L?équipe de France qui va débuter son Euro, lundi face à la Russie, est une équipe à deux visages. Non pas sur le talent des joueurs, mais sur leur expérience des compétitions internationales. Les Bleus, si titrés ces dernières années, se tournent dorénavant vers l?avenir et les JO de Rio. Sans pour autant sacrifier cet Euro !


D?un côté, 10 joueurs champions olympiques à Londres en 2012 comptant plus de 1800 sélections cumulées. De l?autre, huit joueurs en comptant moins de 200? Voici le groupe provisoire que Claude Onesta a décidé d?emmener au Danemark pour l?Euro 2014. Un groupe hétérogène donc qui, en l?absence de Xavier Barachet, Bertrand Gille et des jeunes retraités Didier Dinart, Guillaume Gille ou Daouda Karaboué, a été contraint de se renouveler. Une mauvaise nouvelle ? Peut-être pas, plutôt un mal pour un bien pour le sélectionneur des Bleus, qui éprouve sûrement des difficultés à se séparer de ses Experts : « Mon métier consiste à gagner la compétition en cours tout en préparant les compétitions à venir. On part aussi à l?Euro pour donner de l?expérience à ces jeunes joueurs qui porteront l?équipe de France à l?avenir. La compétition nous propose un certain niveau de difficulté et cette mise à l?épreuve nous sera bénéfique. ». Car l?objectif final reste la performance aux Jeux Olympiques, dans un peu plus de deux ans. Et il faudra, d?ici là, malgré le peu de temps que les joueurs passent ensemble, que l?équipe soit prête, homogène et soudée.

L?Euro avant tout
Mais chaque chose en son temps. Quelque soit le projet, les handballeurs français ne sont pas venus au Danemark pour faire de la figuration. Penser que des compétiteurs d?expérience comme Daniel Narcisse, Jérôme Fernandez, même de retour de blessure, se présenteraient à Aarhus sans envie, que les joueurs bien installés en équipe de France comme Nikola Karabatic, Guigou, Sorhaindo, Honrubia et Abalo ne viendraient pas pour faire parler la poudre, ou que les petits nouveaux ne seraient pas prêts à briller sur la scène internationale serait une erreur. S?il manque quelque chose, ce serait de la préparation collective, qui parfois trahit l?hétérogénéité du groupe. « Je pense que des équipes sont mieux installées que nous sur cette compétition, car nous avions du mal à entamer une phase de transformation alors que nous gagnions tous les titres, estime le sélectionneur. À l?inverse, le Danemark a su se renouveler et arrive aujourd?hui à pleine maturité ». Aux jeunes maintenant de montrer qu?ils sont une solution d?avenir. Certains ont prouvé pendant la Golden League qu?ils pouvaient répondre présents. Parmi eux, Valentin Porte se détache mais s’est malheureusement blessé. Sans doute l?un des meilleurs Bleus à Bercy, tant par la performance que la constance, il a su rassurer par sa capacité à tenir le poste d?arrière droit en l?absence de Barachet et de Fernandez et le staff médical espère le retrouver rapidement. Avec le retour du capitaine, une rotation intéressante se met en place et c?est le travail qu?il faut attendre de la part de joueurs comme Grébille mais aussi à l?avenir des autres jeunes encore non retenus mais qui poussent aux portes de l?équipe de France.

Pas de droit à l?erreur
Onesta l?a souvent répété pendant la préparation : face aux Danois, aux Espagnols ou aux Croates, les Bleus ne peuvent plus prétendre à une place de favori mais doivent se positionner en outsiders : « On l?a vu contre le Danemark à la Golden League, on est capable de rivaliser avec les meilleurs. On a du potentiel à disposition, mais on sait qu?on risque d?avoir une compétition en dents de scie. Après, si on peut jouer les premiers rôles, on ne s?en privera pas ». Car il le sait, malgré l?absence de grand favori dans le groupe des Français (Groupe C : France, Pologne, Russie, Serbie), la tâche ne sera pas facile. D?une part parce que la compétition regroupe les seize meilleures nations européennes au lieu de 24 pour les championnats du monde, ce qui ne laisse pas de place aux sélections réellement faibles. D?autre part, la formule qui comporte deux phases de poules avec conservation des points acquis au premier tour ne laisse aucune place pour respirer. Tous les matchs sont primordiaux, et le moindre écart peut être fatal. Car à l?issue de ces poules, seules quatre équipes sur douze seront autorisées à rejoindre les demi-finales. « Les équipes comme celles que l?on va rencontrer au premier tour ont du potentiel, s?inquiète Claude Onesta. La Russie devra peut-être un peu puiser dans ses ressources, mais les Polonais sont une équipe aguerrie à ce niveau de la compétition, et on connait tous la qualité et le génie du handball serbe qui peut leur permettre de briller dans ce genre de compétition. On rentre dans le lot de ces équipes qui sont capables des meilleures performances, mais qui sont peut-être aussi trop hésitantes pour s?en sortir dans ce genre de compétitions. Cela dit, j?espère que l?expérience qu?on a pu construire ces dernières années nous permettra d?y arriver. »