Entraîneur de l’équipe de France U18, Laurent Puigségur était évidemment présent aux interpoles féminins où il pilotait l’équipe d’Occitanie. Il livre son analyse de cette compétition qui constitue une étape importante du Parcours de performance fédéral.

Laurent, que retiens-tu des interpoles 2018 qui se sont déroulés à Bourg de Péage ?
Avec onze matches au programme chaque jour, cela demande une organisation très pointue. J’aime beaucoup cette formule qui permet de voir toutes les équipes sur un même lieu et dans un laps de temps assez réduit. C’est pour moi l’occasion de souligner le travail accompli par les bénévoles et les équipes de la Ligue Aura, du Comité de la Drôme et du club de Bourg-de-Péage. Idem pour l’équipe d’Occitanie avec le travail de l’ombre réalisé par la responsable du pôle, Sandrine Boulesteix.

Et d’un point de vue sportif ?
J’observe que le niveau s’est resserré avec très peu de matches déséquilibrés. La présence des équipes (Bourgogne – Franche-Comté, Centre – Val-de-Loire, Grand Est et Île-de-France) dans le quatuor de tête est très cohérente. J’ai ainsi pu poursuivre le travail de détection sur les 2000 – 2001 en vue du prochain Franco-allemand et pour la suite. Au total 54 joueuses seront retenues.

Doit-on s’attendre à un renouvellement du groupe qui a terminé 4e de l’Euro 2017 ?
La liste des dix-huit joueuses de l’équipe de France U18 pour le franco-allemand (à Amiens, du 12 au 18 mars), sortira cette semaine. Des jeunes filles ont pris de l’avance mais je ne m’interdis rien. J’ai vu de bons comportements et des satisfactions individuelles à Bourg-de-Péage. Dans un mois à Amiens, se tiendra également le SN3 en marge du franco-allemand, cela permettra d’observer 36 joueuses supplémentaires.

Lors de ce grand rassemblement de la filière féminine, les techniciens ont-ils l’occasion d’échanger en profondeur ?
Il y a surtout des échanges informels car en réalité la plupart des techniciens s’occupent d’une équipe et il faut être précis. Les entraîneurs des pôles viennent nous voir pour parler des joueuses absentes sur blessure ou qui n’ont pas montré le niveau de performance attendu. Nous discutons également des différents contenus pédagogiques.

En quoi le titre mondial décroché par les A en Allemagne peut-il dynamiser le parcours de ces jeunes filles ?
J’espère de tout cœur que les filles vont s’approprier le parcours des grandes. Surtout, qu’elles comprennent les moyens à mettre en œuvre pour y arriver. Cela représente des contraintes, même de la souffrance, mais cela peut procurer des moments d’émotion intenses.

Quels enseignements retires-tu dans la conquête de ce titre mondial ?
Une compétition, cela ne se traverse pas, cela s’écrit et cela se vit. Le début de la compétition a été difficile, avec des matches compliqués. Le groupe est resté solidaire et a su monter en régime. L’équipe a été capable de procéder à des rotations pour ne pas épuises ses cadres, sans que le rendement de l’équipe n’en pâtisse.
Ce que j’ai surtout observé, c’est la capacité des joueuses d’expérience à bien gérer les moments importants et à se transcender pour réaliser des exploits. Il faut que les jeunes filles puissent s’en inspirer.

Et plus généralement, quel regard portes-tu sur la dimension physique de plus en plus prégnante chez les féminines ?
Si l’équipe de France aligne des profils très différents, par exemple au poste de pivot, elle est capable d’utiliser les joueuses avec efficience pour être performante. La densité physique est forte : les joueuses ont besoin de puissance et effectuent un travail de musculation en ce sens. Je note aussi qu’avec l’engagement rapide, les joueuses doivent être en capacité de bien jouer sur jeu rapide. L’aspect cardio est donc aussi important. Ce sont des données intégrées dans la formation des jeunes joueuses.

Que t’inspire le jeu sans gardien(ne), notamment en infériorité numérique ?
Avec cette règle, on se retrouve moins souvent à défendre face à cinq joueuses. Du coup, on travaille de moins en moins le 6 contre 5. Avec ce changement, la sanction de 2 minutes est atténuée. Cela pénalise l’équipe performante en défense qui a moins de chances de récupérer la balle à 6 contre 6.

L’été dernier lors de la campagne de l’Euro, tu as parfois évoqué la dimension mentale. Comptes-tu travailler spécifiquement avec ton groupe sur cet aspect ?
Une réflexion est menée en ce sens. Les A d’Olivier Krumbholz et les U20 d’Éric Baradat comptent dans leur staff une personne en charge de la préparation mentale. Je souhaiterais en effet avoir un regard extérieur par rapport au groupe afin que les filles puissent avoir un dialogue avec une personne spécialisée. Il est possible que dès le prochain stage, nous mettions en place cette nouveauté sur la catégorie U18.