Au lendemain d’une courte défaite à Dunkerque en LidlStar Ligue, l’ancien capitaine de l’équipe de France honore le rendez-vous. Toujours disponible et affable, il revient d’abord sur le déplacement épique en Islande où son équipe s’est inclinée d’un but lors du match aller du 2e tour de la Coupe EHF – Une défaite restée anecdotique car ce dimanche les Provençaux se sont imposés 36 à 25 – Outre le match des Légendes disputé à la Maison du Handball, Jérôme Fernandez évoque sa nouvelle carrière d’entraîneur au Pays d’Aix Handball où évolue en N2, un certain Florent Manaudou.
Racontes-tu le voyage, épique, effectué il y 10 jours en Islande ?
Nous avons rallié Paris par TGV puis nous avons pris un vol direct pour l’Islande. Nous sommes arrivés le vendredi soir sur l’Île et nous avons pu nous entraîner le samedi, dans la salle du club de Reykjavik. Tout se passait bien jusqu’au dimanche matin où nous avons enchaîné les déconvenues. Notre départ était programmé à 06h pour deux heures de route vers un ferry qui devait effectuer une traversée de 45 minutes vers les Îles Vestmann. Mais il a été annulé et nous avons fait demi-tour après une heure de route. Nous avons rejoint un autre port, situé à une heure de notre hôtel, cette fois pour une traversée de trois heures.
C’est là que le voyage a pris une tournure délicate pour certains…
Rapidement, il y a eu 2-3 joueurs qui sont tombés malades, puis ce fut une véritable hécatombe. Après 2h30 de traversée, les joueurs étaient tombés comme des mouches, ils étaient tous allongés. Nous sommes arrivés à peine deux heures avant le match et les garçons n’étaient pas très vaillants. Mais les Islandais ont bien joué le coup et ils nous ont bien tenu sur le plan défensif. En attaque ; nous avons eu du déchets. Mais en perdant d’un but, nous avons limité la casse pour préserver toutes nos chances au retour.
Alors comment s’est passé le retour ?
Les dirigeants du PAUC ont appris sur place qu’il y avait moyen de louer des petits avions pour effectuer le retour… en 20 minutes.
Nous sommes rentrés plus rapidement et sans embûches.
Mais vous n’aviez pas pris les informations auprès des dirigeants de l’IBV Vestmannaeyjar ?
On leur avait demandé des renseignements mais ils ont un peu fait la sourde oreille. Ce n’est pas une équipe majeure et elle joue avec ses armes.
Un tel voyage peut-il avoir des vertus pour l’esprit de groupe ?
Cela peut être formateur. Tout au long de la saison, nous voyageons de manière assez confortable, en bus, en TGV et en avion pour les déplacements à Rennes et à Nantes. À Aix-en-Provence, les garçons évoluent dans un joli cadre et une atmosphère plutôt douillette : une belle salle pour s’entraîner, un bon climat et une ville très agréable. Les conditions de travail sont parfaites et la pression n’est pas considérable. Cela peut faire du bien de souffrir un peu.
Ton passage de joueur à entraîneur, outre le cumul des fonctions la première saison, s’est effectué sans transition…
J’ai eu beaucoup de chance de terminer ma carrière de joueur au moment où je l’avais décidé. Le PAUC m’a offert l’opportunité de découvrir le métier, petit à petit, d’abord en étant joueur-entraîneur, puis en devenant entraîneur avec l’obtention du diplôme.
Comment te projettes-tu dans ce métier d’entraîneur ?
J’envisage la carrière d’entraîneur comme celle de joueur, avec humilité et étape par étape. J’ai la chance d’entraîner déjà un club de LidlStar Ligue. J’avais imaginé cela pour apprendre, petit à petit, le métier, plutôt que démarrer par une sélection ou un club huppé de la Ligue des Champions. Apprendre le fonctionnement d’un club, décliner une philosophie jusqu’aux catégories jeunes, apporte plus de liberté.
En quoi le profil du club du PAUC, l’a emporté sur ton souhait initial de développer un projet avec le Fénix de Toulouse ?
Lorsque j’ai compris que mon projet à Toulouse aurait du mal à se mettre en place, je me suis rapproché des dirigeants d’Aix-en-Provence. Ils m’ont alors montré la plaquette de l’aréna dont le budget avait été voté. Il n’y avait plus qu’à la construire alors je n’ai pas hésité car je connaissais le potentiel du club dans cette région.
