Des champions tout simplement
L’équipe de France masculine a une nouvelle fois démontré toute sa force et son génie. En remportant un troisième titre dans l’épreuve la plus relevée que le handball connaisse, les joueurs ont consacré aussi le remarquable travail d’un staff organisé autour de Claude ONESTA pour bonifier leur talent individuel dévoué à cette œuvre collective. Quadruple champion du monde, double champion olympique et maintenant triple champion d’Europe, nulle ne sait combien de fois encore, dans un avenir proche, les handballeurs tricolores danseront encore sur la plus haute marche du podium. Quitte à choisir, même si ce n’est pas le genre de la maison, une victoire en 2017 à Paris aurait une sacrée gueule, 10 ans après le camouflet allemand qui lança pleinement la formidable aventure dans laquelle tous les handballeurs sont définitivement embarqués avec leurs champions, tout simplement.

Trois tableaux avant le chef-d’œuvre ultime
L’équipe de France a traversé cet Euro danois crescendo. D’Aarhus à Herning, la troupe de Claude ONESTA a progressivement mis en place son jeu et assis sa supériorité sur des adversaires majeures corrigés un à un, ou plutôt, + 1 (Pologne), +2 (Croatie), +3 (Espagne) avant l’addition finale : +9 (Danemark).

7e du Mondial espagnol, l’équipe de France entamait cet Euro 2014 sans certitudes. Les matches de Golden League disputés à Paris et au Mans n’avaient pas donné des idées de titre à ses supporters. Du coup, la France se présentait avec une position d’outsider revendiquée en interne, par Claude Onesta

Tour préliminaire : l’examen polonais
La victoire inaugurale sur la Russie (35-28) lançait les Bleus avec assurance avant le 1e choc programmé le surlendemain face à la Pologne. Kevynn Nyokas et ses 9 buts contribuait au premier succès tricolore : ses trois buts d’affilée permettaient de creuser un écart de +6 (13-7) décourageant pour les Russes. En L’entrée concluante de Cyril Dumoulin rassurait la défense conduite par les frères Karabatic. Le gardien chambérien allait encore monter de niveau et réalisé un match remarquable face aux Polonais. Avec ses 17 arrêts, conjugués à l’activité de William Accambray et d’Igor Anic en fin de partie, les Français arrachaient une précieuse victoire (28-27) au terme d’un match très engagé. Un succès fondateur pour Jérôme Fernandez et ses coéquipiers qualifiés pour le Tour principal avant même d’affronter la Serbie. L’enjeu du 3e match était de prendre le maximum de points avant de basculer sur le tour principal. Guillaume Joli obtenait la note de 10/10 pour ses pénalty réussis, soit presque un tiers des buts de l’équipe de France qui s’imposait encore à sa main devant la Serbie obligée de s’imposer pour continuer sa route. Thierry Omeyer rentrait sur le terrain et réussissait ses premiers arrêts (2) au milieu de ses compagnons d’armes.

Valentin Porte a été éblouissant en demies et en finale. (Photo FFHandball / S.Pillaud).

L’Espagne étouffée, le Danemark corrigé
Le dernier carré était conforme au pronostic : les Danois devraient donc se coltiner les Croates pendant que les Français auraient à faire aux voisins espagnols. Ce fut une curieuse demi-finale. Cédric Sorhaindo offrit jusqu’à 5 buts d’avance à son équipe (11-6) à la 20e minute, avant que les Ibériques, déboussolés, ne réalisent une incroyable série à ce niveau et face à un tel adversaire : un 8 à 1 (5 buts de Canellas) qui renvoyait les Bleus aux vestiaires avec 2 buts de retard. Raul Entrerrios ajoutait même une unité et forcément les supporters français s’inquiétaient. La base arrière de l’équipe de France renversait le score : Valentin Porte, Daniel Narcisse et Nikola Karabatic portaient le score à 20-17. À 7 minutes de la fin, l’Espagne égalisait (25-25) et il fallait un Luc Abalo de gala pour accéder en finale : 30-27. La France s’offrait une troisième finale européenne en cinq éditions. Les Danois, aussi double champion d’Europe passait en finale aux dépens des Croates.

Assommés sûrement par la pression d’une finale à disputer à domicile, le Danemark passa complètement à côté de son grand défi pendant que les Bleues jouaient leur plus belle partition. Dès la 17e minute, la finale était jouée : les hommes de Claude Onesta, brillants, menaient déjà de 9 buts (13-4). Mikkel Henssen réduisait la marque à la 30e minute (16-22) mais sur la possession suivante un incroyable Kung-fu initié par Guigou et catapulté par Porte anéantissait définitivement les espoirs danois de triompher à domicile. Les Bleues étaient trop forts. La complicité de l’ensemble tricolore donnait à voir des moments sublimes : une plénitude dans la performance au service de l’efficacité. 41 buts inscrits (contre 32), la symphonie s’achevait par un doublé de Kevynn Nyokas.

Sylvain Nouet et Claude Onesta ont achevé leur parcours commun au Danemark fort de trois titres européens, deux titres mondiaux et deux couronnes olympiques. (Photo FFHandball / S.Pillaud).

Claude Onesta : « On a progressivement levé les doutes. »
Le Toulousain apprécie la victoire de son équipe et se projette déjà sur les prochaines échéances.

Peut-on parler de compétition parfaite ?
Je ne crois pas qu’on puisse parler de compétition parfaite mais plutôt d’une compétition réussie car nous sommes partis de loin. Nous avons réussi à progressivement lever les doutes pour réaliser, peut-être, le match parfait en finale.

Alors était-ce une finale parfaite ?
Les gens du handball mondial nous disent que c’est le match de référence, celui à montrer dans les écoles. On travaille pour cela mais cela fait partie des quêtes impossibles.

La satisfaction qui découle de ce titre est-elle renforcée par l’émergence des jeunes ?
Je reste lucide sur la nécessité de stabiliser les performances. Un joueur qui est allé vite doit se préparer à gérer le moment où ce sera plus difficile. C’est à nous de l’anticiper pour l’accompagner au mieux. Un joueur évalue toujours son niveau là où il a été le meilleur un jour. Pour l’entraîneur, le niveau d’un joueur, c’est la moyenne de ses performances.

Ce succès éclatant vous positionnera en favoris des prochaines échéances ?
C’est en effet ce qui nous attend et c’est un peu toujours comme ça. À l’Euro, nous avons pu être outsiders mais dès demain, on attendra de nous que l’on gagne à chaque fois. Et (s’adressant aux journalistes), si on ne gagne pas, vous parlerez d’échec. Je ne dis pas que nous sommes maltraités mais il y a une grande place entre la réussite et l’échec. On peut bien travailler sans toutefois gagner.

Résultats :
Tour préliminaire :
France
– Russie : 35-28 / Pologne – France : 27-28 / Serbie – France : 28-31
Tour principal :  France – Croatie : 27-25 / France – Biélorussie : 39-30 / France – Suède : 28-30
Demi-finales : France – Espagne : 30-27 / Danemark – Croatie : 29-27
3e place : Croatie – Espagne : 28-29
Finale : Danemark – France : 32-41