En 2007, il avait mis un terme à dix-neuf saisons d’une carrière professionnelle riche en couleurs, entièrement consacrée à Montpellier et à l’équipe de France dont il a porté le maillot à 169 reprises.

Le larron de Gonfreville-l’Orcher a remporté la Ligue des Champions en 2003, inscrit un but venu d’ailleurs en finale du Championnat du monde à Bercy, et marqué son époque tout autant pour ses frasques, que pour son talent inimitable. Greg Anquetil, 42 ans depuis peu, commente le handball sur Canal+, et demeure un observateur privilégié.

Greg Anquetil… Peut-être même est-il le seul joueur français de l’histoire à pouvoir se revendiquer d’un peu tous les styles, Barjot, Costaud, Expert. En un mot : immortel…

– « Chambéry éliminé, Montpellier en fâcheuse posture, que pensez-vous du parcours des clubs français en Ligue des Champions cette saison ?
Avec le départ de Boule (Philippe Gardent) et le retour des frangins (Bertrand et Guillaume Gille), Chambéry a pris un gros virage qu’il a eu du mal à négocier à cause des blessures. Bertrand a connu de nombreux problèmes depuis le début de saison, Kevynn Nyokas a longtemps été blessé également, et on ne peut pas tourner éternellement sur trois pattes. Même si l’on en est déjà à la deuxième moitié de saison, j’ai l’impression que Chambéry n’est pas encore lancé. Pour Montpellier, c’est évidemment différent. Sur le papier, il y a une belle équipe. Mais l’affaire des paris a tout chamboulé. Si l’on veut se tourner vers l’avenir, le recrutement pour la saison prochaine me semble super intéressant.

L’arrivée très probable de Paris dans le paysage de la Ligue des Champions peut-elle redonner du poids au handball de club français ?
Je vais même aller plus loin. Dans les trois ans à venir, le PSG remportera la Ligue des Champions. Tous les joueurs qui vont arriver ont déjà goûté à ce bonheur, l’équipe de cette saison a un véritable équilibre, et le projet me parait parfaitement mené.

Le handball, retransmis sur les différentes chaînes du groupe Canal+ dont vous êtes consultant mais également sur BeInSport, Ma Chaîne Sport, Eurosport et certains autres décrochages, est l’objet de très nombreuses retransmissions, même si les chaînes nationales gratuites rechignent toujours…
Le handball a pris, tout le monde est conscient de ça. Et pas uniquement au travers des résultats de l’équipe nationale. Il manque, maintenant, un gros résultat en club. L’arrivée du Qatar à Paris est une aubaine. Ça me rappelle l’époque où Tapie s’était engagé avec l’OM. Tout le monde s’était alors bougé. Si tu veux exister, aujourd’hui plus que jamais, il faut être ambitieux, culotté, considérer que Paris est une excellente locomotive.

Un événement du type de celui organisé par les basketteurs à Eurodisney le week-end passé saurait-il les séduire ?
Avant les basketteurs, nous avons disputé une Coupe de la Ligue à Miami… Le résultat ne fût pas à la hauteur des espérances, mais il y avait l’idée de donner de la couleur à nos compétitions. Eurodisney, c’est de la Com’, une bonne opération marketing. Mais le handball a déjà marqué les esprits. Il faut arrêter de penser qu’il n’est qu’un sport scolaire qui se pratique uniquement le mercredi après-midi avec l’UNSS. Nous ne sommes plus des gentils garçons dont tout le monde se moquait un peu…

« IL NE MANQUE PAS GRAND CHOSE »

Que manque-t-il, néanmoins, à la discipline pour exister plus franchement encore dans ce paysage audiovisuel ?
Sincèrement ? Pas grand-chose. Au lieu d’avoir quatre gros clubs, il en faudrait peut-être huit ou neuf, comme en Bundesliga. Que les gens regardent toutes les semaines des chocs, des sommets, des oppositions entre Karabatic et Narcisse, entre Omeyer et Abalo…

