Ce n?est plus arrivé depuis les Jeux de 1992. Un autre temps. Celui où le handball n?était pas encore vraiment entré dans l?ère du professionnalisme et de l?internationalisation. A Barcelone, la CEI (ex-URSS) avait décroché l?or chez les hommes, et le bronze chez les dames. Depuis, aucune nation n?a réussi à inscrire ses deux sélections de handball au palmarès d?une olympiade. Nul besoin de passer des heures à remonter les statistiques olympiques pour chercher la trace d?un pareil exploit dans d?autres disciplines collectives du sport français. Qu?on parle de basket-ball, de volley-ball, de football, de rugby ou même de pelote basque (!), le constat est le même. Les médailles olympiques en sports collectifs ne sont pas légion, et aucune équipe féminine portant le maillot bleu-blanc-rouge n?a jamais décroché une breloque olympique? Ce que les handballeurs et handballeuses françaises peuvent prétendre réaliser à Londres est tout simplement gigantesque.
Le grand monsieur du handball français, Daniel Costantini, présent sur les bords de la Tamise en qualité de consultant de la radio RMC, n?y va pas par quatre chemins : « Pour le dire de manière un peu caustique, c?est maintenant ou jamais. Les filles ont une équipe encore jeune et peuvent aussi penser à 2016, mais pour les garçons, une médaille aux Jeux de Rio n?est pas vraiment écrite dans le marbre. C?est déjà extraordinaire d?avoir deux équipes qui sont si proches du niveau nécessaire pour remporter une médaille olympique. Le faire serait quelque chose d?exceptionnel. »
Costantini : « La fédération française de handball citée en exemple »
Les joutes débuteront demain pour les Femmes de Défis, dimanche pour les Experts, dans un cadre « british » peu familier avec l?univers handballistique. Les citoyens de sa Majesté se passionneront sans doute davantage pour le foot, le cyclisme, la natation ou l?athlétisme. Jusqu?à très récemment, ils ignoraient tout du handball, au point que les campagnes d?information avaient pour point de départ l?explication des règles basiques du jeu à sept? Mais le contexte olympique et l?accueil des nombreux supporters étrangers aidant, la Copper Box puis la Basket-ball Arena (à partir des quarts de finale masculins et des demies féminines) ne seront pas des sites délaissés du parc olympique londonien. La proximité avec les frontières de l?hexagone pourraient même se révéler un atout pour les sportifs tricolores.
Si les deux équipes de France ont les moyens de monter sur le podium dans deux semaines, elles ne partent quand même pas tout à fait de la même ligne. Les garçons sont clairement candidats à leur propre succession, avec une ossature identique à celle d?il y a quatre ans et qui a raflé trois titres (deux mondiaux, un européen) sur quatre possibles depuis leur sacre de Pékin. Les filles sont, elles, doubles vice-championnes du monde en titre, et doivent accepter le fait que la Norvège ou la Russie sont davantage citées qu?elles pour la médaille d?or. Surtout, elles devront démarrer pied au plancher dans une poule extrêmement relevée qui n?offre aucune garantie pour personne de disputer les quarts de finale, alors les Experts auront un premier tour nettement plus abordable qui devrait leur permettre d?arriver plus frais au moment des matches couperets. « A priori, les garçons ont plus de chances de podium, ils vont pouvoir monter en puissance sur les quinze jours, confirme Daniel Costantini. Mais a priori seulement, car l?appétit pour la médaille est probablement très fort chez les filles. C?est la récompense qui leur manque encore pour conquérir la notoriété qu?elles méritent. »
Pour l?ancien entraîneur des Barjots et des Costauds, un double podium pour le handball tricolore serait un formidable vecteur pour poursuivre le développement de la discipline dans l?hexagone : « Depuis plusieurs années, la fédération de handball est citée en exemple quand on parle du sport collectif français, et je le dis d?autant plus volontiers que je ne suis plus employé par la fédération. Deux médailles aux JO apporteraient la confirmation de ce que tout le monde pense dans le milieu sportif. J?y crois. Les filles, c?est leur tour. Et les garçons doivent se persuader que c?est encore le leur », conclut maître Costantini. Puissent les dieux de l?Olympe écouter la voix des sages !