Dominatrices face au Japon samedi, les Femmes de défis ont pu compter sur une Alexandra Lacrabère très précieuse. La gauchère s?affirme de plus en plus sur le poste de demi-centre, où sa vision du jeu et son timing de passe font merveille.


Ce n?est pas un hasard si, dans les statistiques des matches de l?équipe de France ces derniers mois, Alexandra Lacrabère et Allison Pineau ont l?air de jouer à celle qui réussira le plus de passes décisives. Hier face au Japon, la Béarnaise en a encore distillé cinq, une de moins qu?Allison. « Je suis parvenue à bien distribuer le jeu, expliquait-elle à chaud, dans la zone mixte. Par contre j?ai tiré trop vite, donc mal, mon bras n?était pas relâché. Mais ça ne m?inquiète pas, je sais que je suis capable de faire mieux de ce côté-là. » On connaissait Alexandra Lacrabère tireuse, on apprend à la connaître passeuse. Un rôle qui lui plaît tout autant : « J?aime autant faire jouer les autres que marquer. Peu importe où je joue, arrière droite ou demi-centre, j?ai confiance en moi et je sais qu?Olivier va m?utiliser sur les deux postes. Dans les deux cas, je sais très bien ce que j?ai à faire. »

Olivier Krumbholz, justement, goûte particulièrement le sens de la passe de sa protégée : « Alex est une joueuse comme on n?en a pas assez. Elle voit le jeu, elle est lucide, elle feinte et fixe très bien, et en plus elle tire, même si elle n?utilise pas encore assez son bras pour le moment. Avec elle, on revient à la simplicité du jeu. » Blessée en 2007, et à nouveau en 2009, Lacrabère disputait hier, à 24 ans, le premier match de sa carrière en championnat du monde. « J?y ai pensé en entrant sur le terrain. Je me suis dit : ça y est, j?y suis. »

« Des passes que j?aime tellement recevoir quand je suis arrière »
La dernière passe est peut-être ce qu?il y a de plus beau dans le handball. Elle est l?apanage des artistes. Elle requiert un timing parfait, du talent, et du travail. « Le timing, ça se travaille collectivement à l?entraînement, mais aussi individuellement. Pour faire la bonne passe au bon moment, je me mets à la place de ma coéquipière, afin de savoir ce qu?elle va faire, analyse Alexandra. Je fais la passe en fonction de ce que je vois, ce n?est pas défini à l?avance. Par contre je mets tout en ?uvre pour être en situation de la faire : fixation de la défense, feinte de tir? C?est parce que je suis aussi une tireuse que je peux faire des passes au pivot, sinon la défense ne monterait pas sur moi. Pour les passes décisives aux arrières, je sais où et comment les faire, car ce sont des passes que j?aime tellement recevoir quand je suis arrière et que je déborde dans l?intervalle extérieur? »

La joueuse d?Arvor semble arrivée à maturité depuis quelques mois. Le fait qu?elle réussisse aussi bien à la mène n?est finalement guère surprenant, compte tenu de son gabarit et de son intelligence de jeu. Eric Baradat, l?adjoint d?Olivier Krumbholz, qui la connaît parfaitement pour l?avoir entraînée dans le Sud-Ouest quand elle avait entre 11 et 18 ans, abonde dans ce sens : « Quand on a une gauchère, on a tendance à la faire jouer arrière droite. Mais imaginons qu?Alex ait été droitière : serait-elle alors devenue arrière latérale ou demi-centre ? La morphologie joue un rôle dans la définition des postes, mais la psychologie aussi. Alex est une passionnée de jeu, ce n?est d?ailleurs pas un hasard si elle est en chambre avec Raphaëlle Tervel. En début de carrière, elle tirait beaucoup pour se rassurer. Aujourd?hui elle cherche juste à être utile à l?équipe. Elle est en train de prouver qu?elle est, aussi, une véritable demi-centre. » Avec elle et Allison Pineau, l?équipe de France est désormais bien pourvue sur ce poste clé du jeu d?attaque. On se régale par avance du prochain concours de passes décisives entre les deux?