effectué le déplacement et ont soutenu sans relâche leurs héroïnes déjà tombeuses de Fleury-Loiret et de Metz, aux tours précédents. Première équipe de D2F à atteindre la finale de la coupe de France, le Brest Bretagne Handball n’a pas semblé écrasé par la pression face à une formation toulonnaise plus expérimentée et rodée aux joutes de la LFH. Cette finale nationale tenait toutes ses promesses dans une AccorHôtels Aréna gonflée à bloc devant cette véritable joute.
Les deux formations se rendaient coup pour coup dans une partie verrouillée. L’enjeu mais pas seulement avec deux équipes parfaitement organisées. Laurent Bezeau, affublé d’une moustache inédite, distillait aussi ses cartouches offensives. Thierry Vincent, déjà deux fois vainqueur de l’épreuve avec Toulon, pouvait pester devant les errements d’Angelica Wallen, buteuses à 2 reprises, mais maladroite dans le money-time de la 1e période. Car après 20’, alors que les Brestoises étaient réduites à cinq après l’exclusion de l’Espagnole Marta Mangue, Angelica Wallen manquait son un-contre-un face à Daniela Pereira. Revenues au complet, les Brestoises marquaient par Gaëlle Le Hir. Daniela Pereira réalisait deux arrêts précieux dans la dernière minute : les Brestoises bouclaient ainsi la 1e période avec un avantage de +4. Les Toulonnaises avaient lâché prise. Définitivement.
Défense de fer
Les Brestoises repartaient avec les mêmes intentions : une défense de fer qui bloquait les Varoises pendant plus de 4 minutes suffisantes pour maintenir l’écart (14-10, 35e) et même un peu plus après que Marion Limal ait inscrit son 1e but de la partie. Avec un débours de -6 (16-10), Thierry Vincent était contraint de poser un temps-mort à la 38e minute. Sanne Van Olphen, sur jet de 7m puis au terme d’une montée de balle rapide, ramenait son équipe à -4 (16-12, 40e). Astride N’Gouan poursuivait la belle série et cette fois, les joueuses étaient appelées par Laurent Bezeau. Un temps-mort aussi payant puisque Juliette Le Maire marquait puis Daniela Pereira détournait un 9e ballon puis un 10e après que son homologue Alexandra Bettacchini stoppe le jet de 7m de Marta Mangué. Juliette Le Maire récidivait sur l’aile droite et les Finistériennes reprenaient le large : 18-13 (44e). Marta Mangue et Marion Limal aggravaient la marque ; Daniela Pereira réalisait son 13e arrêt. À moins de 7 minutes du terme de cette finale 2016, le BBH avait déjà une main sur la coupe (21-15, 53e). Les Brestoises pouvaient savourer leur domination : le temps s’égrenait sans que les Toulonnaises ne trouvent plus la moindre faille. Jamais une équipe de D2F n’avait remporté la coupe de France, jamais une équipe n’avait gagné avec 9 buts d’écart. Le BBH écrit l’histoire à toute vitesse. Avant même les arrivées d’Allison Pineau, de Cléopâtre Darleux, de Marie Prouvensier, de la Toulonnaise Astride N’Gouan, entre autres, Brest est déjà une place forte du Handball féminin. Cela promet une LFH plus attrayante encore avec son nouveau BBH et son aréna blanche et noire.
Coupe de France nationale féminine : Toulon – Saint-Cyr Var HB – Brest Bretagne HB : 16-25 (9-13)
Arbitres : Charlotte et Julie Bonaventura
Toulon Saint-Cyr var HB : Gardiennes : Bettacchini (44’, 8 arrêts) et Serdarevic (16’, 3 arrêts) – Joueuses de champ : Serna (0/1) – N’gouan (3/3) – Gaudefroy (2/6) – Van-Olphen (6/13) – Tandjan (2/5) – Ciavatti (0/1) – David (0/1) – Catani (0/5) – Wallen (2/6) – 2’ : Tadjan et Catani
Brest Bretagne HB : Gardiennes : Pereira (57’, 15 arrêts) et Dangueuger (3’, 1 arrêt) – Joueuses de champ : Tisser (2/3) – Le Hir (4/4) – Copy (2/2) – Le Maire (2/3) – Ntsama-Akoa (1/5) – Manach-Le-Calve (3/5) – Carla-Alberto (4/6) – Limal (1/3) – Desgrolard (1/1) – Mangue (5/10) – 2’ : Le-Hir, Carla-Alberto et Mangue.
Déclarations :
Sabrina Ciavatti (joueuse de Toulon/Saint-Cyr) : Nous n’avons pas su faire face ce soir à la marée brestoise. Je ne sais pas comment l’expliquer. Nous avons sans doute atteint nos limites du moment. C’est sûr qu’elles avaient mieux préparé que nous l’événement. A titre personnel, c’était mon dernier match, je ne suis pas mécontente de finir ainsi, à Bercy. Même si le goût de la victoire me manque. Ce n’est pas grave. Il y aura pour moi une autre vie désormais.
Gaëlle Le Hir (joueuse de Brest) : Nous avions l’impression d’être chez nous, c’était la Bercy Arena. La salle était vraiment avec nous. Ils nous ont porté. C’est sûr que c’est le plus beau souvenir déjà de ma carrière à ce jour. Et de le vivre en plus avec Brest, c’est trop fort. Au début de deuxième mi-temps, nous avions pris le dessus, mais en même temps, nous avions le sentiment que le temps ne s’écoulait pas rapidement. Heureusement, nous avons tenu le choc. Ce soir, Bercy c’était Brest et nous ne pouvions pas passer à côté de l’événement. Nous avons éliminé Fleury, Metz, on gagne Toulon aujourd’hui, nous n’avons pas vraiment volé cette coupe de France.
Thierry Vincent (entraineur Toulon/Saint-Cyr) : Il n’y a aucun regret à avoir. Elles nous ont été supérieures du début à la fin. Nous sommes arrivés à Bercy en essayant de masquer un peu nos difficultés actuelles, avec un seul bras qui peut tirer de loin. La victoire de Brest est mille fois méritée. Je préfère quand même venir perdre ici que dans l’anonymat des tours précédents. Nous avons vraiment souffert aujourd’hui. En face, ils avaient simplement plus de puissance, plus de certitudes, de bras. Nous sommes tombés sur meilleur que nous. Il faut savoir l’accepter. Même si c’est forcément une grosse déception.
Laurent Bezeau (entraineur Brest) : Je suis très heureux de gagner un titre, même si cela ne se voit pas vraiment. C’est le premier du BBH. Nous avons été portés depuis des semaines par un engouement populaire indescriptible. Même pour venir de l’hôtel à la salle, nous avons eu du mal à se frayer un chemin. Cela n’a pas toujours été évident ces derniers temps, entre la fin du championnat de D2 et cette finale. Nous avons eu notamment du mal à se mettre en ordre de marche sur le plan défensif. C’est pourtant ce qui fait notre valeur. Cela s’est vu en début de match. Marta notamment s’est réglée devant Wallen en défendant plus haut. J’ai ressenti un stress à l’entraînement cette semaine. Si je porte la moustache, c’est que j’ai essayé de détendre les filles, leur faire passer un message par l’image. Tout en sachant que le match le plus difficile était à venir. Mes joueuses se sont comportées comme de grandes championnes.