Les Jeux se sont achevés par une victoire sur la Chine (23-31) pour les Bleues. Et sur les fins de carrière de quatre joueuses emblématiques, de grandes dames de l’équipe de France féminine et du handball mondial. Un événement qui a donné à cette journée une saveur particulière.


Véro n’a pas pu retenir ses larmes. Le moment était trop important, trop saisissant. Ces dernières minutes passées à galoper, à suer sang et eaux pour le maillot bleu. Cette tunique qu’elle et que ses acolytes Val, Isa et Steph – sans oublier Sophie qui a choisi de faire un break – ont fièrement et dignement portée durant toutes ses années. Ces couleurs que quatre d’entre elles ont révélé aux yeux du monde en cet hiver de 1999 au terme d’une finale épique face à la Norvège à Lillehammer. Prémice de campagnes glorieuses, naissance d’une génération extraordinaire. Alors oui, Véro, a pleuré.

« Je suis fière d’avoir porté ce maillot »

Et, comme un symbole, Paule Baudouin est allée – la première – enrouler ses bras autour des épaules de la pivot Bleue. Elle lui a souri, comme elle sait si bien le faire. Puis Olivier, Philippe Bana et tant d’autres d’autres sont venues l’étreindre. Les « jeunes » Bleues – ont savouré ces derniers instants passés sur le parquet, avec celles qui ont essuyé les plâtres, poser les charpentes, offert – aussi – au handball féminin français, son seul et unique titre mondial, en 2003. » Je suis fière d’avoir porté ce maillot, murmure Véro, les yeux rougis. Pendant toutes ces années, j’ai été fière. Là, je pense à mon fils, à mon mari qui ont supporté tout ça. Je suis aussi fière de ce qu’ils ont fait. Maintenant, je suis de retour à la maison. Chaque instant a été fort. Même quand au début, on ne faisait pas de résultats, c’était magique. L’état d’esprit, l’ambiance… c’était que du bonheur, toutes ces années. « 

De la mélancolie dans la voix, Véro disparait au détour d’un couloir. L’émotion est moins saisissante chez Val, Isa et Steph. Plus secrètes.  » C’était touchant, ces étreintes à la fin du match « , lâche pourtant la gardienne des Bleues.  » J’ai le sentiment qu’on a accompli notre devoir , ajoute Isa. Bien sûr, j’aurais aimé terminer sur plus beau que ça. Et on a failli le faire. Mais je pars sereine. Une page se tourne et je pense que les filles qui restent sont sur la bonne voie. Elles ont compris qu’il fallait s’appuyer, s’inspirer des fondations, du passé pour contruire l’avenir. Et elles le traduisent très bien « .

Même discours chez Capitaine Cano.  » Il y a une certaine culture dans cette équipe, et j’espère qu’elle va se péréniser. Je pense que le comportement qu’elles ont eu sur les derniers matches, où il n’y avait pas vraiment d’enjeu, laisse penser qu’il y a de quoi garder une belle âme dans cette équipe. De tout ça, je ne retiendrai pas seulement les médailles, les compétitions, mais les moments partagés avec les gens, avec cette équipe. Maintenant, j’ai plein de choses à faire, et j’ai envie de faire plein de choses. « 

Sereines, les historiques peuvent se retirer avec le sentiment du travail bien fait. Celui, aussi, d’avoir transmis à la génération des brillantes Leynaud, Lacrabère, Baudouin, Ayglon, Tounkara, Kanto – cette flamme, si belle, si rare et si unique, qui leur a permis -à elles – de soulever des montagnes.

Merci, merci mesdames.