Avec les trois autres Tricolores (Timothey N’Guessan, Dika Mem et Cédric Sorhaindo) qui évoluent au FC Barcelone, Ludovic Fabregas a remporté la Ligue des Champions 2021 dimanche à Cologne. Le pivot international revient sur ce Final Four avant de s’accorder quelques jours de vacances précieux pour bien démarrer la préparation des Jeux olympiques.
Qu’as-tu ressenti après la victoire dimanche en finale face à Aalborg ?
À la fin du match, j’ai eu de nombreux sentiments. J’ai ressenti beaucoup de bonheur et de fierté de pouvoir décrocher ma 2e Ligue des Champions et surtout la 10e du club. C’est un moment historique et je suis très fier d’y avoir participé. Cela représente aussi beaucoup de soulagement car cet objectif était clairement affiché par le club depuis 2015 et sa dernière victoire dans cette compétition. Pour ma part, c’était aussi mon objectif depuis trois saisons et c’était un moment très joyeux de soulever ce trophée avec mes coéquipiers.
En quoi la déception d’avoir perdu la finale 2020 face à Kiel en décembre dernier, a-t-elle compté dans votre approche de ce Final Four 2021 ?
Je pense qu’il faut regarder avant cette finale face à Kiel. Depuis maintenant trois saisons, on a vécu trois Final Four avec des finalités différentes. La première avec une élimination en demi-finales. Ensuite, face à Kiel, en finale, il y a six mois. Je pense que tous ces moments passés, en plus des saisons complètes, nous ont permis d’avoir une expérience commune. Avec le temps, le groupe a appris à mieux se connaitre. Nous avons gagné en expérience et en maturité. Cela nous a permis d’arriver avec encore un meilleur niveau sur ce Final Four et aller chercher un nouveau trophée.
Le fait de remporter 20 victoires en 20 matches, donne-t-il plus de saveur à votre victoire ?
Bien évidemment. Remporter les 20 matches donnent une saveur plus particulière à ce titre, Nous terminons invaincus en Ligue des Champions et sur les autres compétitions que nous avons disputées. Au total, ce sont 61 victoires glanées sur 61 matches. C’est assez énorme et je crois qu’on ne réalise pas encore la hauteur de notre performance sur l’ensemble de la saison. On peut être fiers de cet exploit. Oui, on peut parler d’exploit car c’est une première de réussir cela. Tout le monde signerait pour un tel objectif en début de saison mais peu l’atteindrait. Nous avons sur dépasser nos limites pour le réaliser et écrire une histoire incroyable.
Avec un tel succès, oublie-t-on tous les tracas d’une telle saison disputée dans le contexte de la Covid-19 ?
Forcément le contexte sanitaire est compliqué. Je pense que nous sommes désormais habitués au fonctionnement sur les compétitions. Nous avons pris conscience que nous devons respecter des consignes strictes et faire preuve de vigilance. À la fin, la victoire prend une saveur toute particulière au regard de tous les investissements fournis pendant des mois. La situation n’est pas simple mais elle ne l’est pour personne. Avec les matches annulés, reportés, nous sommes les plus chanceux de finir cette saison en beauté.
Aviez-vous préparé une finale face au PSG qui était favori face à Aalborg ? Et comment aborder une finale face à un adversaire inattendu il y a encore un mois ?
Pendant notre préparation nous avions énormément travaillé sur Nantes car le match le plus important était la demi-finale. On savait aussi que, dans tous les cas, on serait confronté à Paris ou à Aalborg en finale ou dans la petite finale. Nous avions préparé les différents cas de figure. Nous avons réussi une très belle performance face à Nantes qui était sur une super dynamique avec ses victoires face à Kielce et à Veszprem.
En quoi le fait d’évoluer à Barcelone renforce-t-il ta culture du jeu et élargi ton registre de joueur, tant en défense qu’en attaque ?
