Epoustouflante lors de la si importante victoire de la France sur la Suède en huitième de finale, Alexandra Lacrabère savoure la double qualification des Bleues pour les quarts de finale du Mondial et pour le tournoi de qualification olympique en 2012. Elément détonateur de la révolte tricolore en seconde période, elle se confie sur la meilleure prestation de sa jeune carrière.

« Alexandra, quel sentiment prédomine après cette qualification durement acquise ?
Le soulagement, surtout? La joie, aussi. Si on avait perdu ce match, on aurait eu d?énormes regrets. C?est tellement énorme d?avoir une telle force mentale dans l?équipe. Tout le monde a apporté sa pierre à l?édifice. On a fait une énorme deuxième mi-temps. Depuis le début, je le sens bien, ce Mondial. On a pleins de qualités partout, à tous les postes, même si Mariama est maintenant blessée et qu?elle nous a manqué en première période.

Vous avez eu besoin de quarante-cinq minutes pour vraiment retrouver votre jeu?
En première mi-temps, on n?osait pas. Je pense qu?on avait un peu peur. On n?a pas réussi à se rassurer avec la défense en 0-6 (les six joueuses alignées le long de la zone, ndlr). On perdait trop de duels, mentalement on a un peu flanché. Mais dès qu?on est passées en 1-5, en deuxième mi-temps, on a été obligées de remettre de l?agressivité et de l?envie. Dans ce système, il y a davantage d?espaces à couvrir, il faut faire plus de courses, et on se doit de les faire, sans quoi on sait que ça ne marchera pas. Notre défense en 0-6 reste la plus efficace, mais la 1-5 a vraiment été énorme, alors qu?on ne la travaille quasiment pas à l?entraînement. Je pense aussi qu?on était au-dessus physiquement. Dès qu?on est revenues à égalité, j?ai bien senti qu?elles étaient mortes. Elles ont flanché comme on avait flanché contre le Brésil.

Pensez-vous que cette défaite face au Brésil au premier tour vous a été utile sur ce huitième de finale ?
Oui, au niveau de l?état d?esprit de toute l?équipe. On est restées soudées, et on a réussi à gérer les problèmes qu?on n?avait pas pu résoudre contre le Brésil. On a réglé la défense et nos tirs lors de la seconde période. C?est tellement important de ne pas lâcher dans ces moments-là? On ne voulait surtout pas rentrer demain (aujourd?hui) en France. Personne n?y a songé. Les Suédoises, elles, ont peut-être aussi été trop confiantes. Elles ont vu que Mariama était blessée et ont dû s?en réjouir un peu trop.

« J?ai progressé mentalement »

Etes-vous d?accord pour dire qu?il s?agit de votre meilleur match en équipe de France ?
Je pense que oui. Je suis parvenue à prendre mes responsabilités aux bons moments, et je me suis sentie bien en défense. J?ai apporté ce que j?avais à apporter. Chacune a pris ses responsabilités à différentes périodes du match. Je me sentais bien en deuxième mi-temps, j?ai lâché mon bras. C?est là qu?on voit que j?ai progressé mentalement. Car je ne suis pas satisfaite de mon début de match, mais j?ai réussi à redresser la barre au moment où il le fallait.

Comment y êtes-vous parvenue ? Cela s?est-il joué dans les vestiaires à la mi-temps ?
Oui, entre autres. Je me suis dit que j?avais un rôle majeur dans cette équipe, et qu?il fallait que je le démontre. Que si je ne le faisais pas aujourd?hui, je ne le ferais jamais? Je ne voulais surtout pas avoir de regrets à la fin du match. Ca a marché.

La physionomie de ce match peut-elle vous aider à mieux aborder le quart de finale contre les Russes ?
Oui, c?est bien d?avoir fait ce match avant de jouer les Russes, d?avoir pu ressortir la défense en 1-5? Maintenant on va faire retomber l?adrénaline et l?euphorie pour préparer ce quart de finale très sérieusement. On sait que ce sera très dur. Mais ce sera la revanche du quart de finale des Jeux de Pékin (perdu après doubles prolongations, ndlr), un match qui m?est resté en travers de la gorge?