Champion du monde pour la 4e fois (un record partagé avec Jérôme FERNANDEZ), meilleur gardien et MVP du Mondial 2015, Thierry OMEYER est au sommet de son art. L’Alsacien ne se fixe pas de limites et se projette déjà vers Rio en 2016 et le Mondial 2017 en France.

Huit jours après une nouvelle couronne mondiale, comment te sens-tu ?

On a repris notre petit train-train avec beaucoup de sollicitations. Mais je suis encore un peu euphorique, sur mon nuage. Franchement, c?est génial.


Et ressens-tu un engouement autour de votre équipe ?

Après chaque succès, nous sommes un peu plus reconnus. Nous recevons beaucoup de marques d?affection et de remerciements. Les gens ont vibré et nous remercient, nous félicitent. C?est très agréable de voir que le handball occupe une place importante dans le paysage sportif.

Hier tu as retrouvé le terrain avec ton club, le Paris SG Handball, pour un match de coupe de France disputé face à l?entente Strasbourg / Schiltigheim (Handball ProD2). Le retour en Alsace a t-il été agréable ?

Je suis né à Mulhouse et j?ai grandi à Cernay. J?étais en sports-études puis à la Faculté à Strasbourg pendant 6 ans avant de jouer à Sélestat. J?ai habité un peu partout en Alsace : j?y ai beaucoup d?amis et bien sûr ma famille. Forcément, c?était particulièrement agréable de jouer ce 16e de Coupe en Alsace?


Avec tous tes titres et tes distinctions tu es autant applaudi que tes adversaires?

C?est vrai que dans toutes les salles, nous sommes bien accueillis. Cela fait plaisir et cela montre que l?équipe de France est appréciée. Après les matches, et même si tu as contribué à faire perdre leur équipe, les gens te sollicitent, te remercient?

Élu meilleur gardien du Mondial est déjà une très belle récompense mais t?attendais-tu à être désigné meilleur joueur du tournoi (MVP) ?

C?est une fierté d?avoir obtenu ce titre de MVP. Je suis content aussi parce que c?est la première fois de l?histoire qu?un gardien est désigné MVP. Au-delà de moi, cela met le poste de gardien en valeur et son importance dans le handball.

Te souviens-tu de ce qui t?a attiré dans le poste de gardien ?

C?est un poste avec beaucoup de responsabilités. Mon caractère, l?exigence envers moi-même et ma volonté de me remettre en question m?ont permis de progresser à ce poste. Le gardien valide le travail de la défense. Il peut faire gagner son équipe et s?il est moins bien, il peut aussi la faire perdre.


Pendant les matchs, es-tu en relation permanente avec la défense ?

Le poste de gardien est plus individuel car il est seul dans sa zone mais les échanges avec les défenseurs sont permanents. Il y a un gros travail avec la mise en place du contre, du positionnement des joueurs. Je peux parfois leur demander d?être plus agressif sur tel ou tel joueur, de le laisser tirer. Par exemple Cédric (SORHAINDO) me dit qu?il va prendre le joueur de ce côté-là, l?emmener sur tel mouvement. Bref, les échanges sont réciproques.

Que fais-tu de toutes les montres que tu as remportées. Tu les accroches toutes au bras ?

(rires). J?en fais des petits cadeaux à mes amis ou à ma famille. Parmi les quatre que j?ai rapporté, ma femme en a pris une.

Gardien en équipe de France avec Thierry OMEYER impose beaucoup d?abnégation de la part de l?autre gardien?

En amont du match, nous échangeons sur ce qu?on a vu à la vidéo, sur ce que l?on sait sur nos adversaires. Pendant le match je me concentre sur ma performance, pour être le meilleur possible. Et là encore, l?échange entre les deux gardiens est permanent. Cyril, ou Daouda auparavant, m?encourage et me donne des conseils. Et c?est pareil lorsque je ne joue pas.

Tu es un garçon plutôt calme et posé alors que pendant les matchs tu apparais sous un autre jour?

Je suis totalement différent mais mes attitudes de gardien font partie intégrante de ma personnalité. Au fil de ma carrière, j?ai complété ma panoplie de gardien. Je montre de l?agressivité à mes adversaires et de la présence à mes coéquipiers. Pour prendre l?ascendant psychologique, il a fallu franchir un cap.

As-tu déjà en tête un projet en direction des gardiens lorsque tu auras mis un terme à ta carrière ?

Je ne sais pas encore précisément. Mais bien sûr j?aimerais redonner tout ce que j?ai appris, en faire profiter de jeunes gardiens. Je reçois souvent des messages où on me demande des conseils. Sans les voir jouer c?est difficile de répondre et de donner des conseils techniques?

T?arrive t-il encore de penser, dans ta préparation de match, à des conseils de tes entraineurs ?

Tout au long de ma carrière, on m?a distillé des conseils. Tous les entraineurs que j?ai côtoyés m?ont aidé. Je ne peux pas citer un exemple précis mais un conseil donné il y a 15 ans peut resurgir. C?est spontané.

Bientôt 38 ans et une forme physique éclatante. Quel est ton secret ?

Le travail, beaucoup de travail quotidien notamment au niveau physique avec des assouplissements et des étirements afin de conserver de la souplesse. Ce poste permet de durer plus longtemps à condition de se maintenir parfaitement en condition. C?est un poste où la maturité se situe autour de 28-30 ans. La science du placement, la lecture du jeu? et l?expérience acquise te bonifient dans le temps.

Le risque d?usure mentale existe, non ?

Je me sens vraiment très bien et mentalement aussi ! Je prends beaucoup de plaisir avec cette équipe, j?ai envie de continuer et de profiter de mes dernières années. Nous avons encore vécu une aventure extraordinaire pendant cette quinzaine à Doha et je suis très heureux de faire partie de cette formidable équipe. De beaux objectifs se présentent à nous avec les Jeux de Rio puis quelques mois après le Mondial en France.