Dans exactement 20 semaines, s’ouvriront les Jeux de Paris 2024 et l’entrée en lice des équipes de France championnes olympiques en titre. Avec les 50 nuances de Jeux, nous désirons vous faire revivre, chaque semaine, les épopées de l’équipe de France au travers de huit olympiades, de Barcelone 92 avec la première médaille décrochée par les Bronzés de Daniel Costantini, jusqu’à Tokyo où les deux collectifs se sont parés d’or. Des histoires singulières, des anecdotes, des portraits, des coups d’arrêts aussi où pendant trois éditions (1996, 2000 et 2004), le handball français rongeait son frein pour mieux briller à Pékin et à Tokyo, en passant par Londres et Rio. 31e épisode avec « Les comptes d’Andersen ».

SYDNEY 2000 – FEMMES
Les comptes d’Andersen

Les délicieuses senteurs de Norvège se sont pour la plupart évaporées, mais celles d’Hamar demeurent enivrantes. Leur émanation, à l’approche de ce quart de finale, agit peut-être comme une source d’inspiration, ou alors un réconfort. Les rebelles de décembre ne sont plus aussi mutines sous ce climat subtropical, et elles s’attendent, bien sûr, à des représailles, une riposte mordante. Mais elles ont la foi et comptent bien regarder à nouveau les tenantes du titre dans les yeux.

Pourtant, à peine le coup d’envoi sifflé par Branka Maric et Zorica Gardinovacki, les Danoises mènent déjà 5-1, lancées par Tonje Kjaergaard et Mette Vestergaard, maîtresses du jeu. A la pause, les Françaises accusent un retard de cinq buts (8-13), conséquence inéluctable de maladresses et de négligences. Elles possèdent alors la plus mauvaise attaque de ces Jeux olympiques si l’on excepte, bien sûr, celle des amatrices australiennes, et elles balbutient, encore. Toujours. Nodjialem Myaro est la seule capable d’entretenir un espoir ténu mais, jusqu’à la 50e minute, le match est à sens unique, comme un blâme, une torture. « J’ai toujours aimé affronter cette équipe, avoue Nodjialem Myaro, sa défense alignée correspondait à mes qualités. Nous étions, c’est vrai, en difficultés, mais j’ai le souvenir que nous avions fini par les déstabiliser un peu, la victoire au Mondial nous avait, en tout cas, décomplexées. »

Revenues à un but (19-20) avec toute leur force d’âme, les Bleues semblent soudainement revivifiées, mais l’instant d’après les précipite dans ce même chaos (19-22). Elles s’agrippent alors, égalisent enfin, finissent même par arracher la prolongation des mains de Sandrine Mariot-Delerce. « Je ne me souviens pas vraiment des conditions du but de l’égalisation, soupire la capitaine, mais je me souviens très bien, par contre, d’un tir que Lene Rantala m’avait détourné et qui aurait pu faire la différence. Rantala avait été très bonne ce jour-là et je me suis toujours dit que c’est elle qui nous avait privé de demi-finale. » « On sortait de tellement de galères, rumine Olivier Krumbholz, que ce résultat, en dépit de la frustration, pouvait néanmoins être apprécié à sa juste valeur. »

Ces dix minutes supplémentaires sont effectivement de trop. Les jambes sont lourdes. Les Danoises averties. C’est bien sûr Camilla Andersen qui se charge de la sentence. A vingt-sept ans, la meneuse scandinave est au sommet de son art. Elle inscrit quatre des cinq derniers buts. Trois des quatre de la prolongation plus cette offrande à sa complice Anette Hoffmann-Moberg. Le rêve de médaille s’envole. En conférence de presse, Nodjialem Myaro apparaît dépitée. « Je l’étais, parce que j’étais convaincue, et je le suis encore aujourd’hui, qu’il y avait la place pour passer. Olivier m’avait trouvé dure avec nous-mêmes. Mais il manquait tellement rien… »