– « C’est pour vous venger des footballeurs de l’OM, Champions d’Europe quatre jours avant le succès de l’OM-Vitrolles en finale de Coupe des Coupes face à Veszprém en 1993, que vous avez tenu à être sacré champion de France avant les hommes d’Ancelotti ?
Sincèrement, vous êtes le premier à m’y avoir fait penser. Non. Je suis plutôt dans le truc où le handball a toujours un temps d’avance. Champion du Monde en 1995 pour 1998 et le foot par exemple?
Y a-t-il des similitudes entre les aventures de l’OM-Vitrolles et du PSG ?
S’il y en a, elles sont dues au fait que les deux clubs sont omnisports. Mais elles s’arrêtent là. A Paris, on sent la structure foot plus concernée par notre activité que ne pouvait l’être l’OM au temps de Vitrolles?
L’OM-Vitrolles, justement, avait été fondé en 1991 et avait disparu en 1996. Le PSG est-il exposé à ce même risque ?
Ce n’est pas parti pour. J’ai même la nette sensation que nous sommes engagés sur une construction longue durée. Les dirigeants n’investiraient pas autant sur le centre de formation si leur vue se limitait au court terme.
Parlez-nous de vos liens avec le Qatar. Et notamment de ceux avec le Prince Nasser Al-Khelaïfi.
Nasser, je ne l’ai rencontré qu’à quatre ou cinq reprises. Nos relations sont hyper-cordiales même si nos emplois du temps chargés ne nous permettent pas toujours de nous croiser. Cela dit, ce n’est pas parce qu’il n’est pas présent qu’il ne nous suit pas. Bien au contraire. J’ai la sensation qu’il s’intéresse aux sports qui génèrent des relations humaines particulières et que le handball ne le laisse donc pas indifférent. Il s’est beaucoup appuyé sur Jean-Claude (Blanc), Bruno (Martini) et moi-même pour se familiariser avec une discipline assez nouvelle pour lui.
« UN RETOUR AUX SOURCES »
Et ceux avec Jean-Claude Blanc ?
J’ai fait une rencontre extrêmement passionnante. Pour être tout à fait sincère, je n’ai que très rarement croisé quelqu’un d’aussi charismatique, intelligent, animé d’un tel état d’esprit. Notre relation est d’abord celle d’un patron avec son salarié, mais elle n’empêche pas la connivence? Il est à l’écoute, il nous fait confiance, on le sent au soutien jour après jour.
Quels sont, d’ailleurs, les objectifs qui vous ont été fixés par vos dirigeants pour la saison prochaine ?
Rien n’a jamais été vraiment défini, écrit noir sur blanc. On a très vite compris que l’objectif prioritaire était de se qualifier pour la Ligue des Champions. En fait, tu te rends compte sans trop de difficulté que l’ambition est élevée, même si rien n’est imposé. Au début, on ne savait pas trop où on allait, on ne pouvait imaginer les soucis de Montpellier, et on maniait la prudence. Petit à petit, on s’est pris au jeu. Maintenant, nous sommes assurés de découvrir cette compétition la saison prochaine, et on va procéder de la même manière. Bien sûr que l’on aimerait allait à Cologne dès notre première expérience. C’est un défi aussi ambitieux que ne l’était celui du début de saison. Mais il faut le tenter. Je crois qu’il n’y a que Berlin qui a réussi cette prouesse de se qualifier au final four dès sa première participation.
Après avoir découvert le handball à Maurepas, évolué au Stade Français, au PUC et à Gagny, il était donc naturel de vous retrouver en Ile-de-France ?
C’est un retour aux sources, oui. J’avais d’ailleurs toujours gardé cette idée dans un petit coin de ma tête. J’ai le souvenir d’y avoir bien vécu, d’avoir connu de très belles années, même si le mode de vie avait fini par me contraindre à l’exil. Il faut dire qu’à l’époque j’enchaînais entraînements et boulot, puisque j’étais employé chez Ipodec, et que le rythme était parfois compliqué.
