L’AVANT MATCH : Attention à la caricature. Feue l’équipe de Russie, et précédemment URSS, opposait un ensemble massif avec des cimes élevées. Aujourd’hui son ensemble est hétéroclite et propose des joueuses qui manient bien le ballon et sont capables de proposer des défenses étagées loin de l’école soviétique de la 0-6. Deux joueuses d’exception brillent au sein du collectif : la MVP des J.O. 2016, la gauchère Anna Vyakhireva. À côté de la joueuse du Rostov-Don, la meilleure demi-centre des J.O. de Rio, Anne Dmitrieva devenue capitaine de l’équipe dirigée par l’impressionnant Evgueni Treffilov bien plus subtile et malin que ne le laisse supposer sa gouaille énergique sur le banc. Les Tricolores n’ont plus affronté les Russes depuis la finale de Rio et une courte défaite. Si le contexte sera bien différent, le match d’ouverture de l’EHF EURO 2018, n’aura pas le même caractère décisif, encore que le vainqueur prendrait déjà une option pour le dernier carré. Olivier Krumbholz espère surprendre son vieux collègue. Le coach lorrain vise un 4e podium consécutif pour ce premier championnat d’Europe à domicile. Il s’appuiera ce soir sur un collectif de 16 joueuses dont seulement trois n’ont pas dansé sur le podium mondial l’an passé à Hambourg : Laura Glauser (grossesse), Pauline Coatanea, et Pauletta Foppa qui ne devait même pas rêver à une sélection si précoce chez les A. Pourtant, à 17 ans et 11 mois, la pivot du Brest Bretagne Handball chantera bien la Marseillaise ce soir devant la Ministre des Sports, Roxana Maracineanu. Elle deviendra alors la plus jeune handballeuse française à disputer un championnat d’Europe.
COMPTE-RENDU : Amandine Leynaud, Siraba Dembélé-Pavlovic, Estelle Nze-Minko Béatrice Edwige, Grace Zaadi, Camille Ayglon-Saurina et Laura Flippes débutent l’EHF EURO 2018.
Crispées et dos-à-dos
Le premier but de la compétition est inscrit par la Russie, grâce à son pivot Kseniia Makeeva. Les Bleues patientent 7 minutes avant de trouver la faille : Béatrice Edwige libère enfin ses partenaires face à Anna Sedoykina. Le ballon pèse trois tonnes en ce début de partie : après 10 minutes, le score est seulement de 2 à 2. Les deux formations rentrent doucement dans cet Euro. Laura Flippes est la première joueuse de l’Euro sanctionnée d’une exclusion de 2 minutes. En supériorité numérique, les Russes marquent deux fois dans le but vide et mènent 5 à 2. Les défenses très mobiles prennent le dessus sur les offensives.
Au quart d’heure de jeu, l’écart est toujours de +3 en faveur des championnes olympiques. Olivier Krumbholz effectue de nombreuses rotations pour tenter de déstabiliser son adversaire. Orlane Kanor avait brillamment conclu la finale mondiale, cette fois elle réalise une entrée fracassante avec quatre buts à son compteur. Elle permet aux Bleues de passer devant (10-9, 27e) juste avant la mi-temps. L’exclusion de Manon Houette (28e) est bien exploitée par les Russes qui marquent deux fois avant que Siraba Dembélé-Pavlovic n’égalise juste avant la pause. Après 30 minutes, les championnes du monde et les championnes olympiques sont dos-à-dos : 11-11.
