Sylvie Borrotti, ex arbitre internationale et membre de la CCA met en valeur nos arbitres féminines. Témoignages et anecdotes vont suivre cette analyse.

Vendredi 8 mars 2013 marque la journée internationale de la femme et c’est l’occasion pour moi de mettre en lumière et saluer « ces drôles de dames », qui chaque week-end prennent leurs sacs pour aller officier sur les terrains en tant qu’arbitres.

Le binôme BORROTTI / MARCET a ouvert l’arbitrage international féminin

Hier, on ne parlait pas d’arbitrage féminin, pour la simple raison qu’il n’y avait pas de femmes arbitres. L’arbitrage était une fonction jusque là réservée aux hommes, d’ailleurs le dictionnaire de la langue française ne décline le mot « arbitre » qu‘au genre masculin.
L’arbitrage était à l’image de la société, où la plupart des activités était organisée, gérée et assumée essentiellement par des hommes. Les femmes étaient garantes de la structure familiale.

Aujourd’hui, plus de 20% des arbitres de handball sont des femmes. L’arbitrage est toujours à l’image de la société : une société en mutation dont deux des objectifs sont d’accepter les différences et de respecter l’égalité des pratiques entre les hommes et les femmes. Les femmes ne sont plus les seules garantes de la structure familiale et elles conjuguent au quotidien la famille et leurs aspirations personnelles.

Sylvie, membre de la CCA, montre encore aujourd’hui la direction

L’arbitrage féminin a évolué en même temps qu’ont évolué les mentalités. Ces mentalités sont parfois des poids lourds à supporter et il reste de nombreux préjugés à combattre. Des préjugés machistes conduisant à dévaloriser à priori les arbitres femmes (« les femmes au volant = les femmes au sifflet ou « pour être arbitre il faut en avoir ! ») ou bien alors, d’une manière condescendante ou paternaliste, à les enfermer dans des stéréotypes réducteurs (ex : notre particularité physique ne nous permet pas d’être performantes dans l’arbitrage de haut niveau).

Malgré cette évolution, le chemin qui mène à la reconnaissance des femmes dans l’arbitrage est toujours un peu compliqué, elles doivent faire preuve parfois de courage et de tempérament pour ne pas se résigner et raccrocher leur sifflet.

Et même si tout le monde accepte aujourd’hui la pratique du sport par les femmes, l’arbitrage soulève encore quelques scepticismes (ex : « que disent vos maris, cela ne pose pas de problèmes ?, Ce n’est pas trop dur quand vous arbitrez des hommes ?»).

La première motivation d’une femme, je suis sûre n’est pas de faire comme les hommes, mais de continuer à vivre sa passion du handball en se réalisant à travers l’arbitrage et contribuer, comme tout arbitre, à défendre les valeurs de notre sport. Avoir cet objectif en tête ne la rend pas différente des autres.

Le nombre d’arbitres féminins évolue et elles se retrouvent au devant de la scène, pour preuve, Charlotte et Julie Bonaventura qui pour la 1ère fois ont arbitré une finale olympique. Mais il ne faut pas s’arrêter à ce constat. Faisons en sorte qu’il y en ait davantage et faisons en sorte que celles qui officient continuent à le faire !
C’est une tâche qui n’est pas seulement l’affaire des femmes, mais une tâche collective qui revient à tous ceux et à toutes celles qui se sentent concernés par l’évolution de notre handball.

Sylvie Borrotti
Membre CCA
Ex-Arbitre internationale