Le CNOSF vient de lancer la candidature pour obtenir les J.O. de 2024. Comment le handball est-il associé au rêve olympique de Paris ?
La FFHB relaie le mouvement olympique et tous les handballeurs rêvent des J.O., particulièrement nos garçons, doubles champions olympiques. Au travers du Mondial 2017, nous servirons la candidature aux J.O 2024, l’épreuve majeure pour les sportifs et les dirigeants. Nous serons totalement au service du CNOSF pour recevoir dans les meilleures conditions les membres du CIO à cette occasion.
Vous représentez la FFHB au sein du Comité National Olympique et Sportif Français…
Le Président Joël Delplanque, qui a été secrétaire général de l’institution sous la présidence de Nelson Paillou, ne pouvait pas représenter la FFHB en raison d’une disponibilité insuffisante (NDLR : M. Delplanque est aussi Secrétaire général de l’IHF). En tant que vice-président délégué, j’ai intégré le Conseil d’Administration du CNOSF et la commission juridique.
Vous appartenez à la famille des dirigeants mais auparavant vous avez été acteur sur le terrain…
J’évoluais à l’ASPTT Metz en D1 et j’ai été international dans toutes les équipes de France sauf chez les A. Je n’ai pas passé le dernier cap malgré des sélections en A’. J’étais demi-centre : j’adorais distribuer le jeu et j’avais des qualités en défense.
Quel est votre principal souvenir ?
Je n’ai jamais digéré notre défaite en finale du championnat de France en 1977 face à Strasbourg. Nous avions battu largement cette équipe par deux fois pendant la saison et nous sommes arrivés les mains dans les poches. J’en cauchemarde encore car cet échec est du à notre manque de préparation. Pour l’anecdote, la saison suivante nous avons échoué en demi-finale de la Coupe d’Europe face à Nils, avec dans les buts un certain Branko Karabatic…
Parallèlement vous avez mené des études brillantes…
J’ai fait partie de la première génération qui a intégré les sections sports-étude avec notamment Olivier et Jean-Paul Krumbholz. Je dois avouer que plus tard j’ai choisi de faire du droit à la faculté de Metz uniquement parce que cela me permettait de continuer à m’entraîner avec l’ASPTT Metz. J’avais le choix entre des études de lettres, de mathématiques ou de droit pour lesquelles on m’avait dit qu’il n’était pas nécessaire de trop travailler. Ce qui n’était pas vrai (rires).
Comment s’est opérée la bascule dans le costume de dirigeant ?
En 1998, André Amiel est venu à Metz pour assister à un match de l’équipe de France masculine. La FFHB était alors en pleine réforme statutaire et Philippe Bana, qui venait de prendre la fonction de DTN, m’a présenté à André. Mon cabinet d’avocats commençait à bien tourner et j’ai eu envie de rendre au handball tout ce qu’il m’avait apporté. Je n’ai donc pas effectué un parcours politique au niveau départemental ou régional, et j’ai eu la chance, si j’ose dire, d’arriver directement en haut de la tour en devant membre du Conseil d’administration en charge des questions juridiques.
En quoi votre activité professionnelle est-elle un atout dans votre rôle au sein de la FFHB ?
Mon activité d’avocat est particulière car j’interviens à la Cour d’Appel du Tribunal de Metz pour défendre ou attaquer des jugements de contentieux. En conséquence j’ai toujours pris soin de ne pas embarquer la fédération dans des contentieux. Il faut les éviter autant que faire se peut. Le domaine du droit est très vaste et j’ai énormément appris de ma mission fédérale.
Comment avez-vous intégré le staff des Experts en tant que chef de délégation ?
Lorsque Joël Delplanque a été élu en 2008, il avait aussi une fonction au sein de l’IHF. Auparavant André Amiel accompagnait toujours l’équipe de France et Joël m’a donc demandé de remplir cette mission que j’ai acceptée avec enthousiasme.
Vous avez dû recevoir aussi la bénédiction de Claude Onesta ?
Il fallait en effet que nous soyons compatibles (rires). Nous nous connaissons depuis plus de 30 ans : Claude a été mon adversaire en championnat lorsqu’il évoluait à Toulouse et nous avons été coéquipiers dans les sélections jeunes. L’équipe de France est très soudée avec des règles et des codes précis. Il ne fallait pas mettre le moindre grain de sable. Avec l’équipe de France, je ne suis pas le vice-président délégué mais un membre du staff qui représente la famille des 500.000 handballeurs.
Côtoyer une telle équipe, c’est concrétiser un rêve d’enfant, non ?
Je ne peux que souhaiter à tout le monde de vivre ce que j’ai vécu, une aventure humaine extraordinaire et une immense réussite sportive. C’est difficile à expliquer mais la fusion entre les joueurs et le staff est extrêmement riche. Pour résumer, le mode de vie est d’une grande simplicité et nous sommes tous au service de l’équipe dans le cadre défini par le chef d’orchestre, Claude Onesta avec son humanisme et son humanité. En revanche lorsque quelqu’un déroge à ces règles – c’est arrivé très rarement – il s’en souvient longtemps.
Quel est votre plus beau souvenir ?
Ma première compétition majeure soldée par le titre de champion du monde en 2009. Selon moi, il s’agit de la plus grande victoire de l’équipe de France. Certes, les J.O. sont plus emblématiques mais ce titre acquis dans un contexte hostile à Zagreb, avec deux équipes au sommet de leur art dans une ambiance extraordinaire, est un sommet.
Revenons un instant sur l’histoire des paris suspects, comment avez-vous pris position ?
L’affaire est en cours : une décision a été rendue et elle n’est pas définitive. S’il n’y avait pas eu le nom de Nikola Karabatic dans le dossier, cette affaire n’aurait pas pris la même ampleur. Cette affaire n’est pas une difficulté pour moi et je n’ai pas d’états d’âme. D’abord parce que la présomption d’innocence est un principe fondamental, aussi parce que les règles de droit s’appliquent à tous.
À 57 ans, comment envisagez-vous votre avenir de dirigeant ?
Vendredi dernier, lors du Conseil d’Administration de la fédération, nous avons annoncé avec Joël Delplanque notre candidature pour le mandat suivant dont les élections sont programmées en mars 2017. De nombreux administrateurs nous sollicitaient et notre position était attendue. D’autres personnalités pourraient naturellement présenter aussi leur candidature.
Est-ce la perspective du Mondial 2017 puis de l’Euro 2018 féminin qui vous encourage à poursuivre vos missions fédérales ?
Pas seulement car il y a aussi la réforme territoriale et je pense que la fédération a besoin de calme et de sérénité. Il y a également le formidable projet de la Maison du handball qui était le rêve d’André Amiel. Nous rêvons de travailler dans cette Maison qui sera réalisée sans mettre les finances fédérales en péril, grâce aussi au soutien et à la reconnaissance des institutions qui témoignent de notre travail et des performances de nos équipes. Je voudrais également saluer le travail de Michel Jacquet, le directeur général de la FFHB. Il réalise un travail technique très important avec beaucoup de compétence pour défendre les intérêts de la fédération.