Directeur d’une structure de l’économie sociale et solidaire – Grandira -, possédant un engagement associatif fort, le président de Noisy-le-Grand Handball (D2F), Jean-Christophe Naal est une voix enthousiasmante dans le paysage handballistique national. Alors que son club va partager le 19 février prochain une double affiche mixte avec le Tremblay-en-France Handball, il livre ses ambitions dans l’entretien du lundi.
Jean-Christophe, le 19 février prochain, le club de Noisy-le-Grand Handball dont vous êtes le président va partager l’affiche avec le Tremblay-en-France Handball pour un rendez-vous unique au cours duquel les deux clubs de Seine-Saint-Denis recevront respectivement Saint-Amand Handball et Grand Besançon Doubs Handball au Palais des Sports de Tremblay. Comment est né ce projet ?
Il existe beaucoup de liens entre les deux clubs puisque nous appartenons au même territoire, que certains de nos joueuses et joueurs se connaissent et que des échanges ont déjà eu lieu par le passé. Et puis, plus intimement, Léo, mon fils, a signé comme pro cette saison au TFHB tandis que son cadet, Liam, devrait rentrer au centre de formation la saison prochaine, cela m’amène à être régulièrement au Palais des Sports de Tremblay (rires), pour jeter un œil aux entraînements et aux matchs. C’est ainsi que des liens et des discussions se sont créés avec les dirigeants du TFHB. Assez vite est alors venue sur la table l’idée de créer un évènement commun avec nos équipes. Ce genre de projets, ce sont des rencontres humaines avant tout et je tiens à remercier les présidents Pascal Papillon et Julien Turbian pour la qualité de nos échanges et de nos ambitions partagées autour de notre territoire.
Quelle sera la teneur de cette journée inédite ?
L’idée a été de « dégenrer » le handball ce jour-là en disant : « Venez voir un spectacle de haut niveau. Et ce jour-là, il sera féminin et masculin. » Ces deux rencontres de haut niveau visent en priorité à valoriser notre territoire, la Seine-Saint-Denis à travers ces deux équipes phares. Il y aura aussi une table ronde qui sera organisée entre les deux rencontres afin de parler de toutes les thématiques qui sont importantes pour nous : l’intégration par le sport, la citoyenneté ou encore le fait que la Seine-Saint-Denis soit une terre de talents.
Le tout se jouera au Palais des Sports de Tremblay. Pourquoi ?
Notre salle n’est pas homologuée pour accueillir une équipe de Proligue et la salle du TFHB est vraiment une belle infrastructure qui va permettre de réaliser une belle fête, d’autant que notre match sera diffusé sur Sport en France et qu’une belle production – via un partenariat que nous avons avec le BTS audiovisuel d’Évariste Gallois – sera réalisée. Cela va permettre d’avoir de belles images, avec beaucoup d’éléments de communication pour les deux clubs. Il y aura une billetterie unique et partagée, nos bénévoles travailleront tous ensemble.
Sur le parquet, il y aura par ailleurs deux très belles rencontres. Avec un air de revanche pour Noisy ?
On accueille Saint-Amand Handball qui va se présenter avec sa casquette de favori pour la montée. On en a pris 8 là-bas et on a bien envie de gommer ce match aller manqué. On est très ambitieux à l’idée de pouvoir retourner la situation. On a une équipe jeune, avec moins de rotations, mais on a envie de briller, on veut envoyer du lourd.
En étant 4e du classement, vous avez de quoi créer la surprise. Est-ce déjà une satisfaction d’être à ce niveau cette saison ?
Notre classement est, pour moi, quelque chose d’attendu. On a un plan de bataille établi depuis 4 ans et on s’y tient avec un énorme travail de structuration. On savait dès le début de saison que l’on jouerait le haut de tableau. Malgré la descente improbable en N1 il y a 3 ans, sur les 21 dernières années, Noisy a été 19 saisons en D2F. En 4 ans, on a doublé notre budget pour être à 420 000 €, à la fois avec des partenariats publics et privés, et ce même si ça n’est pas facile car, ici, on est sur des territoires moins simples qu’ailleurs. Si on prend un club comme Plan-de-Cuques, ils sont seuls à exister là où ils sont. En Île-de-France, si on regarde le nombre de clubs de hand qu’il y a à partir de la N2, N1, c’est incroyable. Mais on travaille, il y a de l’engouement autour de nous de la part de nos partenaires. On a deux salariés et trois contrats d’apprentissage en plus des coachs. On veut être VAP la saison prochaine. C’est un changement de statut, un changement de dimension, de structure, mais c’est notre ambition.
