Internationale pendant onze années (1997 à 2008), Myriam Borg-Korfanty a écrit avec ses partenaires la première page dorée du handball féminin. Championne du monde 2003 (165 sélections et 261 buts), elle est toujours impliquée avec son club fétiche de Mios-Biganos HB où ses filles incarnent l’avenir : Énola et Lylou Borg sont actuellement en stage avec l‘équipe de France U18.

Suis-tu assidûment le Mondial qui se déroule actuellement en Espagne ?
Depuis les Jeux olympiques, je me tiens au courant plus qu’auparavant. Je suis les matches, car le calendrier est plutôt bien fait.

Comment te comportes-tu, en spécialiste ou en supporter ?
Oh, j’ai deux visages devant un match, celui d’une ancienne internationale qui suit l’évolution du handball et en particulier ce que propose l’équipe de France, et celui d’une supportrice qui vit le match tout en étant un peu critique, au sens positif. C’est-à-dire que je joue avec les filles, je dis tiens « tu aurais pu faire ça, ou ça… » Je suis encore un peu joueuse. Disons aussi que je ne suis pas naïve devant le contenu d’un match.

Cette équipe de France te plait-elle ?
Elle me plait beaucoup. Les joueuses sont restées fidèles aux valeurs de l’équipe de France. Elles ont tout compris sur la défense qui est devenue un acquis. Elles me plaisent d’autant plus qu’elles prennent le jeu à leur compte. Depuis peu, c’est aussi plaisant de voir ce qu’elles proposent en attaque. J’ai réappris à apprécier l’équipe de France depuis les J.O. Je trouve que l’équipe dégage un sentiment de liberté avec des filles enjouées. L’équipe de France, c’est aussi une image et il faut que le public ait plaisir à la voir évoluer. Je trouve que c’est plus positif qu’auparavant.

Quelles joueuses, en particulier, te séduisent ?
Celle qui me fait toujours vibrer, c’est Estelle Nze Minko. C’est une fille en or, c’est mon petit coup de cœur, car elle a commencé à jouer à Mios-Biganos. À ses débuts, elle a été ma partenaire pendant deux saisons. J’aime aussi beaucoup voir jouer Pauletta Foppa. Elle dégage vraiment quelque chose de fort. Je la trouve fiable, sereine et humble. C’est une valeur sûre. Je la kiffe !

Ressens-tu de la fierté à voir cette équipe de France enchaîner les succès et entretenir la mémoire du premier titre remporté 2003 ?
Je suis fière, car nous avons lancé le projet féminin qui a été développé par la fédération. Notre titre a permis un début de prise de conscience que le handball féminin pouvait sortir de l’ombre. Mais nous avons refermé notre livre et la génération actuelle a ouvert le sien. Chaque génération écrit sa propre histoire, avec ses galères et ses bonheurs.

Comment s’organise ta vie professionnelle ?
Je travaille toujours dans une base de loisirs du département de la Gironde. Je poursuis ainsi mon petit bout de chemin dans le sport et l’animation. Et, à côté, je suis impliquée dans le club de Mios-Biganos.

Quel est aujourd’hui ton rôle au sein du club ?
Avec les U18F que j’ai entraînées pendant plusieurs années, c’est aujourd’hui une affaire de famille. Mon mari, Jean-Charles Borg, est le coach de l’équipe première qui évolue en N1. Je l’ai rejoint en tant que coach adjointe. Cela se passe bien, car chacun a trouvé sa place.

Tes filles Énola et Lylou, sont actuellement en stage à la Maison du handball. Que ressens-tu de les voir porter le maillot de l’équipe de France U18 ?
Ce n’est pas surprenant de répondre que je suis une maman très fière de ce qu’elles font. L’équipe de France, c’est une récompense des efforts qu’elles réalisent. Mais je ne vois pas de continuité avec mon parcours. C’est leur histoire, pas la mienne. Je trouve très positif qu’elles puissent s’épanouir et se réaliser dans leur passion. Mais cela peut être lourd pour elles de les comparer avec ce que j’ai fait dans le handball.

Vois-tu dans leur jeu du mimétisme, une gestuelle qui rappelle celle de la maman ?
Je suis leur mère et, franchement, je ne vois pas cela. Mes filles n’ont pas du tout les mêmes qualités, elles sont très complémentaires. Il semblerait que chacune ait prise un peu de moi. Lylou se situe dans la puissance, dans le sens du jeu tandis que Énola est plus aérienne.

Quel regard portes-tu sur l’évolution du jeu ?
Les critères de sélection ne sont plus les mêmes qu’auparavant où il fallait être costaud et tirer de loin. Aujourd’hui, on recherche la vivacité et la rapidité, la capacité à se projeter vers l’avant en 2-3 passes. J’apprécie beaucoup la fluidité dans le jeu et cette capacité à jouer les ballons. C’est une bonne évolution qui ne fait pas la part belle au seul gabarit. Cela étant dit, dans les niveaux inférieurs, je constate que parfois des jeunes qui ont du talent mais pas un grand gabarit, ne sont pas retenues par les entraîneurs. L’évolution est bonne mais il y a encore du chemin à faire.

Propos recueillis par Hubert Guériau