Denis Lathoud a fêté ses cinquante ans le 13 janvier à Carthage où il est installé. Nommé entraîneur de l’Espérance de Tunis le 9 décembre dernier, le champion du monde 95 présente son nouveau projet et évoque l’équipe de France ainsi que le parcours de sa fille Johanna qui évolue en LFH avec le Cercle Dijon Bourgogne.



Comment s’est opérée ton arrivée à Tunis ?

L’entraîneur précédent a été débarqué début décembre et le club s’est mis à la recherche d’un nouvel entraîneur, de préférence français. Avec le passé d’Alain Portes et de Stéphane Imbratta, ainsi que la présence actuellement de Sylvain Nouet à la fédération tunisienne, les techniciens français ont une bonne cote. Les dirigeants m’ont contacté et nous avons discuté. Je suis l’heureux élu pour une durée minimum de six mois.

Voici deux ans, en janvier 2014, tu avais été démis de ton poste d’entraîneur à Dijon…

À partir du mois de juin 2014, je pensais retrouver un poste mais cela ne s’est pas passé ainsi. Il n’y a pas beaucoup de postes et c’est compliqué de rebondir rapidement. Je suis resté en contact avec le handball français sans avoir de touches sérieuses. Cela commençait à faire un peu long et j’ai eu cette opportunité en Tunisie. Je suis très satisfait.

Comment avais-tu vécu ton départ du club bourguignon ?

Le club disposait du dernier budget de LNH : le projet était quasiment voué à l’échec. Nous nous sommes battus avec les moyens que nous avions avec quelques résultats.

C’est ton ex-coéquipier, Jackson Richardson, qui veille aujourd’hui aux destinées du DBHB…

Il voulait prendre une équipe et je ne suis pas jaloux car c’est la loi des entraîneurs. Je lui souhaite bonne chance. Bon vent à lui.

Quels sont les moyens dont tu disposes avec l’Espérance de Tunis ?

Cela se passe très bien car j’arrive dans un club hyper bien structuré, à un niveau qu’on n’imagine pas, au moins l’équivalent d’un club comme Montpellier. Douze personnes s’occupent de l’équipe première. Les installations sont parfaites et je dispose de bons joueurs. C’est un régal car je ne m’attendais pas à cela. Il faut par exemple imaginer que les joueurs doivent pointer 15’ avant chaque entrainement, sinon ils ont des retenues sur leur salaire. Je veux être digne de la confiance des dirigeants avec l’ambition de remporter toutes les compétitions dans lesquelles le club est engagé.

Quelles sont les prochaines échéances ?

Avec la Coupe d’Afrique des Nations, c’est une période de trêve de notre championnat. L’équipe est amputée de ses internationaux mais notre préparation pour la 2e partie de la saison se passe bien. Nous avons disputé des matches amicaux remportés face aux sélections du Maroc, de Lybie, d’Arabie-Saoudite et du Gabon. Jusqu’à présent, nous n’avons pas eu de matches à notre niveau et je suis impatient d’en découdre au Masters de Grenoble avec Toulouse dès samedi. Cette période m’offre du temps pour bien connaître mon groupe. L’équipe possède une solidité défensive mais cela prendra plus de temps pour absorber les enclenchements de l’attaque. L’équipe sera prête dans un mois.

Prends-tu le temps de suivre l’Euro qui se tient actuellement en Pologne ?

Oui bien sûr d’autant que cela fait partie intégrante de mon métier. J’ai vu hier soir l’équipe de France contre la Serbie et cela m’a bien plu. Elle se met en place progressivement, c’est bien.

À chaque grande échéance internationale que ressens-tu quand l’équipe de France entre en piste ?

Je ne suis pas quelqu’un qui saute dans les tribunes, je suis de nature très calme et nonchalante. Le championnat d’Europe est la compétition la plus difficile avec les meilleures nations du monde. J’appartiens à la famille de l’équipe de France et je souhaite toujours qu’elle gagne. Au fond de moi, je crois que ce sera difficile cette fois car l’équipe est renouvelée et va peut-être manquer d’un banc élargi et d’expérience, ce sera son talon d’Achille sur cette épreuve. Je pense que l’armada espagnole est plutôt la favorite.

En Tunisie le handball est le sport collectif n°1. Comment vis-tu l’engouement des medias ?

En Tunisie, les joueurs de handball sont considérés comme des grandes stars. Jusqu’à présent je suis protégé car la période est calme. Je ne lis pas l’Arabe donc je ne saurai pas ce qu’on racontera derrière mon dos. Je n’ai qu’une seule ambition : gagner avec ce club et je ne me préoccupe pas des à-côtés.

Trop âgé pour jouer le Mondial 2001 en France, tu n’auras pas disputé de grandes épreuves à domicile. Est-ce aujourd’hui un regret ?

Non, ce n’est pas un regret mais plutôt un rêve de joueur d’évoluer devant 10 à 15 000 spectateurs qui te poussent avec en plus un engouement médiatique. Le Mondial 2017 marquera une fin de carrière pour certains et je leur souhaite une apothéose. Je n’ai pas connu cela car je suis tombé dans une période où le handball ne représentait pas grand chose. Après nos résultats dans les années 90, la France a été reconnue et a obtenu des organisations. Je me souviens bien du Mondial B de 1989 organisé en France et qui avait lancé notre aventure.

Tu viens de fêter tes 50 ans… Ça va tu gères ?

Autant j’avais passé les 40 ans facilement, autant là franchement cela m’a fait un petit truc. Je me suis souvenu que lorsque j’avais 20-25 ans, j’imaginais qu’à 50 ans on était très vieux. Lorsque je vois aujourd’hui en équipe de France Théo Derot et Kentin Mahé, force est de constater que le temps passe…

Quel est ton regard de père et d’entraîneur sur ta fille Johanna qui évolue en LFH ?

À 21 ans, Johanna est jeune fille extraordinaire et investie. Elle a toujours voulu mener ce parcours. Elle est très mature et elle prépare un Masters pour devenir professeur des écoles. Après chacun de ses matches, nous débriefons ensemble sur sa performance et sur son équipe. C’est très sympa. Mon plus grand souhait est qu’elle porte à l’avenir le maillot de l’équipe de France. Offensivement ce sera plus difficile mais je crois qu’elle a les qualités défensives pour jouer au niveau international où elle pourrait être précieuse sur le poste 3 en défense.