Valérie Nicolas n’a plus manqué un Mondial depuis 1997. Championne du monde en 2003 (élue meilleure joueuse de la compétition), la Bretonne a mis fin à sa carrière internationale après les Jeux de Pékin et embrayé sur une carrière de consultante TV : elle commente désormais pour le groupe beIN Sports.

Hej Valérie : tu as passé cinq saisons à Vyborg puis à Ikast, le Danemark, c?est un peu ta seconde maison, non ?

Oui en effet, c?est un come-back. Ça fait toujours plaisir de venir ici même si Kolding n?est pas ma ville, c?est plutôt celle de Nodji (Myaro). Mais c?est un petit pays où tout est proche. J?aime cette ambiance avec les décorations de Noël. Il faut s?habituer à la luminosité à cette période qui n?est pas si différente de l?Est de la France. Ce n?est pas trop mon truc de dîner à 18h mais j?ai appris la culture de ce pays que j?apprécie et où le respect est un art de vivre.

Te souviens-tu de tes motivations lorsque tu as rejoint le Danemark en 2003 ?

Nous avions réalisé un quadruplé avec Besançon. J?avais besoin d?aller voir ailleurs, cela correspondait à un moment de ma vie. Je n?étais pas motivée par l?aspect financier mais par l?ambition de gagner des titres et notamment la Ligue des Champions. Leïla Lejeune était arrivée la saison précédente et elle avait contribué à mon intégration. J?ai aussi fait des rencontres sympas et pas seulement dans le milieu du handball. J?ai des potes que je revois encore aujourd?hui.

En quoi ton arrivée au Danemark a t?elle contribué à te rendre meilleure encore lors du Mondial 2003 ?

Franchement, c?est difficile à dire. J?ai vraiment apprécié la complicité avec l?autre gardienne et l?entraîneur spécifique qui nous était dédié. C?était vraiment top. Plus généralement, les joueuses sont plus responsabilisées au Danemark avec plus d?autonomie et de réflexion sur le jeu. C?est avec Thomas Ryde, l?actuel entraîneur suédois de la Roumanie, que nous avons remporté la Ligue des Champions.

Quel est ton regard sur les gardiennes de l?équipe de France ?

J?avais choisi Amandine Leynaud comme filleule lors de la 2e édition des Etoiles du Sport en 2003. Je la connais depuis longtemps et nous avons joué ensemble en équipe de France. Elle est actuellement au top dans tous les secteurs de jeu : elle prend de la place, elle est intelligente et elle lit bien les balles. Je n?ai que des compliments à lui faire. Je ne lui dis pas directement pour ne pas lui mettre la pression mais j?ai envie qu?elle termine meilleure gardienne du Mondial car elle en a la capacité. Elle est humble, c?est une fille bien. Je suis aussi l?évolution de Laura qui est plus jeune. Pour une fille de 22 ans, je la trouve mature et ce qu?elle propose est déjà est très bon, dans un style différent de celui d?Amandine. Elle doit encore progresser mais elle va dans la bonne direction. Je pense qu?elle sera forte aussi.

Avant chaque match de l?équipe de France, tel un rituel tu échanges avec Alain Portes et Philippe Carrara?

Cela fait partie de la préparation des matches et parce que j?aime ça. J?aime bien écouter leurs réflexions. Il y a plein de choses que je sais mais que je ne dis pas à l?antenne et réciproquement sur d?autres équipes avec lesquelles je suis en relation.

Après 7 années au micro du groupe Canal +, tu poursuis ta carrière de consultante sur beIN Sports?

Cela fait plaisir de continuer. C?est un moment de l?année favorable au regard de mon travail (NDLR : chargée de l?événementiel sportif à la Ville de Nice). Mais ce ne sont pas des vacances car le rythme est soutenu, c?est H24 ! Avec Xavier Hamel, dès le premier match à Roanne, nous avons trouvé notre rythme, le bon tempo.

Te censures-tu dans ton rôle de consultante ?

Franchement je ne me pose pas ce type de questions. Il faut être honnête et dire les choses, en y mettant les formes. Cela ne me pose pas de souci de valoriser les performances et de noter aussi les difficultés lorsque une fille est en échec. Lors du dernier match, Amandine a été brillante et sa statistique a légèrement baissé en 2e période, tout en restant excellente, nous l?avons relevé avec humour. J?aime bien brancher.

Comment prépares-tu les matches à commenter ?

Je me documente et je recherche des infos. J?échange avec des potes des autres équipes. Comme je comprends la langue, je consulte les médias nordiques. C?est bien d?arriver au poste commentateur en ayant des billes même si on n?utilise pas tout. Pendant le match il faut s?adapter lorsqu?une équipe passe par exemple d?une défense aplatie à une défense étagée.

Après deux jours de compétition, quelles tendances se dégagent selon toi ?

Dans le groupe A, hormis Monténégro-Serbie, il n?y a pas eu de grosses confrontations. Le groupe B me paraît plus faible alors que les groupes C et D sont plus costauds. La Russie confirme son retour avec sa victoire sur la Norvège. Pour l?équipe de France quoiqu?il arrive, le huitième de finale sera compliqué. En ce sens, les matches contre la Corée-du-Sud ce lundi puis le Brésil vendredi sont importants.

Depuis deux ans tu interviens auprès du pôle à Nice? Te destines-tu à une carrière d?entraîneur ?

Chaque lundi, j?anime en effet un entraînement avec les quatre gardiennes du pole. Après ma carrière, j?ai eu besoin de couper, de mettre un peu de distance avec le handball mais je savais qu?un jour j?aurais envie d?y retourner. Je ne me vois pas replonger à 100 % dans le handball mais des missions ponctuelles me procurent de l?équilibre.

Justement, il se murmure que tu pourrais faire partie de l?équipe technique chargée de développer le Beachandball ?

Je connais bien l?univers pour avoir beaucoup fréquenter la bande qui a développé le Sandball. L?été dernier j?étais présente à Angoulême pour une étape du Sandball Tour. Il y a en effet un projet de monter une équipe de France compétitive pour 2017. Le projet se met en place et je devrais m?impliquer pour dénicher des joueuses, mettre en place et organiser le fonctionnement de l?équipe, sous l?égide de la Direction Technique Nationale.