« EN DEBUT DE SAISON, ON A PARE AU PLUS PRESSE »
En quelques mots, dites-nous comment vous avez procédé afin de créer un amalgame dans votre équipe en si peu de temps ?
On a très vite établi l’état des lieux. Nous avions à disposition de bons joueurs, mais pas suffisamment de temps pour les préparer à jouer ensemble. A cause des Jeux Olympiques, j’ai récupéré les mecs deux semaines seulement avant le début du Championnat. Nous nous sommes alors efforcés de proposer des conditions pour que le groupe vive bien. En essayant de marier à l’entraînement des séances ludiques avec quelques enclenchements basiques afin de parer au plus pressé. Soyons clair ! Ils savaient tous faire un croisé ou modifier un enclenchement à leur sauce, mais ils ne se connaissaient pas vraiment, et ce temps passé aux « présentations » a très vite été payant sur le parquet.
Vous avez démarré votre carrière d’entraîneur à Chambéry en 1996. En seize saisons, avec vos complices Alain Poncet et Laurent Munier notamment, vous avez donné une dimension européenne au club savoyard. Votre méthode est-elle adaptable au PSG ?
Non, ce n’est évidemment pas du tout la même méthode de construction. Ici, tu as plus de moyens, et tu es forcément plus pressé. Tu n’as pas les mêmes interlocuteurs non plus. Les méthodes de coaching sont donc différentes.
Une de vos priorités a été d’imposer Thierry Perreux, que vous aviez rencontré à la Sport étude de Chartres, comme adjoint. Parlez-nous de lui ?
Plusieurs raisons ont guidé mon choix. J’arrivais dans un contexte un peu particulier et il me fallait quelqu’un sur qui je puisse compter sans arrière pensée. Deux noms se sont imposés à moi : Mulot (Thierry Perreux) et Mario (Cavalli). Ça a été Mulot. Pour ses compétences d’abord. Il a une très belle analyse du handball, qu’il décortique de manière pointue. Pour sa personnalité ensuite, puisque le garçon est plus calme que moi. On n’avait jamais travaillé ensemble auparavant, mais, au final, on se complète bien.
« DEPUIS 2006, LE HANDBALL FRANCAIS A DOMINE LE MONDE D’UNE FACON AUTORITAIRE »
Ensemble, vous avez connu de nombreux bonheurs en équipe de France. A ce propos et une bonne fois pour toutes : combien comptez-vous de sélection entre 1983 et 1995 ?
Même moi je ne le sais plus ! Dans ma tête, j’en suis à 292. Certains me mettent à 298. Un certain nombre donc?
Quel est votre regard sur le parcours de l’équipe de France depuis 2006 ?
Il est assez impressionnant. Le handball français a dominé le monde d’une façon assez autoritaire grâce à une génération exceptionnelle. Mais ce qui différencie vraiment ce groupe, c’est sa soif de victoires jamais rassasiée.
Les Barjots existeraient-ils plus d’un quart d’heure face aux Experts ?
Je pense que oui. On n’aurait pas tenu tout le match, mais on leur aurait mis quelques coups bas et on les aurait enquiquinés.
Lequel des Experts est-il le plus dans l’esprit Barjot ?
Un garçon comme Guillaume Gille, paradoxalement puisqu’on lui connaît un profil de gendre idéal, aurait été très bien chez nous.
Pour avoir si longtemps partagé leur quotidien, trouvez-vous plus incongru le fait que Frédéric Volle soit devenu policier au Canada ou celui que Stéphane Stoecklin ait monté son restaurant en Thaïlande ?
Le plus incongru est évidemment le poste de Charly (Frédéric Volle). Policier dans une brigade canine au Canada, ça, je ne l’aurais jamais imaginé?
Peut-on envisager, un jour, une rencontre amicale avec le PSG au gymnase Philippe Gardent de Belleville ?
J’aimerais beaucoup. Mais je ne voudrais pas que l’on me taxe de conflit d’intérêts ! »