Les Experts ont déjà affronté le pays hôte lors d?une finale mondiale : en 2009 à Zagreb, il s?imposaient face à la bande à Ivano BALIC pour remporter le 3e titre mondial. Ils peuvent aussi s?appuyer sur leur succès l?an passé à Herning face au Danemark en finale de l?Euro, leur prestation la plus aboutie à ce niveau. Ce dimanche l?affiche est inédite avec un pays hôte qui n?a jamais fait mieux qu?une 16e place (en 2003) en quatre participations. Si l?accession du Qatar en finale est une énorme surprise ? on lui promettait d?atteindre les quarts de finale ? le petit état du Golfe-Persique est devenu en 2014 champion d?Asie sous la férule de Valero RIVERA. Le technicien espagnol a rassemblé et fédéré des joueurs venus de sélections concurrentes (dont Bertrand ROINÉ champion du monde avec l?équipe de France en 2011) et a réussi une alchimie peu commune en hissant son équipe à un tel niveau de compétitivité.

Son équipe est bâtie autour de joueurs formés à l?école des Balkans (Monténégro et Bosnie), mais il a aussi convaincu un Cubain, un Espagnol, un Tunisien? Valero RIVERA dispose d?un effectif expérimenté qui apparaît comme – étonnamment – investi d?une mission. La main sur la poitrine, elle entonne l?hymne du pays avec une émotion palpable. Cette équipe fait corps, tel un club, et ne peut pas être seulement considérée comme une addition de mercenaires ou d?opportunistes. Une équipe aussi capable d?élever son niveau de jeu pour maîtriser des gros calibres de la scène internationale : en quarts l?Allemagne sortie première du fameux groupe de la mort et en demies la Pologne qui avait éliminé coup sur coup la Suède et la Croatie. Le Qatar a logiquement bénéficié d?un soutien massif d?un public bon enfant et sa place en finale est légitime au regard de son parcours à Doha.

Ce sont ces éléments qui vont guider Claude ONESTA dans la préparation de cette finale, plus que l?unique opposition entre les deux pays : victoire tricolore 29-22 l?an passé au Mans, lors de la 2e étape de la Golden League 2013-2014. « L?environnement est particulier et beaucoup de choses seront contre nous. Il faudra garder de la lucidité et ne pas s?affoler dans ce contexte. » Et le patron des Experts de pointer l?absence de statut de son adversaire : « C?est un match franchement difficile à préparer. Inconsciemment on ne sait pas si c?est une véritable équipe, si elle est forte ou pas avec parfois un niveau de jeu élevé. Au contraire la demie face à l?Espagne était très facile à préparer : les joueurs étaient mobilisés face à un tel adversaire. » Les Experts évoquent unanimement une préparation minutieuse face à une équipe euphorique. Ils se méfient de cette adversité inhabituelle et se gardent bien de tout sentiment de supériorité malgré une demi-finale qui a démontré leur solidité défensive et leur maîtrise des matches couperets. Des qualités indispensables pour contenir, entre autres, la fougue de Zarko MARKOVIC avec déjà 60 buts inscrits sur 111 tirs (soit au vue de son temps de jeu, une tentative toutes les 3?30s). L?attaque tricolore devra se frotter à Bertrand ROINÉ surtout utilisé en défense et au duo de gardiens issu des Balkans, notamment Danijel SARIC, le gardien du FC Barcelone !

Avant de songer à l?étoile supplémentaire qui viendra compléter la tunique tricolore, il reste au moins 60 minutes à jouer. 60 minutes pour décrocher un 5e titre, 60 minutes pour prendre le billet direct vers les J.O. de Rio de Janeiro, et 60 minutes pour faire plier la sélection du Qatar. Claude ONESTA l?a rappelé hier lors de son passage à l?Ambassade de France « Parmi les joueurs, sept n?ont jamais disputé de finale mondiale. Il faut prendre conscience qu?ils vont vivre un moment particulier et il faut les accompagner. » Igor ANIC, Cyril DUMOULIN, Luka KARABATIC, Kentin MAHÉ, Kévynn NYOKAS, Valentin PORTE et Mathieu GRÉBILLE (blessé) s?ajouteront à la longue liste des champions du monde français depuis les historiques barjots sacrés il y a tout juste 20 ans, à une époque où le handball n?avait pas encore investi les gymnases du Qatar. À condition de valider le parcours sans faute entamé le 16 janvier face aux Tchèques.