Vous intéressez-vous au handball féminin ? Savez-vous que six joueuses françaises sont en lice pour les demi-finales de la Ligue des Champions ? Que Coubertin accueille cette semaine la Coupe de la Ligue ?
Oui, je suis cela avec plus ou moins d’attention. Je sais qu’il y a deux joueuses à Valcea, en Roumanie, je sais surtout que c’est la première fois qu’il y a autant de Françaises en même temps à l’étranger… Je n’arrive pas à comprendre que le handball féminin ne prenne pas mieux que ça. Son économie reste abordable, et un club français qui participerait régulièrement au tour principal de la Ligue des Champions serait une véritable aubaine. Maintenant, j’espère que l’équipe de France ne tardera pas à tirer profit de cet exil massif. Les joueuses vont emmagasiner une expérience qui pourra être utile lors des grandes compétitions internationales. Car j’ai quand même l’impression que cette équipe marque un peu le pas après d’excellents résultats.

A Paris, pour la Coupe de la Ligue, l’accent a été mis sur l’image d’un sport dont les atouts sont de plus en plus nombreux…
C’est bien. Il y a de jolies jeunes filles, une féminité à mettre en avant… Un peu comme l’ont fait les volleyeuses de Cannes. Mais attention : d’abord les résultats, ensuite seulement un peu de glamour…

« PLUS TU AS MANGE, MOINS TU AS FAIM »

Revenons au parcours de l’équipe de France en Espagne. Vous attendiez-vous à un tel résultat ?
Oui. Je savais que sur la durée, ça allait être compliqué pour certains joueurs. Je suis moi-même passé par là. Plus tu as mangé, moins tu as faim. Mais je n’ai pas vu un seul mec tricher, et on ne peut pas leur en vouloir. En fait, ce n’est pas le comportement de l’équipe de France qui m’a déçu en Espagne, mais bien le niveau général de la compétition.

Que pensez-vous de la jeune génération, celle des Mahé, Grébille, N’Guessan… ?
Il y a le petit Valentin Porte aussi. Il m’a fait bien plaisir en Espagne. Va maintenant se poser le même problème que lorsque nous sommes partis avec Jack (Richardson). Il y a des rôles à prendre, des postes à pourvoir. Il faut permettre à ces jeunes l’opportunité d’écrire leur propre histoire.

Après avoir beaucoup gagné, l’équipe de France doit-elle réapprendre à «moins» gagner ?
Elle doit, selon moi, juste accepter de ne plus être la plus forte, mais une des plus fortes.

Que doit apporter le Mondial 2017 au handball français ?
Je me souviens de celui de 2001. Il avait donné un formidable coup de booster à une discipline qui s’essoufflait peut-être un peu. 2017 doit être un nouveau tremplin. Le handball n’a plus rien à prouver, mais il doit aborder cette échéance comme une formidable machine de guerre. Après 2017, il faut que plus rien ne soit jamais comme avant…

On vous connaît consultant, mais quelles sont vos autres activités depuis que vous avez achevé votre carrière ?
Vous me connaissez, j’ai fait beaucoup de choses, je ne peux jamais rester en place. Je me suis lancé dans le marketing, puis dans le vin. J’ai encore de nombreux projets, mais mon boulot de consultant me prend aujourd’hui beaucoup de temps. Ce dont je suis sûr, c’est que, quoi que je fasse, je resterai toujours en relation avec le handball…


Pour terminer, votre avis nous intéresse… Qui remportera la Ligue des Champions ?
Kiel.

Qui sera le dauphin de Paris en Championnat ?
Montpellier. Ou Dunkerque. Si Montpellier peut jouer les matches importants avec toute son équipe, alors la deuxième place est largement à sa portée.

Qui remportera la Coupe de la Ligue féminine ?
Je ne sais pas. Issy-les-Moulineaux, à domicile ? »-