En équipe de France, chez les hommes comme chez les femmes, un vent de jeunesse souffle fort sur le poste de pivot que l’on pourrait croire réservé aux vieux briscards. La jeune garde tricolore laisse ainsi entrevoir un avenir radieux au cœur de la « lessiveuse ».

Au cœur du combat, à la pointe de l’attaque ou comme rempart défensif constamment bousculé, là où les maillots s’étirent parfois jusqu’à s’en voir dépossédé, les pivots français épatent par leur maturité et leur talent. Si les anciens (Luka Karabatic, Béatrice Edwige notamment) ont encore leur mot à dire, les pépites du handball tricolore bousculent déjà les esprits. Sous les ordres de Guillaume Gille, pour cet Euro 2022, autour du leader Ludovic Fabregas (plus de 100 sélections à 25 ans !), Nicolas Tournat (1ère sélection à 23 ans en 2017) et Théo Monar (20 ans) sont loin d’être de simples adjuvants. Chez les femmes, Pauletta Foppa (21 ans) est déjà devenue une des pièces maîtresses du dispositif d’Olivier Krumbholz tandis que, derrière, les promesses automnales d’Adja Ouattara (20 ans) n’ont laissé personne insensible. « Une des dimensions qui permet l’épanouissement de ce genre de profils est l’environnement dans lesquels ils évoluent », analyse Bertrand Gille, le chef de délégation des Bleus aux 6 médailles d’or internationales et taulier pendant un sacré bail sur le poste. « L’équipe de France, que ce soit chez les garçons, ou chez les filles, a construit des relations de bienveillance avec les plus jeunes de leur groupe. Les gens se sentent rapidement intégrés, en confiance, rassurés quand ils ont besoin de l’être, challengés quand c’est aussi nécessaire. Et c’est tout cet environnement humain qui permet l’expression des qualités physiques ou techniques qu’ils ont. C’est peut-être là l’avantage concurrentiel que nous avons sur les autres nations, c’est que l’on a développé depuis des années une intelligence collective qui fait que l’intégration en équipe de France, à partir du moment où l’on suit ses règles de fonctionnement, est très favorisée. »

Nicolas Tournat, face à l’Ukraine, lors du tour préliminaire de l’EHF EURO 2022. (FFHandball / Iconsport).

Le contexte, sous forme d’aubaine, peut aussi expliquer l’éclosion de ces talents. Une piste pour Amélie Goudjo. La double médaillée d’argent au Mondial et consultante avance : « Depuis quelques années, chez les femmes notamment, il y a peut-être un peu plus de place. Car il y a eu pendant 20 ans deux joueuses qui ont eu les carrières parmi les plus longues de l’histoire. Ce qui fait que c’était difficile d’entrer en équipe de France. Nina Kanto qui est arrivée jeune a du longtemps attendre notamment pour s’exprimer. Moi je n’ai démarré qu’à 25 ans tandis que Laurisa Landre ou Béatrice Edwige sont arrivés tard aussi. Il y a eu une sorte de décalage qui profite, peut-être, aujourd’hui à la jeune génération. Néanmoins, ce n’est pas juste parce qu’il y a ce décalage que Pauletta Foppa est là. Car je n’ai jamais vu quelqu’un réussir avec une telle fulgurance. Elle cumule un peu toutes les qualités. À la fois techniques mais aussi mentales, car elle montre beaucoup de stabilité, de maturité dans la gestion de ses échecs ou de ses moments de réussite. Physiquement, elle est costaude. Elle a de la puissance dans le jeu, de l’explosivité. Elle est en pleine force de l’âge. Même si elle a beaucoup de temps de jeu, sa jeunesse l’aide à récupérer. Elle a de la fraicheur. Comme Théo Monar. De surcroit, ils possèdent des physiques vraiment impressionnants. On a l’impression que c’est un poste où il faut de l’expérience car il faut du bagout pour se balader dans les défenses et bien gérer les forces individuelles, la lecture de jeu… ces jeunes prouvent que ça n’est pas incompatible avec leurs âges. »

