Avec 28 buts depuis le début de la compétition (7 matches), Michaël GUIGOU pointe à la 1e place des buteurs parmi les Experts. Considéré parfois à tort comme l?homme des phases finales, celui qui a fêté hier ses 33 ans est rayonnant à tous les endroits du terrain. En défense, en contre-attaque, sur l?aile, au centre, à la passe ou au tir Mika est indispensable.

Michaël GUIGOU est un artiste mais Michaël GUIGOU est un altruiste. La preuve, quand il raconte ce qu?il préfère sur un terrain de handball : « Là où je prends le plus mon pied c?est en faisant une belle passe décisive. L?un de mes plus beaux souvenirs, c?est la première attaque en prolongation de la finale du Mondial 2011 contre le Danemark : en infériorité numérique, on trouve la combinaison extérieure avec Luc [Abalo]. J?en suis fier même si le public ne se rend pas forcément compte de ce genre de geste. »

Au basket, il serait meneur de jeu. Il rigole en pensant que l?on fait référence à sa taille [1,79 m]. Un peu, mais pas seulement. « On me dit souvent qu?il y a du basket en moi. J?adore la NBA. Avec Luc, on en regarde souvent. Une année, avant le tournoi de Bercy, on s?en était inspiré pour s?envoyer des passes dans le dos, des kung-fu. Ce n?est pas pour la galerie : il faut faire des gestes qui surprennent l?adversaire. » Ses appuis, ses changements de direction, sa vitesse? « On a toujours mis en avant ces qualités chez moi. » GUIGOU n?a pas oublié ce reportage vu à la télé sur Tony PARKER et son entraîneur particulier à San Antonio qui lui fait travailler la fin de son mouvement du poignet pour éviter de se faire contrer.

À Montpellier, il n?est pas rare de le voir déserter son aile gauche pour se positionner à la man?uvre. « Je l?utilise aussi comme demi-centre car Mika a des aptitudes pour jouer là grâce à son centre de gravité très bas, sa rapidité et son dribble à deux mains. Il est très adroit avec le ballon », détaille Patrice Canayer, son entraîneur de club, assis dans les tribunes d?Al-Sadd contre l?Argentine, lundi soir.GUIGOU a beaucoup travaillé à l?entraînement. Très jeune. « Quand on joue au hand entre gamins, c?est la défense tout-terrain. Cela m?a amené à dribbler pour éviter mes adversaires. Certains demi-centres sont capables de déborder en force, je passe davantage en vitesse. J?avais des facilités mais je n?ai jamais cessé de bosser mon physique, ma montée de balle, la stratégie en infériorité numérique », énumère-t-il.

Ce grand fidèle de 32 ans, qui porte le maillot de Montpellier depuis 1999, a une grosse tête pour retenir le maximum de données sur son adversaire direct à chaque rencontre. « Avant la Suède, par exemple, on avait noté que c?est l?arrière droit qui faisait le changement. Or, il jouait à l?opposé du banc, ce qui est un problème pour lui. Je savais aussi que je serais face à un joueur [Niclas Ekberg] que je pourrais prendre de vitesse. Effectivement, je l?ai senti rapidement en panique, j?avais de l?espace. »

Orphelin pour ce Mondial de son complice Luc ABALO, le droitier montpelliérain s?est trouvé des affinités avec Valentin PORET. « Samedi, on s?est compris sur une feinte qui m?a permis de partir sur le côté puis de revenir vers l?intérieur complètement libre. Valentin m?a vu, j?ai fait le demi-tour et obtenu le penalty. Ce sont des mouvements qui réclament un vécu commun. » Sans oublier que le traitement de choc réservé par tous les adversaires à Nikola KARABATIC fait son bonheur. « Qu?ils continuent de prendre Niko en stricte, ça me laisse beaucoup de possibilité s», sourit avec gourmandise le double champion olympique.