La Russie plus précise
L’exclusion d’Anna Sen, survenue en toute fin du premier acte, est parfaitement exploitée par l’équipe de France qui s’offre un premier écart significatif (13-11 et 14-12). Orlane Kanor poursuit son festival avec un 6e but en… six tentatives ! Aie, Béatrice Edwige est exclue pour la 2e fois mais Allison Pineau, d’un tir splendide à la hanche, met son équipe à +3 (15-12, 36e). Les Russes sont repassées devant, à la faveur de l’exclusion d’Estelle Nze-Minko (44e). Amandine Leynaud revient dans la cage après les 4 arrêts en 13 minutes de Laura Glauser. La Russie mène la danse et Grace Zaadi s’arrache pour ramener son équipe à -1 (20-21, 50e) mais elle retombe sur son poignet droit. Mais plus de peur que de mal pour la demi-centre de l’équipe de France. Les Russes installent leur jeu pour contourner la défense tricolore, avec à la baguette cette diablesse d’Anna Vyakhireva. La Russie aborde le money-time avec 3 buts d’avance (20-23) après le 6e but de Daria Samokhina. Les Bleues ont un mal fou à déborder la défense adverse. Cet écart de 3 buts ne sera pas comblé et la Russie finit par s’imposer 26 à 23. Il faudra battre la Slovénie dimanche puis le Monténégro mardi pour espérer jouer un rôle à Nantes.
DÉCLARATIONS :
Olivier Krumbholz (entraîneur) : les filles sont restées calmes et patientes en début de match. L’entrée d’Orlane Kanor nous a bien relancé. Nous avons eu de bonnes périodes et nous avons même mené en 2e mi-temps. Sur l’ensemble de la partie, la victoire de la Russie est logique. Elle a été meilleure que nous, tant individuellement que collectivement.
Le goal-average particulier peut-être très important et nous avons serré le score à -3, c’est mieux que d’avoir perdu largement. Il faut continuer à travailler et à prendre de la vitesse. Par moments, nous avons été hésitants et un peu lents. La défense russe s’est bien adaptée aux qualités individuelles de nos joueuses. Nous avons tenu Vyakhireva pendant 40 minutes mais à elle seule, elle nous a piégées. Nous sommes sorties du plan de jeu à la fin du match, car il y avait de la fatigue.
Maintenant, pour aller à Nantes avec des points, il faudra battre la Slovénie et la Monténégro.
L’accueil ce soir à Nancy a été super. J’espère que ce public continuera à nous soutenir et gardera confiance en nous.
Allison Pineau : il y a de la déception mais pas de la frustration. Ce n’est pas non plus la fin du monde. Je suis déçue d’avoir perdu ce match pour des questions de points et pour ce premier match devant notre public. Aussi car nous étions regardées par tout le monde puisque nous étions les seules à jouer ce soir. Il faut immédiatement se pencher sur le match suivant. On ne pourra pas changer ce résultat. Ce soir nous avons été victimes de nos errances. Elles ont eu beaucoup de réussite aux tirs. Nous avons trop vendangé au niveau des pertes de balles et nous avons manqué d’application au tir. C’est un mix de détails qui fait qu’on ne gagne pas ce match. C’est un penalty et un 6 contre 5 que je ne mets pas à la fin.
Manon Houette : il n’y a pas tout à jeter. Nous avons montré de belles choses ce soir, notamment en défense, face à une belle équipe de Russie. Il faudra maintenant réaliser de gros matches sur la Slovénie et sur le Monténégro pour espérer quelque chose dans cette compétition. C’est une équipe face à laquelle il ne faut rien lâcher : quelques défaillances ici ou là et voilà… Mais rien d’alarmant pour la suite. Il ne faut pas tout remettre en question après une défaite. Il faudra anticiper toujours plus car les montées de balles sont de plus en plus difficiles à ce niveau-là.
Béatrice Edwige : ce n’est pas facile. Personnellement, j’avais beaucoup investi sur ce premier match. Je dois maintenant l’encaisser. Nous étions devant et nous avons déjoué, nous avons reculé et arrêté de marquer. Perdre ce premier match était un scénario envisageable : nous sommes en plein dedans et maintenant il faut relancer la machine. Nous avons retrouvé du tir de loin avec Orlane Kanor, cela faisait longtemps que nous n’avions pas vu cela. Il y a aussi des choses à revoir, notamment en défense car nous avions quelques centimètres de retard ce soir. Les Russes ont été très bonnes, Vyakhireva reste une grande joueuse et aux moments importants, elle a fait beaucoup de bien à son équipe.
