Exceptionnellement, cet entretien du Lundi exclusivement consacré à la mise en place de la réforme territoriale réunit deux invités. Ainsi Michaël Boutines et Paul Charlemagne, respectivement présidents des Ligues de Midi-Pyrénées et de Languedoc-Roussillon, évoquent cette grande réforme.

Quels étaient les objectifs du séminaire de la zone Sud-Ouest avec Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon (ainsi que les Ligues d’Aquitaine, du Limousin et de Poitou – Charentes) organisé ce week-end à Toulouse ?

Michaël Boutines : Nous sommes deux jeunes présidents de Ligues en exercice et nous ne nous connaissions pas auparavant. Nous n’avons pas la crainte du changement. Nous partageons une vision commune et la volonté avec nos équipes de nous saisir du sujet dans l’intérêt général du handball. La fédération propose à l’ensemble des territoires des moments d’échanges et une méthode pour parvenir au mieux à la mise en place de la réforme territoriale. Il faut le vivre comme une opportunité, pas comme une contrainte.

Paul Charlemagne : L’objectif du séminaire de zone est de bénéficier de l’expertise fédérale dans un moment d’échange qui permet aussi à la FFHB d’être à l’écoute des territoires. Cette réforme s’appliquera très prochainement et nous sommes en phase de discussion depuis plusieurs mois : il y a deux semaines les acteurs régionaux de Languedoc-Roussillon et de Midi-Pyrénées étaient réunis pour un grand séminaire. Nous travaillons main dans la main avec Michaël et nous avons tout à bâtir en commun. Je dirais que cette réforme territoriale est très boostante pour les clubs et les équipes dirigeantes. Nous avons l’opportunité d’anticiper avant le regroupement prévu en 2017.

Quel est le calendrier à venir ?

M.B. : Le calendrier de 18 mois est contraignant et rapide mais il correspond à nos tempéraments et à notre approche fonctionnelle pour l’avenir du handball. Au mois d’avril 2016, nous lancerons une consultation générale des clubs afin qu’ils soient associés à la construction et que l’échéance de 2017 ne soit pas vécue comme un couperet. Nous présenterons ensuite nos futurs statuts lors de nos AG respectives au printemps 2016. Nous avons su nous mettre en ordre de marche dès cet été avec des invitations mutuelles.

P.C. : Nous avons mis en place un comité de pilotage avec une composition paritaire. Idem pour les membres des ateliers thématiques. Les équipes sont au travail et avant Noël nous aurons une première orientation puis une nouvelle réunion régionale mi-janvier.

Quelles seront les incidences pour la gouvernance ?

M.B. : Nous travaillons d’abord sur le projet, sur le fonctionnement et les services aux clubs. Les projets territoriaux passent avant cette considération car nous partageons la même volonté d’avancer « vite et fort ». La singularité de notre nouveau territoire enclenche une dynamique territoriale qui permet de nous rapprocher et de mettre la barre plus haute. Cette région sera l’une des plus grande de France, par conséquent nous aurons la capacité à nous projeter en proximité, sur des bassins de pratique, par l’intermédiaire d’antennes territoriales. Dans le détail nous verrons comment organiser le travail au quotidien avec les Comités.

P.C. : Nous aurons l’occasion d’en parler avec Michaël mais ce qui m’anime ce sont les projets et la proximité avec nos clubs et nos licenciés qui s’interrogent. Il y a un gros chantier sur les aspects statutaires qui nous occupe aujourd’hui.

Quels seront les avantages concrets de cette grande ligue ?

M.B. : Nous avons déjà des dispositifs de mutualisation régionale et départementale. L’idée est de mieux aider les Comités et les clubs, d’avoir un service égalitaire sur les territoires urbains et ruraux. Associer l’ensemble des salariés, des élus et des bénévoles est une richesse. Début octobre nous avons réuni nos équipes et les salariés afin de trouver des complémentarités. Nous travaillons déjà sur un événement en fin de saison qui réunirait nos champions pré-nationaux et régionaux dans un cadre festif et qui nous permettrait d’inviter les représentants des collectivités territoriales et des services de l’État.

P.C. : À nous de faire que ce nouveau maillage soit le plus efficace possible. Dans ce même territoire, nous aurons une représentativité forte du haut niveau avec trois équipes évoluant en LNH et un en LFH, avec en plus l’Aréna de Montpellier et le Palais des Sports de Toulouse pour accueillir de grands événements. Je pense aussi à la caravane du hand qui est un beau produit de promotion pour décrocher des nouvelles licences. De facto, elle sera mutualisée.

Sportivement comment allez-vous harmoniser les championnats ?

M.B. : Depuis deux ans, nous avons mis en place la territorialisation des championnats départementaux : nous faisons fi des limites départementales en Midi-Pyrénées. Je crois que cette idée intéresse les Comités du Languedoc-Roussillon. Ainsi nous pourrons refaire des bassins d’activités pour rassembler des équipes et trouver une équité de niveaux et ce, afin de démarrer le plus tôt possible. L’objectif est de permettre au handball de s’ancrer pour fidéliser les licenciés. Sur les championnats régionaux, le critère territorial permettra d’avoir une réponse de terrain.

P.C. : Je le répète mais je crois que cela boostera nos clubs et nos arbitres. Le projet de regroupement avec des frontières mouvantes ira dans l’intérêt général. Parfois les clubs en ont assez de ne pas pouvoir regarder au delà de leur petit rayon. C’est très motivant pour les équipes de se confronter à d’autres et sur le même principe, les arbitres auront plaisir à ne pas toujours siffler les mêmes équipes. Mais il ne sera pas question d’envoyer des joueurs ou des arbitres traverser nos deux régions, ne serait-ce que pour l’incidence financière.

Quel sera l’avenir des Comités dans cette future grande Ligue Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées ?

M.B. : Ils vont continuer avec un fonctionnement classique et autonome. Pour les clubs, nous allons travailler par bassins d’activité afin de positionner au mieux nos actions : parfois ce sera la Ligue, parfois ce sera le Comité, qui interviendra auprès des clubs pour leurs besoins de formation par exemple.

P.C. : La question n’est pas illégitime mais à ce jour c’est difficile de répondre. La réforme des Comités ne fait pas partie de la commande fédérale mais ce sera pertinent de réfléchir à de nouvelles formes de coopération avec les 13 comités qui seront rassemblés autour de cette nouvelle entité.