Peux-tu nous révéler le titre et le contenu de ton prochain ouvrage ?
Nous travaillons actuellement sur la couverture et mon éditeur (Anamosa) ne m’a pas autorisé à donner le titre du livre qui sortira le 13 octobre 2016. Le thème porte sur le sport et le sexisme avec comme fil rouge le journal de bord que je tiens depuis une dizaine d’années. Le Handball sera présent mais pas seulement afin de produire un contenu équilibré et complet.
C’est un sujet qui te tient particulièrement à cœur : est-ce un livre militant ?
Il est parfois traité par les journalistes mais de manière assez simpliste. Ce qui m’intéresse dans le travail d’écriture, c’est de rendre accessible au plus grand nombre ce qui reste dans un univers de spécialistes. Avec cet ouvrage, j’exprime une frustration et je souhaite décortiquer et vulgariser, pas à pas et de manière logique, des concepts pour décrypter la complexité de l’univers sportif et le sexisme dans le sport car je me rends compte chaque jour combien ce dernier est méconnu et donc sous-estimé.
Présidente du CNDS (Centre National pour Développement du Sport) depuis mars 2015, en quoi consiste cette mission prestigieuse ?
Je souhaite d’abord préciser qu’il s’agit d’une fonction bénévole, sans indemnité, pour une durée de trois ans. Assurer la présidence du CNDS, c’est faire en sorte que le Conseil d’Administration se déroule le mieux possible avec un travail de préparation important en amont, aussi la tenue et l’animation des débats. Bien sûr il faut également répondre aux sollicitations afin d’échanger et de conseiller. Enfin, il y a un rôle de représentation à tenir.
Quels sont les champs d’action du CNDS ?
Le CNDS est un établissement public financé en grande partie par des recettes de la FDJ, puis secondairement la taxe Buffet sur les droits TV. Il a pour mission de participer au développement du sport pour tous qui s’appuie sur trois grands axes. Le financement d’actions des associations, clubs, ligues, CROS ou CDOS à partir d’appels à projets sur des priorités mises en place par le ministère : création d’emploi, le sport au féminin, sport handicap, le sport santé, savoir nager… Le financement des équipements sportifs et des grands événements sportifs internationaux (les GESI).
Dans quelle dynamique s’inscrit le plan de féminisation de la FFHandball lancé en 2014 lors de l’Assemblée Générale de la Martinique ?
La perfection n’est pas de ce monde mais nous avons réussi à créer un réseau solide composé d’élus et de référents de tous les Territoires. Même si la marge de progression est importante, le réseau est dynamique avec des gens motivés et déterminés à surmonter les difficultés sur le terrain. Je constate que lors des séminaires, tous sont heureux de venir et de partager leur expérience avant de repartir plein d’énergie. Nous avons mis en place un précieux espace collaboratif qui recense des exemples de bonnes pratiques et est accessible à tous. Simon Renouf est le salarié référent pour piloter au quotidien le plan de féminisation. C’est notre relais et il travaille quasiment en autonomie avec un excellent relationnel auprès de nos interlocuteurs. La jeune génération a envie de dépasser les clivages hommes / femmes et de s’engager pleinement dans l’égalité.
Qu’attends-tu de l’Euro 2018 féminin qui sera organisé en France ?
Sylvie Pascal-Lagarrigue, co-responsable du plan de féminisation, mène très bien ce dossier. Notre point de repère après l’Euro 2018 est d’élever le nombre de licenciées à 40 %. Nos objectifs portent aussi sur la féminisation des entraîneurs, des dirigeants et des arbitres.
Lors de l’Assemblée Générale de la FFHB à Nancy en avril 2016, tu as également rappelé les objectifs de la féminisation à l’horizon des élections de 2017…
En effet l’autre échéance importante concerne les prochaines élections nationales et territoriales. Nous devrions, c’est dans notre règlement et dans la loi, avoir 40 % de femmes dans les instances fédérales, les Comités et les nouvelles Ligues. Au niveau du CA fédéral, je n’ai pas d’inquiétude car c’est un engagement du président Joël Delplanque. En revanche, si je ne suis pas inquiète, je suis plus circonspecte au niveau des Territoires. Mais je suis réaliste, l’avenir sera toujours meilleur qu’aujourd’hui et lorsque la présence des femmes ne sera pas considérée comme une incongruité, nous serons rentrés dans la normalité.
Quel est ton regard sur les deux clubs de LFH qui n’ont pas pu poursuivre la saison ?
Les clubs féminins ne sont pas les seuls concernés et les difficultés ne sont pas l’apanage exclusif du sport féminin mais j’observe que le déficit est alors plus fort. Les raisons d’un déficit sont complexes mais, c’est avéré pour Nîmes, des ambitions irréalistes ont conduit à la faillite et peut-être à des élus qui font trop confiance. Le rapport remis à Thierry Braillard par Yannick Souvré, suite à la conférence du sport professionnel, démontre, et c’est écrit noir sur banc, que le sport collectif féminin souffre parfois d’une incompétence des dirigeants. Ce n’est pas définitif, la compétence peut s’acquérir. Les États Généraux du Handball féminin permettront d’y voir plus clair.
Ton expérience avec l’US Ivry et au CNDS t’autorise un point de vue sur le soutien des partenaires publics et privés au sport féminin…
Dans une même ville, des clubs féminins évoluent parfois à des niveaux plus importants que des clubs masculins mais ne reçoivent pas les mêmes subsides des collectivités territoriales. Les entreprises ne se comportent pas de manière équitable et les collectivités doivent faire aussi leur introspection. C’est anormal que l’argent des contribuables ne soit pas distribué équitablement.
Le CNOSF (Comité National et Olympique du Sport Français) a lancé une formation ambitieuse à l’échelon européen…
Il s’agit du programme Success qui a pour objectif de former et d’accompagner des femmes et créer un réseau de dirigeantes au niveau international. Sylvie Pascal-Lagarrigue a été retenue parmi les huit participantes françaises. Success concerne huit pays avec des modules de formation dispensés en anglais. Ce qui manque aux femmes, ce sont les réseaux et ce programme contribuera au développement de réseaux solides. Le CNOSF, au niveau national, forme et accompagne aussi huit jeunes dirigeantes. Patricia Monteil (LIFE) en fait partie et elle est très motivée et déterminée. Elle a beaucoup de potentiel et je compte beaucoup sur elle et d’autres.
Au travers du plan de féminisation, un réseau de jeunes dirigeantes est-il en projet ?
Simon Renouf est en train de plancher sur ce réseau, Anaïs Mourouard, la jeune dirigeante qui avait pris la parole lors de l’AG de Nancy pour rendre compte des premières assises nationales des jeunes dirigeants, a été sollicitée en ce sens. Je suis convaincu que les jeunes ont l’énergie et les idées pour se prendre en main. Mais tout est à faire.
L’équipe de France féminine s’est qualifiée pour la 5e fois d’affilée pour les Jeux Olympiques…
Les footballeuses sont aussi qualifiées et les basketteuses viennent d’obtenir leur billet. Cette représentation est très importante et a du sens pour le sport féminin. Nous devons nous soutenir, nous encourager et être solidaires car c’est collectivement que le sport au féminin pourra émerger durablement.