Exactement trois mois après son opération du ménisque, la doyenne des Femmes de Défis (32 ans) confie ses doutes et ses souffrances qui ont précédé son retour en équipe de France. Face à l?Allemagne samedi soir (victoire 30-20), elle a livré une prestation solide (22 minutes) en ouverture du Mondial.

Le 6 septembre dernier, Nina subissait une arthroscopie du genou gauche, sous anesthésie générale. « En fait il y avait un peu plus de travail que le ménisque. » La Lionne avait réalisé une bonne préparation estivale avant de sentir son genou grincer. « J?avais de bonnes sensations et mon genou s?est bloqué, en marchant. Je souffrais et j?ai dû me résoudre à l?opération. Peu après j?ai contracté un ?dème puis après ma reprise j?ai subi une visco-supplémentation. » Puis vient le temps de la rééducation, des séances avec le kinésithérapeute, en piscine, sur un vélo, et les larmes? «Au début, tu es comme une enfant qui réapprend à marcher. La nuit j?avais peur aussi de bouger dans mon lit?Pffff. Je remercie vraiment Gallien Collarelli qui m?a bien fait travailler et sans lequel je ne serais pas là aujourd?hui. J?ai aussi sympathisé avec les patients du Kineos de Metz, je mettais de l?ambiance. » Aussi plus disponible pour son fils de 5 ans ½, Nina a apprécié cette période contrainte… sauf les jours de match. « J?étais très frustrée de ne pas pouvoir aider les filles d?autant qu?il y a eu des matches un peu chauds. » Lors de la réception d?Issy-Paris au Palais des Sports de Gentilly à Nancy, elle s?improvise speaker et ose même un « Ici c?est Metz ». « Cela m?a fait du bien car j?ai eu l?impression d?être la huitième joueuse. »

Retour le 24 octobre.

« J?ai connu des hauts et des bas. J?ai repris l?entraînement le mercredi précédent le match à Besançon. Jérémy Roussel m?a fit qu?il me mettait dans le groupe. » L?entraîneur messin l?a ménage avec deux apparitions de 10? environ face à l?adversaire historique? « Ce soir là j?ai été très touchée par l?accueil du public. » Après une prestation plus délicate à Mios, la capitaine messine retrouve peu à peu ses repères. « Annabelle Chabanel (NDLR : préparatrice physique de l?équipe de France) prenait des nouvelles et m?envoyait des séances de travail. Il y a eu aussi Olivier Krumbholz, mon bourreau, venu filer un coup de main à l?entrainement et qui m?a rassuré. »

L?Ascenseur émotionnel

« Face à Fleury-Loiret, un vrai gros test aux Arènes, je me sentais vraiment bien et je fais un super match face à Gionsiane Niombla et Barbosa. Ceux qui étaient en rééducation chez Kinéos sont venus et ont déployé une banderole. J?étais galvanisée et puis j?ai vu Alain Portes et Philippe Carrara qui m?ont appris qu?ils ne me prenaient pas pour la préparation. Je ne m?y attendais pas d?autant que je sortais d?un gros match. J?en avais gros sur la patate, aussi pour tous ceux qui m?avaient accompagné. » Et Nina de poursuivre : c?était un peu une façon de me dire ciao. J?ai ressenti beaucoup de frustration car c?était ma récompense après tant d?efforts. Même si tu te dis qu?après l?équipe de France la vie ne s?arrête pas, tu ne l?as pas anticipé. »

Noa décroche

Tandis que l?équipe de France séjourne à Meudon, Nina organise le vendredi précédent le Tournoi Razel-Bec Paris Île-de-France, une soirée jubilé. « J?ai invité individuellement plusieurs amis qui ne savaient pas qu?ils se retrouveraient, Bertrand François, Isabelle Wendling, Sonia Cendier… On a évidemment passé un super moment » Le lendemain, le face-à-face du petit-déjeuner est interrompu par un coup de fil. Noa est le plus prompt sur le portable. L?appel est pour sa maman. « Lorsqu?Alain me demande de venir. C?est un peu la panique, mon mari n?est pas là. En fait je n?ai pas réalisé pas et mon fils me dit : « tu vas repartir, je le savais. » Il a les larmes aux yeux et franchement j?ai hésité à partir. Je n?étais pas dans l?amertume mais je n?étais pas dans le truc. Ce jour là, nous avions prévu de faire un tour sur la grande roue du marché de Noël à Metz. Je demande à Alain un peu de temps pour m?organiser, en parler avec mon mari, réorganiser le planning familial des semaines à venir. »

« Mon rôle de Didier Dinart »

La Messine sautera dans le premier TGV le dimanche matin pour rallier Paris et effectuer sa rentrée face à la République tchèque. « J?ai arrêté de réfléchir, évidemment une sélection ne se refuse pas. » La Lionne a retrouvé sa place au c?ur de la précieuse défense tricolore : « J?essaie de ne pas le montrer mais j?ai besoin de beaucoup me concentrer et je suis dans une remise en question, une évaluation permanente. » Et d?analyser sa performance face à l?Allemagne pour sa 215e sélection (401 buts) : « C?était bien en 1e mi-temps, j?ai fait mon TAF. Il faut que je m?habitue à mon rôle de Didier Dinart (rires). Les filles me portent bien et m?encouragent. Franchement au niveau du groupe, c?est propre. »