Jouer à Barcelone permet de progresser et de voir des choses différentes. De côtoyer aussi de très bons joueurs, un très bon entraîneur, le tout dans une très belle structure très bien organisée. Connaître un club omnisport, c’est quelque chose d’important. Depuis maintenant trois saisons, j’ai l’impression d’apprendre au quotidien, de mes entraîneurs ou auprès de mes coéquipiers. Cette opportunité je l’ai eu grâce à mes performances passées, aussi à Xavi Pascual et à David Barrufet qui m’ont permis de porter ce maillot. Ils sont venus me chercher et m’ont fait signer à Barcelone. Je leur suis redevable et je ne regrette pas d’être venu. Je leur dois d’être heureux dans ma vie et d’être en capacité d’apprendre et de continuer mon apprentissage sur le terrain.
Tu es retenu pour préparer les Jeux olympiques. Même si cela ne constitue pas une surprise, en quoi la préparation des J.O. sera-t-elle différente, toi qui a connu aussi celle pour Rio, des autres compétitions ?
Je suis déjà très satisfait d’être retenu pour cette préparation car c’était un objectif clairement affiché. Je me battrai et je m’entrainerai le plus possible pour faire partie de la liste définitive des joueurs qui participeront aux J.O. de Tokyo. Après les Jeux de Rio, c’est un objectif important. Avoir déjà réalisé une telle préparation peut me permettre d’arriver avec une certaine expérience, aussi il faut mettre les choses à leur place. Depuis 5 ans, il y a eu des changements avec un nouveau staff. Le préparateur physique a changé et des choses seront peut-être modifiées. Nous effectuerons la préparation à Créteil et pas en haute altitude. Tout cela peut modifier la façon de nous entraîner et rapport aussi au style de jeu que nous essayons de mettre en place. Nous verrons quelles sont les surprises préparées par le staff pour ce stage qui sera décisif pour la suite.
Justement, l’échec en finale à Rio et le fait que depuis l’équipe de France n’ait plus disputé une seule finale internationale, sont-ils des éléments de motivation ?
Après l’échec de Rio, cela avait été compliqué. Mais peut-on parler d’échec ? Perdre face au Danemark est quelque chose qui peut arriver et qui dernièrement, est arrivée souvent. C’est la réalité. Ce constat peut nous permettre d’avoir une motivation supérieure. À Tokyo, l’équipe de France aura l’envie d’aller chercher une médaille et le meilleur résultat possible. Cela ne sera pas simple car la poule est compliquée. À présent, la priorité est de bien récupérer et de bien se préparer pour l’événement. La préparation nous donnera des indicateurs sur ce que nous pourrons produire.
Après son retrait de l’équipe de France, une nouvelle page se tourne pour Cédric Sorhaindo qui va quitter Barcelone. Une transmission particulière avec toi s’est-elle opérée ? Symboliquement, par des mots ?
Avec Cédric, nous avons toujours eu une relation particulière. Il est le joueur qui m’a certainement le plus intégré à l’équipe de France et qui m’a aussi très bien intégré à Barcelone lors de mon arrivée. Il a beaucoup compté et il compte toujours et il comptera toujours dans ma carrière, aussi sur des moments personnels. La transmission s’est effectuée depuis plusieurs années. J’apprends beaucoup aussi de Raul Entrerrios, de Gonzalo de Perez de Vargas, d’autres joueurs aussi présents depuis plusieurs années, en écoutant, en regardant, c’est ce qui me caractérise le plus. Avec son départ, nous les jeunes joueurs, nous aurons plus de responsabilités. Après son départ de l’équipe de France entre guillemets car il est toujours à son service, il a fallu assumer, en tant que groupe, des responsabilités qui étaient les siennes. Cela fait partie des évolutions, changements sur lesquels il faut un peu plus se prendre en main et prendre du leadership. On essaie de poursuivre tous nos efforts pour maintenir à la fois nos clubs et notre sélection le plus haut possible car c’est ce qui nous a été transmis. Nous devons être en capacité de maintenir ce niveau d’exigence.
Propos recueillis par Hubert Guériau