Chaque jour, une Française vous fait partager sa passion, son projet ou son coup de c?ur. Aujourd?hui, Siraba Dembélé raconte son attachement profond à la culture africaine.
« Je n?ai pas honte de dire que j?ai été élevée à l?africaine. J?ai grandi dans cette culture, que ce soit au niveau de la langue, de la nourriture, des vêtements? Je parle couramment le rasanké, un dialecte de l?ouest du Mali, d?où mes parents sont originaires. Ils m?ont toujours parlé en rasanké. Le français, je le pratiquais à l?école et avec mes amis. J?ai grandi avec les deux cultures en parallèle, et d?après moi c?est une grande richesse.
Je pense que quand on est française d?origine africaine, on ressent toujours, à un moment donné, le besoin d?en connaître davantage sur ses origines. On sent qu?il y a une autre partie de soi quelque part. Si j?aime autant la culture africaine aujourd?hui, c?est sans doute pour combler un certain manque. Inconsciemment, c?est sûr que j?ai éprouvé un manque en grandissant en France. Mais je sais aussi que je suis très occidentalisée. Je suis dingue de chaussures, je dois en avoir pas loin d?une centaine de paires !
Tout ne me plaît pas dans la culture africaine. A cause de certaines coutumes par exemple, les petites filles ne vont pas assez à l?école. Mais ce que j?adore, ce sont les valeurs. Elles sont exceptionnelles, incomparables. La solidarité, le soutien, et surtout les valeurs familiales? J?adore la nourriture africaine, les tenues vestimentaires typiques. Chez moi on s?y croirait, j?ai décoré avec des tableaux africains, des couleurs chaudes, des petits éléphants, un tam-tam, une petite cora (guitare africaine)? Je suis fan de musique africaine et des instruments de musique typiquement africains. J?écoute Rokia Traoré, Tiken Jah Fakoly, Oumou Sangaré, Salif Keita, Sekouba Bambino, Fode Baro?
J?avais cinq ans la première fois que j?ai été au bled. J?ai encore de la famille sur place. Je n?ai pu y aller que trois fois dans ma vie, avec nos calendriers c?est difficile? La dernière fois, c?était il y a cinq ans, pour seulement une semaine. J?avais payé le voyage à toute ma famille. Trois mois après, ma grand-mère décédait. Je suis très contente d?avoir offert l?occasion à mes frères et s?urs de la rencontrer. Mes grands-parents sont aujourd?hui décédés, mais je suis heureuse de les avoir connus. Tout le monde n?a pas cette chance. »