Magnifique de détermination contre le Danemark, l?équipe de France s?est qualifiée pour la finale du Mondial, mais a perdu Allison Pineau pour de longs mois. Les Françaises, meurtries par la nouvelle, vont devoir chercher au plus profond d?elles-mêmes les moyens de battre la Norvège, dimanche en finale.


Magnifique de détermination contre le Danemark, l?équipe de France s?est qualifiée pour la finale du Mondial, mais a perdu Allison Pineau pour de longs mois. Les Françaises, meurtries par la nouvelle, vont devoir chercher au plus profond d?elles-mêmes les moyens de battre la Norvège, dimanche en finale, avec pour enjeu un titre mondial et une qualification directe pour les Jeux Olympiques.

Ce devait être un jour d?allégresse. De bonheur partagé. On ne se qualifie pas tous les jours pour une finale de championnat du monde, même si c?est déjà la quatrième fois pour cette épatante équipe de France féminine, la deuxième pour une grande partie des joueuses qui la composent aujourd?hui. Les scènes de joie, au coup de sifflet final, étaient fortes. Sincères. Mais elles n?ont pas duré. Les cris ont laissé place au silence, dès que les filles sont montées dans le bus qui les raccompagnait à l?hôtel.

L?ambiance de ce trajet-retour, aux antipodes de celle d?il y a deux ans au même instant en Chine, en dit long sur l?émotion ressentie par tout le groupe France. D?abord Mariama Signaté, dimanche dernier, puis Armelle Attingré lors du même entraînement? Hier, c?est Allison Pineau qui ne s?est jamais relevée de son premier tir en suspension, après seulement cent-vingt secondes de jeu. Evacuée vers un hôpital de Sao Paulo pendant la première mi-temps, elle a très vite appris le terrible diagnostic : rupture du ligament croisé antérieur du genou gauche. Tous les handballeurs le savent, cela équivaut à une indisponibilité comprise entre six mois et un an. Les Jeux Olympiques de Londres débutent dans sept mois?

« Je ne savoure rien du tout »
Olivier Krumbholz avait le masque lors de la conférence de presse d?après-match, à tel point qu?un journaliste étranger lui demanda s?il était bien l?entraîneur d?une équipe qui venait de se qualifier pour la finale d?un Mondial. La blessure d?Allison a clairement gâché la fête. « Je ne savoure rien du tout, confie l?entraîneur français. Je suis très triste. Très fier de mes joueuses, mais très triste. Allison est fauchée alors qu?elle faisait un Mondial extraordinaire, c?était peut-être la meilleure joueuse du tournoi. Ca fait partie du sport de haut niveau, mais derrière ce constat, il y a une personne qu?on apprécie? C?est dramatique. »

Chacune des joueuses de l?équipe de France a bien sûr eu une pensée pour sa coéquipière, pièce maîtresse de l?attaque autant que de la défense. Chacune a souligné que l?équipe de France était allée chercher cette finale pour elle. Et qu?elle en fera de même, dimanche contre la Norvège. « Les Danoises avaient le sourire jusqu?aux oreilles quand Bingo s?est blessée. Mais on a montré ce que c?était que la solidarité », se réjouissait Siraba Dembélé. Menées en début de rencontre, les Femmes de défis ont mis un peu de temps à digérer les larmes de leur demi-centre, portée hors du terrain par le docteur Gérard Juin et la kiné Annick Le Naour. Mais elles n?ont jamais paniqué. Ont repris peu à peu du poil de la bête pour contrer les Danoises et leur canonnière gauchère, Line Jørgensen. Déjà devant à la pause, elles ont enfoncé le clou en deuxième période, sans jamais laisser leurs adversaires revenir à moins de deux buts.

La finale de dimanche s?annonce d?ores et déjà compliquée, face à une Norvège qui ressemble de plus en plus à celle qui a remporté l?or olympique il y a trois ans et l?or européen l?année dernière. « Pour le moment, on ne pense pas à la finale, mais à Allison, avoue Olivier Krumbholz. Je ne sais pas comment on aura récupéré dimanche, mais avec toutes ces blessures successives, on est au bord de la rupture. Je n?ai jamais pensé qu?on était favoris de ce Mondial, on l?est encore moins aujourd?hui. On a peu de chances de remporter la finale, même si on fera tout pour y parvenir. On a fait plus que d?accomplir notre devoir en allant en finale. On a une poisse terrible, mais les filles ont été extraordinaires. » Une chose est en tout cas certaine : les Bleues, renforcées par Marion Limal qui arrive ce soir à Sao Paulo, jetteront toutes leurs forces dans la bataille demain soir. Pour Allison, pour Mariama, pour Armelle et pour Katty. Les Norvégiennes ne sont pas encore championnes du monde. Loin de là?