Avec la volonté de rejoindre bientôt la Ligue Butagaz Énergie ?
On ne veut pas être prétentieux et il faut savoir avancer avec modestie mais on a cette ambition de vouloir jouer la montée à l’horizon 2024. Pour cela, il faut continuer de travailler, continuer de former et de sortir des joueuses vers le plus haut niveau.
Cette ambition de valoriser la Seine-Saint-Denis, vous l’avez chevillée au corps…
Je suis né ici, ma femme, Sapho, aussi. Elle a joué à Noisy-le-Grand, moi j’ai démarré ma carrière de dirigeant au club quand elle y était, avant de faire une pause et d’y revenir. On a élevé nos enfants ici. C’est un territoire tellement riche et intéressant. La condition de mon engagement au club, quand je me suis impliqué en tant que membre du conseil d’administration, puis en tant que président à partir de 2017, était qu’il s’agisse d’un projet social avant tout. Le haut-niveau, c’est formidable, évidemment. Mais ce que l’on va transmettre, les valeurs, les parcours de vie, la façon que l’on va avoir d’accompagner les jeunes, c’est ce qui m’importe le plus. C’est mon dada et c’est un engagement fort du club.
Au-delà de l’équipe première, vous êtes sur de nombreux fronts. Vous souhaitez ouvrir votre centre de formation l’année prochaine, mais aussi une académie. Comment cela va fonctionner ?
On est une terre de talents, c’est indéniable. À la fois chez les garçons, comme chez les filles. Chaque année, on a des filles qui partent de chez nous pour rejoindre des clubs de LBE. Des gros talents comme Hatadou Sako qui est désormais à Metz, mais pas seulement. Dans notre réserve, qui est aujourd’hui en N2 et que l’on veut voir remonter en N1, on a huit polistes, ce qui n’était pas le cas avant. Et c’est un indicateur très important car on ne doit pas miser tout sur l’équipe première. On se doit de préparer l’avenir. On veut donc ouvrir notre centre de formation l’année prochaine mais aussi notre académie. L’idée est de se dire que le handball peut être un outil de développement, d’accompagnement de la joueuse dès son plus jeune âge. Cela peut aboutir sur du haut niveau mais pas que. La jeune d’aujourd’hui est la citoyenne de demain et on veut l’accompagner par le handball. Et si elle ne devient pas pro, ça n’est pas grave du tout car on veut qu’elle devienne une bonne citoyenne, une bonne Séquano-Dyonisienne et qu’elle représente bien les valeurs de notre territoire.
Quels seront les points de passage pour cette académie ?
Dès la 4e puis la 3e, on commencerait à proposer un parcours balisé avec la possibilité de rejoindre les internats d’établissements avec lesquels on a des accords. On a un premier collège, Victor Hugo, avec lequel on a un partenariat et le projet d’ouverture d’une section handball, mais aussi un collège et un lycée international qui est d’accord sur le principe, sous réserve de niveau. L’idée est de travailler avec les clubs et les jeunes filles de Seine-Saint-Denis. On a fait un test cette saison avec une jeune fille de Bondy qui était toute la semaine à Noisy-le-Grand pour les entraînements mais qui peinait à faire les aller-retour avec son établissement scolaire. On a demandé à la muter. Et ça marche plutôt bien. Elle joue en -16 ans chez nous, on va la chercher trois fois par semaine, et on fera ça avec les autres.
Pour ce projet, vous allez confier les clefs à un sacré profil…
Oui, on va la confier à une ancienne grande joueuse de l’équipe de France : Paule Baudouin. Poly est arrivée chez nous il y a un an et demi, elle a travaillé à reconstituer toutes nos équipes depuis. Comme Mezuela Servier (ancienne joueuse et coach, ndlr) qui est une figure du territoire, on est heureux de pouvoir compter sur Poly, qui est née en Seine-Saint-Denis, à nos côtés. On partage des valeurs qui sont très fortes.
Ces valeurs, on le comprend, elles sont à la fois sportives et sociétales, n’est-ce pas ?
Oui Noisy-le-Grand Handball a vocation à œuvrer pour l’insertion par le sport, mais aussi à la promotion de la féminisation et pas seulement pour les sportives. Il faut aussi parler des entraîneurs, des dirigeantes. Le club compte par exemple 3 hommes et 3 femmes au conseil d’administration. On veut valoriser et faire savoir tout cela à travers cet événement. Et aussi remercier ceux qui nous accompagnent dans nos projets : nos partenaires mais aussi le comité, la ligue, la fédération, des personnes comme Béatrice Barbusse, Vanessa Khalfa, qui sont à notre écoute et nous aident.
Propos recueillis par Antoine Bréard