Quels étaient les objectifs à l’aube de la saison 2015-2016, la première pour toi à la tête du club ?
Il a d’abord fallu mettre en place un staff compétent et étoffé puis recruter de façon intelligente avec nos moyens. En trois saisons, nous sommes passés d’une ambition de maintien à la découverte de la coupe d’Europe. Il faut maintenant pérenniser et confirmer le projet dans un championnat très relevé. Ce n’est pas ce que j’avais connu en Espagne. En LidlStar Ligue, il n’y a pas de matches faciles, même les équipes qui arrivent de Proligue sont solides.
Si la carrière d’un sportif de sportif de haut niveau est très exigeante, aujourd’hui ton emploi du temps est encore plus dense…
Disons qu’il s’agit d’une fatigue différente, depuis que je suis entraîneur je passe toute la journée au club. Entre les entraînements, la vidéo, la gestion… Les journées sont en effet bien remplies mais je suis un jeune quadra qui a envie de s’impliquer. Mon rôle de capitaine en équipe de France m’a fait évoluer. C’est un choix de vie, qu’il faut vivre à fond donc je ne compte pas mon temps. Certains comme Patrice (Canayer) dure très longtemps, d’autres moins… Comme je l’avais dit à mon épouse : « Tu te plaignais de mes absences, ce sera pire. »
Tu évoques Patrice Canayer, quels sont les techniciens qui t’ont influencé ?
Je m’inspire du travail de Patrice, de Valero Rivera, de Talant Dujshebaev et de Raul Gonzalez. Ce sont les meilleurs que j’ai eus dans le très haut niveau.
Quel type d’entraîneur es-tu ?
Je n’ai plus trop besoin de corriger mes joueurs sur le plan technique. En revanche, je suis très directif pour mettre le projet de jeu en place, sur les automatismes. Mon rôle est plus de jouer sur la motivation et les leviers psychologiques. Ils vont petit à petit acquérir plus d’expérience.
La venue de l’équipe de France à Aix-en-Provence doit te ravir. Tu pourras suivre ce France-Lituanie en tribune, en simple supporter…
Nos chers formateurs du Master Coach ont mis en place une formation les jeudi 25 et vendredi 26 octobre, à la maison du Handball. Dans le cadre de la validation de mon diplôme d’entraîneur, je dois valider mon cursus. J’aurais bien évidemment préféré passer cette étape à Aix ! Depuis les Jeux olympiques de Rio, je me suis mué en supporter avec l’envie de voir l’équipe de France performer. Je n’ai pas de nostalgie mais j’aurais apprécié de voir les Bleus profiter de nos installations.
Heureusement le match des Légendes programmé ce lundi 15 octobre à la Maison du Handball, permet de retrouver les copains…
C’est forcément un moment sympathique pour nous et pour les spectateurs. L’ouverture de la Maison du Handball est un moment historique de notre discipline, fruit de 30 ans de travail de la fédération et de plus de 20 ans d’excellents résultats, tant en filles qu’en garçons. Elle est la récompense du travail engagé par tous, les entraîneurs et les générations de joueurs, les dirigeants. Nous possédons maintenant notre cocon à un moment charnière pour la formation des cadres et des jeunes. Il ne faudra cependant pas perdre la proximité avec les Territoires qui a nourri les succès.
Florent Manaudou est sociétaire du PAUC depuis la saison 2016-2017. Comment s’effectue sa progression ?
Florent a énormément progressé, à vitesse grand V. En une année et demie, il est devenu un véritable joueur de Handball et une pièce maîtresse de notre équipe réserve qui évolue en N2. C’est un champion, doté d’une grande force mentale, très travailleur, très habile et qui frappe fort, et doué d’une dextérité au-dessus de la moyenne dans n’importe quel sport.
Doit-on s’attendre à le voir évoluer plus haut, en LildStar Ligue ?
L’écart de niveau entre la N2 et la LildStar Ligue, un championnat de référence, reste trop important. Florent n’aura pas le temps de progresser plus encore pour avoir une chance, un jour, d’évoluer dans l’élite. S’il poursuit sa progression, il pourra très certainement signer un contrat en Proligue, dans un ou deux ans, et faire partie des deux pivots d’une équipe.