Avec le Metz HB, Béatrice Edwige a rapporté une victoire éclatante et précieuse (32-21) de son déplacement à Brest, dans le cadre du tour principal de la Ligue des Champions. Malgré un palmarès qui ne cesse de s’étoffer, la meilleure défenseuse du monde n’est jamais rassasiée.

Quelle recette magique avez-vous trouvé pour vous imposer une 2e fois, aussi largement, à Brest ?
Je pense que Manu (Mayonnade) a su trouver les bons mots. Il a su nous remobiliser et il nous a aidé à faire abstraction du match remporté le 29 décembre (35-20). Et même sans ses mots, on aurait donné le maximum. Nous avons l’ambition de gagner tous les matches à domicile. Nous avons très bien fait la différence entre les deux matches : il fallait aussi gagner en Ligue des Champions car nous avions besoin de points à l’extérieur, à Brest ou ailleurs. Notre objectif était de continuer sur notre bonne lancée.

Malgré la perte d’Ana Gros et de Laurisa Landre, deux internationales, votre équipe est toujours performante. En quoi est-elle plus solide que l’an passé ?
Je trouve que le départ d’Ana a redistribué toutes les cartes et les responsabilités. Elle était notre serial-buteuse. Notre jeu penchait beaucoup à droite, on faisait tout pour qu’Ana soit placée dans les meilleures conditions. Xenia (Smits) et Grace (Zaadi) ont ainsi pris plus d’ampleur. Aujourd’hui, lorsqu’on regarde nos statistiques, on s’aperçoit que tout le monde marque cette année. Le danger vient de partout et cela fait notre force.

À titre personnel, estimes-tu réaliser une, si ce n’est, ta meilleure saison ?
Depuis le retour de l’Euro, je trouve que Manu a su bien gérer l’effectif. J’ai énormément joué avec l’équipe de France et du coup, en rentrant à Metz, j’ai été un peu moins sollicitée. Astride (N’Gouan) a été très compétitive et il n’y avait pas toujours de raisons de me faire rentrer. Alors, on partage le temps et je récupère ainsi beaucoup plus vite. Je le vis bien et je n’ai pas de difficultés à enchaîner les matches.

En quoi l’expérience malheureuse du quart de finale perdu à Bucarest, elle-elle profitable à votre équipe ?
Je n’ai pas l’impression que cela ait changé quelque chose. Mais il est vrai que nous en parlons régulièrement entre nous, notamment des circonstances d’avant match, avec deux déplacements consécutifs rapprochés et la grève des transports. Certes, nous avons mal joué mais le contexte était défavorable. À Bucarest, ce jour-là, nous avons craqué et ce n’était pas le bon jour pour ça. Nos instances doivent tout mettre en œuvre pour faciliter la préparation des matches importants des clubs engagés en Ligue des Champions. Lorsque nous irons jouer à Rostov (23 février), on aura dû se rendre en amont à Nantes (LFH) puis à Besançon (Coupe de France). J’ai l’impression que personne ne tire les leçons.

Six semaines après le titre européen, quel regard portes-tu sur cette nouvelle grande performance ?
Nous n’avons jamais le temps de savourer nos titres. Comme dans le fast-shopping où toutes les collections s’enchainent, et bien de notre côté on fait de la fast-compétition. C’est donc compliqué de profiter mais nous sommes bien fêtées dans les salles.

Estimes-tu que l’équipe de France féminine a changé de statut ?
Non, elle n’a pas changé de statut mais elle a gravi plusieurs marches. Je crois que le public apprécie ce que dégage cette équipe et pas seulement pour le handball. On sent les gens attachés à nos délires, à notre manière de vivre, à notre côté « nature ».

En quoi la qualification directe pour les Jeux olympiques va-t-elle modifier la préparation de l’équipe de France pour le prochain mondial puis les J.O. ?
Forcément, nous voulons tirer le bénéfice de cette qualification pour bien nous préparer. Olivier (Krumbholz) ne décide pas de tout, tout seul, mais sur certaines choses il a encore une main très ferme. Sur ce point-là, je pense qu’il a déjà son idée qu’il va nous interroger. Ensuite, il tranchera. Sur le podium de l’Euro, la première chose qu’on lui ait dite, c’est : « nous allons avoir des vacances en juin. » Voilà, l’appel est relancé (sourire).

La récente annonce de ton engagement avec le grand club hongrois de Györ a été relayé au-delà des médias régionaux. Est-ce réjouissant pour toi ou encombrant que soit commentée ton actualité au-delà de la sphère handball ?
J’ignorais que cela avait été relayé ainsi mais je savais que l’AFP (Agence France Presse) avait contacté le club. En soi, que cela me concerne ou une autre joueuse, c’est énorme car cela veut dire que le hand est reconnu. C’est réjouissant car c’est une reconnaissance pour tout le travail de formation du club de Metz. Pour moi en revanche, c’est un peu encombrant et je ne voulais pas communiquer sur mon engagement avec Györ. Mon président, Thierry Weizman, l’a fait et du coup j’ai donné une interview à Pierre Menjot de l’Équipe qui avait connaissance de l’information depuis un bon moment déjà.

La Maison du Handball a été inaugurée le 9 janvier par le président de la République. Avec l’équipe de France, tu as effectué plusieurs stages et il y a quelques semaines avec Metz HB. Quels sont ses atouts et t’y sens-tu comme à la « maison » ?
Cette Maison du Handball, je la trouve vraiment bien. Elle a été construite pour le handball et on s’y sent bien. C’est un lieu superbe avec ses chambres spacieuses, les deux salles d’entrainement, la salle de musculation, la balnéothérapie. Franchement, il n’y a rien à redire. J’y suis revenue fin décembre avec Metz HB et nous avons séjourné au 3e étape et pris nos repas au self. Même cette prestation standard, je l’ai trouvée très bien.

Quel est ton regard sur la performance de l’équipe de France masculine lors du Mondial qui vient de s’achever ?
Les garçons sont allés chercher cette médaille de bronze et en terre hostile ! Battre les Allemands, il faut toujours prendre. C’est un nouveau groupe et ce n’est pas simple de renouveler une équipe. J’ai entendu parler de la cadence des matches, des blessés… Cette médaille de bronze décrochée, avec ce nouvel effectif, est donc énorme. En fait, cette équipe me fait penser à la nôtre en 2016 lorsque nous sommes arrivées aux J.O. Seulement un tiers de l’équipe avait déjà participé aux J.O. et me souviens que cette médaille d’argent avait eu, pour moi, la couleur de l’or. Je fais ce parallèle car pour ce groupe c’est une belle première médaille, pour commencer une nouvelle histoire.