Alors qu’il vient de terminer sur un succès son premier stage à la tête de l’équipe de France Jeune féminine, Laurent Puigségur, raconte comment il a basculé dans le métier de formateur et d’entraîneur…

Il n’a pas traîné. Entré en sports-étude à l’âge de 14 ans « avec une année d’avance que j’ai conservée jusqu’à l’obtention du Bac D », Laurent Puigségur intègre le centre de formation de Nîmes où, dès 1990, il fait partie du groupe qui décroche le titre de champion, le premier de ses 10 sacres. Avec deux entraînements quotidiens, il suit en pointillés ses deux années en Staps, de 1990 à 1992. C’est seulement dix ans plus tard, avec une bardée de titres décrochés avec Montpellier, que le pivot retrouve le cursus estudiantin. « Avec quelques joueurs du club, dont Michaël Guigou, nous avons bénéficié d’une formation sur-mesure au Creps de Montpellier pour passer le BE1. » Ce premier diplôme d’entraîneur lui ouvre-t-il des perspectives dans le métier ? « Non car depuis que j’ai 18 ans, je me projette dans l’idée de devenir un jour entraîneur. Bien sûr j’avais l’ambition de réaliser une belle carrière de joueur mais je savais que je n’avais pas le profil habituel d’un pivot et que pour aller plus loin je devais emprunter un autre chemin. » Ce sera celui de la stratégie et des tactiques. « Mon obsession a toujours été de trouver la faille de nos adversaires pour les surpasser. » En 2001, il obtient le niveau 4 fédéral au sortir d’un Mondial 2001 où il fait partie des héros de la nation, l’or au cou dans un Bercy survolté. Quelques mois auparavant, il avait été recalé pour le voyage vers Sydney et ses J.O. « C’est l’un des plus grands regrets de ma carrière. Je suis le dernier enlevé de la liste. Cela s’est joué avec mon pote Marc Wiltberger. J’ai été extrêmement déçu mais je ne vis pas sur les regrets et sur les frustrations. Je me suis attelé à être bon pour que Daniel Costantini continue à penser à moi. »


Avec l’USAM les débuts avec la N2 féminine de Jacou

En 2006, après avoir aussi remporté l’unique Ligue des Champions d’un club français, il remise son maillot fétiche de Montpellier.« Je souhaitais prendre un peu de temps pour profiter de ma famille mais dès le mois de septembre suivant s’est présentée l’opportunité de suivre une formation DEDPAD qui m’a permis d’obtenir un diplôme bac +4. De 2007 à 2009, je débute avec l’entraînement auprès des -16 ans de Jacou avant de prendre la N2 féminine du club. On bricole avec peu de moyens à ce niveau amateur mais j’ai pris beaucoup de plaisir. En fait, dès que je suis sur le 40 par 20 je suis heureux. » Parallèlement, le champion du monde est recruté par la Ligue Languedoc-Roussillon pour gérer le pôle féminin de Nîmes. Le tableau noir et les bouquins ne sont jamais loin : via une VAE, Laurent Puigségur obtient son BE2. À l’aube de la saison 2009-2010, sa carrière d’entraîneur prendra une autre tournure avec sa nomination à la tête d’un bastion historique, l’USAM. « Lors de la 2e saison, nous n’avions qu’un seul point en février et finalement on s’en sort. La situation était critique et du coup je n’ai pas pu assister à la dernière cession du niveau fédéral 6. » Le jeune entraîneur ne rempile pas pour une 3e saison et il doit composer avec un traitement pour lutter contre le diabète qui vient d’être diagnostiqué.

Expert en formation

D’abord élu puis salarié de la Ligue du Languedoc-Roussillon, Laurent Puigségur endosse aussi le costume de formateur avec la responsabilité de l’Institut de Formation et du Pôle Espoir Féminin. « J’ai fait des rencontres formidables avec des passionnés de handball. J’ai découvert la feuille de match électronique, Gest’Hand, la formation des dirigeants, des jeunes arbitres. En somme, un aperçu assez large de ce qui fait la vie du handball. » Jamais rassasié, il répond à la sollicitation de l’équipe masculine de Grabels : ensemble ils vont conquérir la Coupe de France départementale. « Un super souvenir avec des garçons amateurs qui avaient une telle envie et une telle énergie. »

Au chevet des jeunes filles

« J’ai reçu à la rentrée la proposition d’Eric Baradat, d’Alain Portes et de Philippe Bana de m’occuper de l’équipe de France jeune filles (U18). La tache est ardue mais passionnante et j’espère leur apporter mon expérience. La mission m’intéresse beaucoup car il y a des profils de grande qualité. On me fait venir pour leur inculquer la soif de vaincre et l’ambition, vise Laurent Puigségur qui succède à Christophe Caillabet. J’ai suivi toutes les compétitions estivales, filles et garçons et au quotidien je regarde beaucoup de matches. » Olivier de La Fuente et Myriame Saïd-Mohamed, auparavant en charge des cadettes, l’accompagneront dans sa nouvelle mission. « L’objectif sera de bien expliquer le projet aux filles et de réaliser un amalgame rapide. » Parallèlement Laurent sera toujours responsable du pôle espoir de la Ligue Languedoc-Roussillon. « Je poursuivrai aussi à enseigner la formation d’entraîneur régional au sien de l’Institut de Formation. »

Philippe BANA : « J’ai des souvenirs fantastiques du Laurent champion du monde 2001. Certes il avait peu joué mais c’est un garçon sans lequel nous n’aurions pas été champions du monde. C’était un joueur malin et il a toujours eu le bon conseil, le geste intelligent. C’est un obsédé de la tactique. C’est aussi un gagneur et j’ai plaisir à le retrouver sur le banc de l’équipe de France jeunes filles. En faisant comme lui, un vrai chemin de formation et de militantisme, il est clair que ceux qui ont une expérience internationale possèdent une vraie plus-value pour encadrer. »

PALMARÈS :

– 172 sélections en équipe de France de 1998 à 2001
– Champion du monde 2001
– Vainqueur de la Ligue des Champions 2003 (avec Montpellier)
– 10 fois champion de France : 1990 (avec l’USAM Nîmes), 1995, 1998 à 2000, 2002 à 2006 (avec Montpellier)
– 7 fois vainqueur de la Coupe de France : 1999 à 2003 et 2005 à 2006 (avec Montpellier)
– 2 fois vainqueur Coupe de la Ligue : 2003 et 2004 (avec Montpellier)