D’autant que ces talents ont suivi un parcours plutôt bien balisé vers le très haut niveau. Bertrand Gille : « Les garçons que l’on évoque ont tous des qualités physiques et techniques remarquables, qu’ils doivent notamment à leur héritage génétique. Mais il y a aussi la qualité de leur formation depuis qu’ils sont petits. Des écoles de hand, en passant par les classes handball, les pôles, les centres de formation et les équipes pro. On a la chance d’avoir un encadrement sur le territoire qui est de grande qualité. Très tôt, les garçons sont capables d’exprimer, au plus haut niveau d’exigence, les compétences acquises. » En écho, Amélie Goudjo ajoute : « Pauletta, tu sens qu’elle a été conditionnée très tôt pour le haut niveau. Quand tu vois son parcours, c’est incroyable. Son premier match avec les Bleues, je m’en souviens très bien car j’étais ébahie, en 10′, elle avait attrapé 3 ballons, provoqué un penalty. Sa sélection chez les A avait étonné mais elle était déjà observée de près. »
Les opposants des Bleu(e)s n’en sont, eux, plus à l’observation maintenant, ils cherchent juste des solutions pour limiter les dégâts.

Antoine Bréard

LES 20 JOUEURS SÉLECTIONNÉS
Gardiens :
Rémi DESBONNET (Usam Nîmes Gard) – Vincent GÉRARD (Paris SG HB) – Wesley PARDIN (Pays d’Aix Université Club)
Ailiers gauches : Hugo DESCAT (Montpellier HB) – Dylan NAHI (Kielce)
Arrières gauches : Thibaud BRIET (HBC Nantes) – Nikola KARABATIC (Paris SG HB) – Karl KONAN (Pays d’Aix Université Club) – Romain LAGARDE (Pays d’Aix Université Club)
Demi-centres : Kentin MAHÉ (Telekom Veszprem HC) – Aymeric MINNE (HBC Nantes)
Pivots : Ludovic FABREGAS (FC Barcelone) – Théo MONAR (HBC Nantes)* – Nicolas TOURNAT (PGE Vive Kielce)
Arrières droits : Julien BOS (Montpellier HB)* – Dika MEM (FC Barcelone) – Melvyn RICHARDSON (FC Barcelone)
Ailiers droits : Benoît KOUNKOUD (Paris SG HB) – Yanis LENNE (Montpellier HB) – Valentin PORTE (Montpellier HB – Cap)
* Julien Bos est resté en France, à la disposition du groupe. 

LE STAFF :
Entraîneur :
Guillaume GILLE
Entraîneur-adjoint : Érick MATHÉ
Entraîneur gardiens : Jean-Luc KIEFFER
Préparateur physique : Olivier MAURELLI
Analyste vidéo : Vincent GRIVEAU
Médecin : Emmanuel BIDET
Kinésithérapeutes : Sébastien GAUTIER, Jean-Christophe MABIRE et Jacques MIQUEL
Manager de la filière masculine : Emmanuelle MOUSSET
Relation médias : Hubert GUÉRIAU
Directeur Technique National : Pascal BOURGEAIS
Chef de délégation : Bertrand GILLE

EHF EURO 2022 EN HONGRIE ET EN SLOVAQUIE : à suivre en intégralité sur beIN SPORTS
Tour préliminaire à Szeged (Hongrie) : 13 au 17 janvier
13 janvier : Croatie – France : 22-27 (11-13)
15 janvier : France – Ukraine : 36-23 (17-11)
17 janvier :
France – Serbie : 29-25 (16-7)

Tour principal (2 groupes de 6 équipes) : 20 au 26 janvier
Groupe I à Budapest : en direct sur beIN SPORTS 1
Jeudi 20 janvier à 18h00 : France – Pays-Bas
Samedi 22 janvier à 18h00 : France – Islande (et sur TMC)
Lundi 24 janvier à 20h30 : Monténégro – France
Mercredi 26 janvier à 20h30 : Danemark – France (et sur TFX)
Classement : 1/ Danemark 2 pts (+9) 2/ France 2 pts (+5) 3/ Islande 2 pts (+1) 4/ Pays-Bas 0 pt (-1) 5/ Croatie (-5) 5/ Monténégro 0 pt (-9)

Tour principal (2 groupes de 6 équipes) : 20 au 26 janvier
Groupe I : Budapest
Groupe II : Bratislava

Demi-finales & places 5-6 à Budapest : 28 janvier
Finales à Budapest : 30 janvier