Orlane Kanor : rien n’est fini pour la suite, c’est certain. Nous avons peut-être grillé un joker mais il faudra gagner les deux prochains matches. Je trouve que depuis la Golden League, nous avons progressé et nous devons continuer lors des entrainements. Je ne sais pas si j’ai pris une place dans cette équipe mais je prends plaisir à jouer, sans complexes. Je me sens bien et les filles mettent tout en œuvre pour mettre en place des enclenchements qui me mettent en valeur.
STATISTIQUES :
À Nancy, Palais des Sports Jean Weille (5220 spectateurs) : FRANCE – RUSSIE : 23-26 (11-11)
Arbitres : Igniacio Garcia et Andreu Marin (Esp)
FRANCE
Entraîneur : Olivier Krumbholz
Gardiennes : Glauser (4 arrêts sur 10 tirs, 14′) et Leynaud (8 arrêts sur 27 tirs, 45′) – Joueuses : Glauser – Coatanea (1/3) – Ayglon-Saurina (2/3) – Pineau (3/7 dt 1/2)- N’Gouan – Zaadi (1/4) – Leynaud – Houette (1/1) – Dembélé-Pavlovic (c) (3/3) – Flippes (2/3) – Kanor (6/7) – Edwige (2/2) – Foppa – Nze-Minko (1/1) – Niakaté – Lacrabère (1/4 dt 1/1) – Exclusions temporaires : Houette – Flippes – Nze-Minko – Edwige (2)
RUSSIE
Entraîneur : Evgueni Trefilov
Gardiennes : Sedoykina (9 arrêts sur 32 tirs, 60′) et Trusova – Joueuses : Sedoykina – Kuznetsova (3/4) – Kochetova – Dmitrieva (8/13) – Vyakhireva (0/4) – Sudakova – Samokhina (7/8) – Makeeva (1/1) – Malashenko (3/4) – Managarova (2/2) – Skorobogatchenko (1/2) – Trusova – Petrova – Frolova (1/1) – Snopova – Sen (0/3) – Exclusions temporaires : Dmitrieva – Sen – Samokhina – Trusova
EHF EURO 2018 EN FRANCE
Tour préliminaire à Nancy (Palais des Sports Jean Weille) : poule B
Jeudi 29 novembre à 21h00 : France – Russie : 23-26 (11-11)
Dimanche 2 décembre à 15h00 en direct sur beIN SPORTS 2 : Slovénie – France
Mardi 4 décembre à 21h00 en direct sur beIN SPORTS 3 : France – Monténégro
LA SÉLECTION DE 16 JOUEUSES : Gardiennes : Laura GLAUSER (Metz HB) – Amandine LEYNAUD (Györ, Hongrie) / Ailières gauches : Siraba DEMBÉLÉ-PAVLOVIC (Toulon Saint-Cyr Var HB) – Manon HOUETTE (Metz HB) / Arrières gauches : Orlane KANOR (Metz HB) – Kalidiatou NIAKATÉ (Nantes LA) – Estelle NZE-MINKO (Siofok, Hongrie) / Arrière gauche / Demi-centre : Allison PINEAU (Brest Bretagne HB) / Pivots : Béatrice EDWIGE (Metz HB) – Pauletta FOPPA (Brest Bretagne HB) – Astride N’GOUAN (Metz HB) / Demi-centres : Grace ZAADI (Metz HB) / Arrières droites : Camille AYGLON-SAURINA (Nantes LA) – Alexandra LACRABÈRE (Fleury Loiret) / Ailières droites : Pauline COATANEA (Brest Bretagne HB) – Laura FLIPPES (Metz HB)
LE STAFF : Entraîneur : Olivier KRUMBHOLZ / Adjoints : Sébastien GARDILLOU et Christophe CAILLABET / Analyste Vidéo : David BURGUIN / Préparation physique : Pierre TERZI / Médecin : Cindy CONORT / Kinésithérapeutes : Célestin DAILLY, Pierre GILLET et Guillaume ROUSSELIN / Préparateur mental : Richard Ouvrard / Assistant : Philippe RAJAU / Relation Media : Diane PROUHET.