Depuis le titre Mondial, ta vie a t’elle changé ?
Honnêtement non. Il y a eu de l’euphorie mais nous sommes vite revenues dans nos habitudes. Au bout du compte, je trouve que c’est vite redescendu et c’est dommageable. Mais d’un point de vue privé, je suis contente de pouvoir mener ma petite vie de la même façon.
Au point de ne pas changer de vie et de t’engager deux saisons de plus à Metz HB ?
La plupart des joueuses parties à l’étranger effectuent le chemin inverse. Au fond, je crois que j’ai besoin de stabilité et il n’y avait pas de raison de partir, surtout à l’aube d’une saison très particulière.
Tu as seulement disputé quatre compétitions internationales depuis 2015 avec l’équipe de France et tu as remporté trois médailles. Que t’inspire cette statistique ?
C’est énorme ça ! Ça me fait rire. Oui c’est vrai, je ne m’en étais pas rendue compte. Trois sur quatre, c’est assez fou. Je suis la seule dans ce cas-là, non ? C’est un mini-record (rires).
Et en à peine deux ans, tu t’es aussi imposée comme la patronne de la caisse noire de l’équipe de France…
Non la vraie patronne, celle qui gère les comptes de la caisse noire, c’est Grace (Zaadi). Elle est au cœur de notre organisation (rires). Je pense qu’on le fait bien. Je suis celle qui voit, qui surveille et qui n’hésite pas à aller réclamer les sous. Voilà, et pour l’instant, la caisse est chez moi et on projette d’acheter une console de jeux.
Avec la prime de championne du monde, les amendes vont-elles augmenter ?
Cela ne m’a même pas traversé l’esprit car les tarifs sont déjà élevés. Le téléphone qui sonne à table, c’est 5 euros, et ça double les jours de match. On va rester dans ce bon esprit.
Tu es perçue comme une « bonne cliente » par les médias. Apprécies-tu les sollicitations médiatiques ?
Énormément. J’aime bien m’exprimer et dire ce que je pense, sans blesser ou offenser qui que ce soit, mais je dis les choses, quand ça va bien ou quand ça va mal. OK, parfois je défends l’équipe mais j’essaie tout de même d’être objective. J’ai répondu aux sollicitations car il fallait profiter de la fenêtre médiatique pendant ces quelques jours où les spots étaient braqués sur nous.
Revenons sur le Mondial. Comment s’est opérée la métamorphose entre le Tour préliminaire et le tableau final ?
Lors de ce premier tour, nous avons vraiment voulu jouer tous les matches mais il nous manquait quelque chose. D’entrée, face à la Slovénie, on s’est pris une grosse claque. Nous n’étions pas prêtes alors qu’on avait toutes cru qu’on serait tout de suite au niveau. Même face au Paraguay, on voit dans l’inside de beIN SPORTS, qu’Olivier est obligé de nous en mettre une à la mi-temps. Nous avons tellement été mises en difficulté dans le jeu et mentalement, que cela nous a renforcé et plus rien ne pouvait nous arriver après Trèves. Chaque match a été une bataille.
As-tu revu la finale du championnat du monde à tête reposée ?
C’est très rare mais je regarde parfois les matches à forte émotion. J’avais revu le France – Espagne des J.O. de Rio. Cette finale d’Hambourg, je l’ai revue une première fois avec mon compagnon, comme une supportrice, avec toutes les émotions pour vivre le truc ; cela faisait bizarre. La 2e fois, je l’ai revue avec un autre œil, plus porté sur le jeu, ce que j’avais fait, les décisions arbitrales, réécouté ce qu’avait dit Olivier (Krumbholz) sur les temps-morts.
À bientôt 30 ans, as-tu le sentiment de te situer au pic de ta carrière ?
J’ai déjà fait beaucoup et jamais, même dans mes rêves les plus fous, je n’aurais imaginé remporté tout cela, trois métaux en deux ans, un titre de meilleure défenseuse. Est-ce que c’est possible de faire encore plus ? En club et en équipe de France c’est sûrement possible. La chose qui manque en fait, c’est un titre à la maison avec l’équipe de France.
Pour viser le titre continental à la maison, le programme de l’équipe de France propose une série de 10 matches amicaux qu’il faudra pourtant aborder avec le plus grand sérieux. À commencer par le double rendez-vous face au Brésil, à Bayonne et à Pau…
Ce ne sont pas des matches de qualification mais ils vont nous servir à bien préparer l’EHF EURO 2018. Clairement, nous allons entrer dans la préparation de cet événement et ce premier stage tombe à point. Depuis notre titre, nous avons pu toutes souffler et nous retrouver sera une vraie fête. Nous allons le célébrer avec le public.
Au mois de juillet, l’équipe de France mettra le cap sur la Martinique. Est-ce un regret de n’avoir jamais joué en Guyane sous le maillot tricolore ?
Bien sûr que j’aurais aimé aller jusqu’en Guyane mais si l’équipe de France se rend à la Martinique, c’est bien que cette dernière a fait acte de candidature. Je retiens surtout que jouer dans les DOM est une façon de rendre un très bel hommage aux Territoires qui ont produit tellement de joueuses. L’équipe de France n’occulte personne et montrera sa diversité 10 jours durant à la Martinique. Avec la Norvège cela promet un très beau spectacle
Et ce sera encore un séjour avec les Norvégiennes. Quelle relation entretenez-vous avec vos meilleures ennemies ?
Je m’exprime en mon nom. Avec Stine (Oftedal), on rigole ensemble et dans l’ensemble j’échange des sourires avec les autres joueuses. Voilà, c’est cordial et ça s’arrête là. J’ai d’autres rapports bien plus amicaux avec les Espagnoles et les Néerlandaises. Et pour évoquer le terrain, l’équipe de France ne déploie peut-être pas le plus beau jeu mais elle possède la seule défense au monde capable de contrer l’un des plus beaux jeux.
Avant les play-offs de la LFH, Metz HB fait cavalier seul. Du coup, l’attente grandit en Ligue des champions…
Franchement, je n’ai plus envie de parler du Final 4. On est encore très loin. Juste après le premier tour où nous avons concédé une seule défaite, je crois qu’inconsciemment nous nous sommes trop projeté. Nous avons très bien joué mais face à des adversaires, sans leur faire injure, qui étaient en dessous de notre niveau. Nous visons la 2e place de notre groupe afin de recevoir lors du quart de final retour.