La rencontre d’aujourd’hui entre la France et la République tchèque est inédite en compétition officielle. Et pour cause, les Tchèques n’ont souvent fait que de la figuration dans les quelques compétitions où elles se sont qualifiées, et n’ont plus remis les pieds en grand championnat depuis l’Euro 2004. Pour réveiller le hand féminin tchèque, il aura fallu l’arrivée d’un entraîneur bien connu en France, plus particulièrement en Corse. Jan Basny a pris les rênes de la sélection en 2010, et les résultats n’ont pas tardé à suivre. Sans disposer de joueuses majeures, le technicien est parvenu à développer un jeu collectif qui a permis à son équipe de se qualifier pour cet Euro 2012 et d’y briller. Après une victoire inaugurale contre l’Ukraine synonyme de qualification pour le deuxième tour (25-22), les Tchèques n’ont perdu que de deux buts contre la Norvège, de trois contre le Danemark, et de quatre contre la Serbie. « Ca joue très bien au handball », confirme l’entraîneur français Olivier Krumbholz.
Jan Basny ne se fait pourtant pas d’illusion. « Nous ne sommes pas là pour nous qualifier en demi-finale, explique-t-il. Une seule joueuse de mon équipe a déjà participé à un Euro, et aucune ne joue dans un grand club européen. Nous sommes ici pour apprendre, pour nous améliorer. Il nous faudrait déjà être à 100% dans tous les domaines pour espérer un résultat contre une grande nation. J’espère que nous aurons les ressources physiques suffisantes pour faire le meilleur match possible contre la France. C’est une vraie satisfaction pour nous de pouvoir affronter l’équipe de France dans une compétition comme celle-là. »
« L’expérience de Besançon m’a été très utile »
Arrivé en Corse en 1990 comme joueur, Jan Basny a passé de très nombreuses années au GFCO Ajaccio Handball. Comme entraîneur, il a connu les montées successives du club de l’île de Beauté jusqu’à la première division en 2000. Le Gazélec d’Ajaccio a définitivement quitté l’élite en 2003, et son entraîneur emblématique a ensuite effectué une parenthèse à Istres, puis à Besançon entre 2007 et 2009. C’est sur les rives du Doubs qu’il a travaillé pour la première fois avec une équipe féminine, en LFH. « L’expérience de Besançon m’a été très utile pour devenir sélectionneur de la République tchèque, car la gestion d’une équipe féminine est un peu différente de celle d’une équipe masculine », indique-t-il. En 2009, Basny revient dans son club de toujours à Ajaccio, qui évolue aujourd’hui en Nationale 1, et porte donc actuellement une double casquette peu banale dans le milieu du hand : entraîneur d’un club masculin et sélectionneur d’une équipe féminine : « C’est intéressant pour moi, et enrichissant des deux côtés. »
Après toutes ces années vécues en France, Jan Basny aura forcément un pincement au c?ur, cet après-midi, à l’heure d’affronter la sélection nationale tricolore. « J’ai beau être tchèque, confie-t-il, je n’ai travaillé qu’en France comme entraîneur, en essayant d’apporter ma vision du handball là où je suis passé. Sur ce match, je vais affronter des joueuses et un entraîneur que je connais. Je pense que j’aurai une certaine émotion, mais je n’en sais encore rien à vrai dire, on va voir ! Je serai fier si on fait un résultat, mais je suis déjà content de la manière dont on joue. J’espère qu’on fera un bon match, une prestation équivalente à nos dernières sorties. Pour nous, ce serait déjà beaucoup. » Et le technicien tchèque d’ajouter, une fois qu’on lui a signalé que le match était télévisé en direct en France : « J’espère que mon équipe et mes dirigeants à Ajaccio regarderont le match et seront fiers de la prestation de ma sélection? » Rendez-vous est pris à partir de 16h10 !